mercredi 31 janvier 2018

Tou be Chevat - le nouvel an des arbres 4

Tou Béchvat (cours n.4)

L e Talmud explique qu'il n'y a pas plus grand dévoilement de la fin des temps que le fait que la terre d'Israël donne ses fruits. C'est la preuve que Dieu revient vers son peuple et l'interpelle. Les fruits d'Israël seront alors les meilleurs du monde. 

Le troisième jour de la création, la terre n'a pas respecté l'ordre de Dieu car il y a une brisure. Et il y a alors deux sortes d'arbre. Un arbre qui est lui-même fruit et qui donne des fruits et une sorte d'arbre qui n'est pas fruit mais qui donne aussi des fruits. L'arbre-fruit est représenté par le juste dans le monde car il est lui-même fruit, il ne pense qu'à engendrer le bien pour les autres. Il en devient lui-même le bien, ce bien perdurant. C'est l'arbre de la vie. Mais il y a un fruit qui ne reste pas, c'est le fruit de l'arbre de la connaissance. C'est ce que demande Moshé aux explorateurs de la terre d'Israël: « dites-moi s'il y a un arbre?» Moshé leur demande de trouver l'arbre de la vie. Nous voyons que les fruits que les explorateurs ont rapportés n'ont pas dépéri après 40 jours de voyage dans la chaleur du désert. En ramenant ces fruits, les explorateurs rapportent la preuve qu'il y a l'expression de l'éternité dans la terre d'Israël. Pour cela, il y a une bénédiction spéciale sur les fruits de la terre d'Israël. Ce fruit de l'arbre de vie ressemble à son arbre, le fils ressemble au père.Nous pouvons comprendre l'ordre divin donné à la terre de faire sortir un arbre-fruit c'est-à-dire un fruit qui a les propriétés de son père, Z-A avec ses propres Moh'in qui sont épanchés par Abba et Ima. mais la terre a sorti un arbre qui sort des fruits, c'est-à-dire Z-A sans ses Moh'in issus de Abba et Ima. c'est la conséquence de la brisure des vases où les six Sephirot inférieures sont livrées à leur propre énergie sans contact avec le divin. L'éternité venant des Moh'in.

L'arbre-fruit est le Etrog, il correspond à la complétude. Le verset dit au sujet des enfants d'Israël: « vous êtes mes témoins» comme les cieux sont les témoins de l’œuvre de la création. Et en vérité les cieux et la terre ne peuvent subsister sans Israël car ils ne sont là que pour Israël. Et tant que Israël n'a pas reçu la Torah, la création était dans le chaos.

Une des Mitsvot liée à la terre est de ne pas profiter des fruits d'un arbre pendant ses trois premières années. La quatrième année, le fruit devient alors saint et la cinquième année, il devient profane et autorisé à être consommé. Pendant les trois premières années, c'est la Klippa qui prédomine. Pendant ces trois ans, l'arbre n'a pas de communication avec le ciel, il n'a pas un rapport avec sa source supérieure. Pendant ces trois années, il ne puise que des forces inférieurs (les six Séphirot inférieurs). Il ne peut puiser des flux supérieurs de ses Moh'in qui sont issus de Abba et de Ima. De même la femme après trois ans, a un changement hormonal. Mais à partir de la quatrième année, l'arbre va recevoir le flux divin qui lui est propre. La bénédiction précédant la consommation du fruit sert à connecter la matérialité du fruit, (la Klippa étant les six Séphirot inférieurs de Z-A) à ses Moh'in H'aBaD issus de Abba et de Ima. Il est enseigné que celui qui ne fait pas la bénédiction avant la consommation est comme s'il volait son père (Abba) et sa mère (Ima). Sans la bénédiction, il y a déconnexion de la matière et de sa source divine. Alors par la bénédiction finale, cette énergie qui s'épanche dans le fruit va pouvoir elle-même s'épancher vers l'extérieur. 

Le jour du 15 chevat, c'est la réparation de la faute du premier homme. Il a consommé de l'arbre interdit. La faute est venue de l'envie et la réparation va se faire au niveau de cette envie. Ce désir va être ramené à sa source première. Tout mal qui accompagne les créatures va alors retourner à sa source divine.

À l'époque du temple, il fallait amener les prémices des récoltes aux prêtres car le début n'appartient pas à l'homme, il appartient à Dieu. Toute action ne provient que de la Kédoucha. C'est la sanctification des trois niveaux de la création qui sont ''olam-chana-néfech'' ''l'espace-temps-âme''. Les prémices de l'espace est la terre d'Israël, les prémices du temps sont les Mohadim, les fêtes et le Shabbat et les prémices de la vie est Israël. Tout commencement doit provenir du divin sinon c'est la klippa qui se renforce. Le peuple d'Israël est les prémices des nations comme il est dit « Israël est les prémices de sa récolte», « mon fils, mon aîné Israël». C'est donc par Israël que les nations vont recevoir l'énergie divine. Israël est les Moh'in de Z-A et les nations, les six principes inférieurs mais pour cela, il faut que Israël sorte de sa vision égoïste et individuelle pour entrer dans la vision universelle. En s'annulant et en se consacrant aux autres, Israël devient un canal extraordinaire qui va déverser le flux divin sur toutes les nations. L'aîné est de l'ordre de l'éternité. L'envie est le démarreur de toute action et si cette envie est transcendée, alors toute la matière est sanctifiée de même que le plaisir lui-même. 

