jeudi 26 avril 2018

Zohar- Kedoshim



Zohar Kédochim 5778


« Lorsque Dieu a créé le monde, il a voulu révélé les profondeurs de sa lumière par l'obscurité. Pour cela, il a inclus la lumière et l'obscurité, l'un dans l'autre. Et ainsi par cela, de l'obscurité, la lumière a pu se révéler, du bien se révèle le mal, la bonté engendre la rigueur car tout est imbriqué l'un dans l'autre, le bon penchant et le mauvais penchant, la droite et la gauche, Israël et les autres nations, chacun dépendant de l'autre.» Il y a une symétrie qui se révèle au moment de la création.
Une controverse est née entre Rashi et Ramban sur le verset « vous serez saints car moi Hachem, je suis saint».  Pour entrer dans la sainteté, il faut tout d'abord se séparer, s'éloigner de l'interdit. Alors que pour le Ramban, la sainteté ne se trouve que dans la permission. Ce n'est pas un rejet de la matérialité mais une retenue vis à vis d'elle. Prendre de la matière ce qui nous ai profitable et non être assujetti à elle, ''être saint'' veut dire ''empêcher la domination du corps sur l'âme''. C'est ce qui semble ressortir de l'explication du Zohar que nous venons de lire. Il faut arriver à utiliser le monde et non être avalé par lui, c'est cela la sainteté.
 Selon le sens caché de la Torah, être saint ne veut pas dire ''se séparer'' mais au contraire ''s'unir''. Il y a une différence pour le Ramh'al entre le pur et le saint. Le pur ressent les besoins de ce monde (manger, boire, dormir, travailler...) comme des obligations qu'il faut annuler le plus possible alors que le saint est celui qui ressent les besoins de ce monde comme des Mitsvot, des moyens de s'unir à Dieu, un simple acte matériel se transforme alors en acte saint. Le Zohar dit explicitement que du bien sort le mal car la source du mal n'est que bien et ce n'est que dans sa forme superficielle qu'il apparaît comme mal. De Avraham est sorti Yshmaël, de Ytsh'ak est sorti Essav! Le Zohar explique que le monde est comme une couronne recouverte d'un tissu. La couronne est le niveau le plus saint où la dualité ne se perçoit pas encore et qui est recouverte d'un tissu qui est cette dualité de la création. En profondeur, la création est UN et ce n'est que par la dissimulation de cette unité que va se révéler la dualité des opposés. La sainteté est de faire de la matière, un véhicule à l'âme et à la présence divine. Celui qui se prive de ce que son corps a besoin est peut être pur mais il n'est certainement pas saint. Le Zohar explique que du mal, nous pouvons en extraire le bien. Il y a deux sortes d'envies de ce monde, il y a l'envie qui est engendrée par les yeux et les autres sens, par l'arbre de la connaissance qui est une envie qui sépare l'homme de sa source et il y a l'envie engendrée par l'arbre de vie qui est une envie de s'unir à lui. Il y a une envie dans l'universalité et une envie dans la singularité. Le mauvais penchant est dans l'envie singulière, dans l'universalité, le mal ne peut s'exprimer. Le serpent veut séparer l'homme de sa source. Celui qui s’inclut dans l'universalité de la création, entre dans la couronne où le mal n'a pas de prise. Il ressent cette lumière englobante qui ne l'a jamais quitté en vérité car ce n'est que parce qu'il se trouve dans cette vision singulière qu'il ne saisit pas la globalité de la réalité, il se trouve alors dans un labyrinthe et il ne trouve aucune issue pour s'en échapper. Dans toute chose, il y a le bien et le mal et même dans la Torah comme il est dit ''la Torah est un élixir de vie pour ceux qui craignent Dieu mais aussi un poison pour les mécréants''! Mais en profondeur, il n'y a qu'une seule couronne, un seul niveau où le bien et le mal ne se révèlent pas en tant qu'opposés mais au contraire, allant dans une même direction, un même but qui est la révélation divine de son unité parfaite. L'homme qui ne veut que parfaire sa singularité, qui refuse de se fondre dans la globalité de l'univers, et qui refuse de s'annuler, c'est à ce moment que le mauvais penchant peut s'exprimer. Le juif de manière générale, se suffit de ses Mitsvot, de ses bonnes actions et de sa Torah qui vont lui amener une paix intérieure particulière et singulière. Mais derrière cette conduite particulière, il y a une conduite universelle dirigée par Dieu qui va amener la création toute entière à sa perfection. Ces deux conduites (particulière et universelle) se construisent en parallèle. Il y a donc deux réparations qui sont en train de se faire et donc deux perceptions des événements qui nous sont proposées. Il n'y a aucune contradiction dans le monde car cette dualité n'a qu'une même et unique source. Toute la création doit arriver à la Kédoucha, à la sainteté, à l'union des opposés.


Rav Mordékhaï Chriqui 
Retranscription Rav Michael Smadja

Publie par la Source des sagesses
Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/

Vous appréciez ce site et voulez soutenir mon travail ?
Vous pouvez contribuer à la continuité de ce site en faisant un Don libre par PayPal, ....
Avec toute ma gratitude

mardi 24 avril 2018

Les 3 dimensions - espace-temps-être



Entretien informel avec le Rav Chriqui

En Hébreu, les expressions ''existence'' et ''réalité'' sont définis par le même mot ''Métsiout''. La réalité telle que nous la percevons, exprime t-elle réellement l'existence? 
Pour comprendre le sens de notre existence, faut-il s'attacher à quelque chose de particulier dans ce monde où la réalité telle que nous la vivons, serait suffisante ou bien il y a une dimension qui nous échappe?
 Dans cet optique, il est impossible alors de comprendre le sens de l'existence car la réalité que nous percevons, ne nous permet pas de comprendre le véritable sens de la vie car celle-ci est une sorte d'écorce que nous fabriquons pour nous protéger du monde extérieur. Cette écorce, Klippa, peut alors devenir toxique pour l'âme humaine, l'homme ne faisant que survivre dans ce monde au lieu de rechercher le véritable sens de la vie. Cette écorce devenant sa propre prison.

Il y a trois dimensions qui expriment la réalité: ''Olam-Chana-Néfech'', ''espace-temps-être''. 

Chaque Nation a un espace de vie sur terre. Cet espace va déterminer le peuple. Au contraire d'Israël qui n'a pas de territoire comme dit le prophète: ''Dieu donne au peuple d'Israël un héritage des nations''. 
Dieu a libéré les hébreux afin de conquérir une terre!
 La liberté ne peut s'exprimer par cet acte de conquête! 
Dans le désert, par quoi s'est définie la notion de ''liberté''?
     Par le fait que le désert lui-même exprime l'illimité. Il n'y a pas de limites qui puissent le contenir, le ciel et la terre s'unissent à perte de vue. Tout événement de ce monde, toute créature, tout objet, a sa correspondance dans les mondes spirituels.
 Dans la Kabbale, il est expliqué qu'il y a deux forces qui s'unissent (les lumières de MA et de BEN) pour créer tous les principes premiers, toutes les forces qui sont à l'origine de tout qui sont appelés les ''Partsoufim'', les ''visages de Dieu''. De ces visages, vont se révéler toutes les créatures mais aussi tous les événements. Israël n'est pas lié réellement à un espace car il y a un principe au delà de l'espace
En vérité, c'est la poussière de la terre qui construit le corps de l'homme ''ADAMA'' la terre et ''ADAM'' l'homme. La terre alors influence le corps mais aussi l'esprit de l'homme. Mais en vérité, l'esprit a le pouvoir de dépasser son influence. Au moment de la création, il est écrit « et Dieu prit de la poussière de la terre pour modeler l'homme» pour lui donner une forme qui dépasse toutes les créatures. Il lui donne la forme suprême et divine. C'est la forme la plus parfaite de la création. Cette forme va faire découvrir à l'homme sa véritable réalité. 

Qu'est-ce qui détermine la façon d'être de l'homme? 
C'est une autre dimension qui est le temps. Par le temps l'homme perçoit les choses de manière expérimentale et ainsi se transforme de manière significative. Le temps présent détermine et influence le caractère ou au moins la volonté et le désir de l'homme. La dimension du temps est particulière dans le judaïsme. Israël n'est pas construit selon les vicissitudes du temps. Ce n'est pas le temps comme la terre qui influence l'existence même du peuple juif. Le temple ne s'est pas inscrit dans la durée, dans le temps. Ce qui forme et fonde le peuple d'Israël en tant que peuple, est le temps uniquement et non l'espace-temps. Le peuple juif va alors agir sur le temps. 
En s'attachant aux vicissitudes du temps, on ne peut se libérer et comprendre qui est au-delà du temps et de l'espace. 
Nos idées aussi pures qu'elles soient, si elles sont liées au temps, ne pourront s'élever et atteindre leur véritable réalité. Et c'est cela le véritable culte de l'idolâtrie. 
Qu'est-ce qui peut alors nous faire percevoir notre réalité? 
Qu'est-ce qui peut donner un sens à notre existence? 
La majorité des Mitsvot ne sont construites qu'à partir du temps. Une minorité des Mitsvot est basée sur la terre d'Israël. 
La première lois est au moment de se lever du lit le matin: ''réveilles toi comme un lion'' pour le service de Dieu. Et les lois se multiplient au sujet des actions de l'homme dans le temps. Cela ne parle pas de l'agriculture, des fruits de la terre qui sont des notions très importantes dans le judaïsme. Le livre des règles du judaïsme parle de la vie juive dans le temps: le Shabbat et les jours de fêtes....ce code légifère la vie de l'homme dans le temps, du matin jusqu'au soir. Les prières elles-mêmes sont liées au temps. Pour cela, les sages sont appelés les ''bâtisseurs du temps''. Ils fixent même le moment de la naissance de la lune qui va elle-même définir beaucoup de choses dans la loi.

 Car en vérité, il y a un troisième axiome qui va intervenir dans la constitution du code hébraïque qui est l'Etre.
Le jour de Kippour tombe le 10 Tichri mais est-ce le temps qui engendre ce jour ou le contraire? 
Le temps peut avoir deux dimensions, le temps lié à l'espace et le temps divin en dehors de l'espace. En vérité, l'homme peut sortir de ce temps humain ou plutôt il peut se soustraire de son influence.
Il y a l'Etre primordial, l'Etre de tous les Êtres, l'être premier qui donne l'existence à tous les êtres qu'ils soient de l'ordre de la formation, de la création ou de l'action, à toutes les âmes, à tous les anges et à tous les êtres de ce monde. L'être dépasse l'espace et le temps. Il n'est pas ce que nous appelons les créatures. L'homme se définit en fait par le souffle de Dieu et non par sa disposition dans l'espace-temps. 
L'homme fait-il parti du programme de l'espace comme les étoiles et les luminaires ou bien est-il hors programme?
 En fait, il y a un homme après la faute originelle et un homme avant la faute originelle. Après la faute, l'homme est attiré par quelque chose qui est liée à l'espace. Il rentre alors dans la dimension de la nature comme le prophète proclame «l'homme ressemble à la bête».
 L'homme rentre alors au niveau de l'animal, il a les mêmes envies, les mêmes désirs. Il a cependant un intellect en plus qui le rend plus sophistiqué. Mais il a rabaissé cette intelligence, au lieu de comprendre par celle-ci l'au-delà, d'aller au delà du temps qui le détermine, il va s'enfermer justement dans ce temps par le moyen de ses propres envies.
L'homme avant la faute, est attaché à l'infini car il est dans la voie de l'arbre de la vie éternelle. Il est alors en dehors de toutes les influences extérieures de ce monde qui en elles-mêmes sont très attirantes. L'arbre de la connaissance du bien et du mal, est à la limite du jardin d'éden. Il forme la frontière du paradis. À l'intérieur de ce paradis, l'homme se trouve dans une dimension de l'infini où il n'y a pas de différenciation bien qu'il y ai une élévation d'un degré à l'autre. Il n'y a pas de situation de stagnation horizontale.
 Dans l'espace-temps, nous sommes dans un niveau corporel où l'esprit est enfermé. Alors que dans sa nature, l'esprit est voué à s'élever et non pas à végéter dans cette dimension qui en fait n'est qu'une prison pour lui

Cet espace-temps est le véritable contour de l'exil. Ce qui peut permettre à l'homme de sortir de cet exil, est cette inter-face qui va relier l'infini au fini, le Moshé, le sauveur des temps futurs. 
C'est le Messie qui va relier le bas et le haut, l'espace-temps et l'être supérieur. Car notre être dans ce corps est soumis au temps et à l'espace, à notre père et notre mère, à l'endroit qui nous définit. Il y a quelque chose dans l'être qui est indéfini par l'espace et le temps et qui n'est défini uniquement par l'être premier. C'est ce que les sages appellent la ''Néchama'', l'âme divine.
 Cette âme est venue dans un corps particulier, dans un temps particulier. Seul, celui qui dépasse cette dimension d'espace-temps, peut percevoir cette âme divine.

Cet espace-temps est représenté par Yshmaël et Essav. Ces deux enfants sont issus de la maison de Avraham, Yshmaël son fils, représente la droite et Essav le fils de Ytshak, représente la gauche. Yaacov l'autre fils de Ysthak, représente le Tiphéret, la colonne centrale qui relie la gauche à la droite, qui relie la rigueur à la bonté. 
Lorsque Dieu crée l'arbre de la connaissance et par cela, le savoir du temps et de l'espace, c'est pour le soumettre. Yshmaël est le désert, la pierre, l'espace car il veut conquérir tout ce qu'il peut conquérir. Le temps pour Yshmaël est complètement secondaire et au contraire, il veut l'anéantir et le refuse. En vérité, le temps et l'espace ne sont pas essentiels mais ils sont les moyens afin que l'homme rencontre sa vérité afin de réaliser sa fonction singulière, sa particularité dans la réparation du monde. L'union avec Dieu est la rencontre de l'espace-temps avec l'être qui va susciter l'expérience dans la manière dont il va surmonter ou trébucher dans les épreuves. 

L'être particulier ne peut s'exprimer ni dans le paradis ni dans le monde futur et ni dans le monde divin car à ce niveau, il est soumis à l'infini. 
La singularité de l'être ne peut se démarquer, se singulariser, se réaliser et se révéler qu'à partir d'une rencontre dans un espace et un temps.
 Ce sont les lumières de MA et de BEN qui vont permettre cette rencontre. 
Ce sont ces deux concepts qui fabriquent l'espace-temps. La dimension de l'être divin est de l'ordre des lumières de AB. Les justes reçoivent de suite ces lumières de AB et comprennent très vite leur mission sur terre. 
En principe à 13 ans, l'homme reçoit les grands cerveaux et perçoit sa responsabilité dans la réparation du monde. 
Le Ari Zal explique qu'à 13 ans, l'homme a fini son périple dans l'espace-temps et il passe à un niveau métaphysique où il reçoit les grands cerveaux qui révèle alors la singularité de son être. Il prend alors conscience de sa responsabilité au niveau universel de la création. La Néchama, l'âme est liée à cette universalité et le Messie fils de Yossef travaille justement sur la réparation universelle. 
Ce n'est qu'en comprenant notre rôle de manière universelle que nous pouvons comprendre notre identité dans l'être primordial. Et c'est au niveau de la RADLA, de la tête inconnaissable que Dieu a distribué les fonctions et les rôles pour compléter ensemble la perfection du monde. Celui qui ne se confine que dans une perfection singulière, ne peut atteindre cette perfection de l'universalité et de l'unité divine. Le rôle de l'homme se dévoile au moment où il épouse la conduite universelle et c'est ce que nos sages appellent la ''génération du Messie''. Le Messie est le promoteur de cette science. 

Le peuple d'Israël enferme l'éternité, il est le garant de l'éternité, il n'est pas dans la temporalité. Il a atteint le temps d'un autre niveau, du niveau de l'éternité. L'être alors s'exprime à travers l'espace-temps sans être affecté par celui-ci.

 Rav Mordékhaï Chriqui 
Retranscription Rav Michael Smadja

Publie par la Source des sagesses
Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/


Vous appréciez ce site et voulez soutenir mon travail ?
Vous pouvez contribuer à la continuité de ce site en faisant un Don libre par PayPal, ....
Avec toute ma gratitude