Le blé ''חיטה'', son prélèvement s'appelle la ''Térouma'' et il faut l'élever jusqu'à la sagesse supérieure comme il est dit ''Térouma'' peut se dire ''tré mi méa'' ''deux pour cent'. Il faut s'élever au niveau de deux fois cent qui sont les Partsouf de Ima et de Abba. Le blé correspond au père comme il est écrit « tout le temps que l'enfant n'a pas mangé de blé, il n'est pas ''père''. Il faut balancer les prémices des blés à Shavout, cela se dit ''Ténoupha'' qui se découpe ainsi ''ténou Pé'' ''donnez la bouche'' car le blé est lié à la parole. Dans le mot ''חטה'' ''blé'', il y a la racine du mot ''faute'' ''חאט'' c'est la décomposition des mots ''חאט ה'' ''la faute dans la mesure du ה''. L'orge aussi

''שעורה'' se décompose ainsi ''שיעורה'' la mesure du ה. Ce ה représente les cinq rigueurs. La première mesure du monde est partagé en cinq comme les cinq manières de sortir un son de la bouche tels que les labiales, les dentales, les gutturales, les linguales et les palatales. Il y a cinq groupes de lettres qui expriment cinq traversées du souffle par la gorge. Ces cinq modes de traversée du souffle correspondent aux cinq mesures du monde qui sont inclus dans le mot ''orge'' qui en hébreu peut se décomposer ainsi ''mesure de cinq'' qui est la restriction de l'infini. Dieu a gradué la force de sa lumière infinie en arrêtant son épanchement par le nom divin ''Chadaï''. C'est Dieu dans la limite, c'est le commencement de la création. C'est la combinaison du blé et de l'orge. Dans ''חטה'' il y a le ה du mot ''שעורה''. Les premières lettres du mot ''blé'' sont '' חט'' qui font la valeur numérique 22 qui représente les 22 lettres de l'alphabet. Les 22 lettres réparties en cinq groupes. Donc le blé est le pouvoir de la parole. Le ה vient de la mesure qui est dans l'orge ''שעורה''. Pour cela, le sacrifice de l'orge à Pessah' précède le sacrifice du blé à Shavouot. Dans le blé lui-même, il y a les cinq mesures et c'est sur ces cinq mesures que le premier homme a fauté. À propos des 12 tributs sans faute d'Israël, il y a deux lettres qui manquent, le ח et le ט. Dans le blé, il y a beaucoup d'écorces qui entourent le grain. L'arbre de la connaissance est le blé. La nature de ce blé est de fermenter, gonfler. Cette fermentation va rajouter des goûts à cette farine. Cette fermentation est le dépassement des limites de l'homme, de ce ה. C'est ce dépassement des cinq degrés de limite qui a entraîné le premier homme en exil, allant uniquement selon son intuition. Les limites assignent l'homme à rester dans un contexte qui lui permettent de s'élever du bas vers le haut mais après la faute et le dépassement de ces limites, cet épanchement va aller dans l'horizontal. Au lieu de monter dans l'infini, les yeux de l'homme vont l'entraîner dans la limite des cinq mesures. Ces cinq aspects de la limite sont enfermés dans le grain de blé. Ce sont ses écorces. Et pourtant le blé nous permet de parler, d'exprimer. Et c'est par un mot que la première femme a rajouté que l'homme a fauté. Ce rajout, cette sortie de la limite a entraîné la mort. Au lieu de dire au serpent qu'il était interdit de manger, elle a dit ''il est interdit de toucher''. C'est cela le pouvoir du blé, sortir de sa définition, de son cadre car ce n'est que dans la limite que s'exprime l'illimité. C'est cette envie qui est l'intuition personnelle qui fait sortir l'homme de l'infini et donc le déconnecter de l'épanchement divin. Le blé a quelque chose de particulier de même que le raisin dans le service au temple. Ces deux fruits d'après le Zohar sont les deux opinions du fruit de l'arbre de la connaissance. Ce sont les deux pôles d'une même énergie, le côté masculin (le blé) et le côté féminin (le raisin). Le vin n'était approché qu'à l'autel extérieur alors que le blé était approché sur la table qui se trouvait dans le saint en face de la Ménorah. Le blé qui représente le désir, le dépassement de la limite, est introduit à l'intérieur après lui avoir retiré ses écorces. Il ne va être approché que la partie la plus fine des fines, la fleur de la farine (la farine étant tamisée 13 fois qui est la valeur numérique de UN). Il fallait ce tamisage pour le faire entrer dans le saint car le premier homme n'a pu sanctifier sa partie extérieure qui a comme conséquence cette fermentation qui est représenté dans l'homme par l'ego. Alors qu'en vérité, le blé est là pour relier les cieux et la terre tout comme le vin. Les sept fruits que la Torah loue comme fruit de la Terre d'Israël représentent les sept principes inférieurs de la création. Dans chaque fruit, il y a du bon et du mauvais mais dans l'olive tout est mauvais sauf son huile qui ramène la mémoire. Le principe de l'huile est l'expansion, elle prolonge la flamme. Cette huile représente l'expansion de l'énergie divine des mondes supérieurs aux mondes inférieurs. Par la bénédiction, l'homme tire l'énergie originelle qui est placée dans le fruit vers la terre. Sans bénédiction, il n'y a que l'écorce qui est mangée, la partie matérielle. Cette Klippa va détruire l'homme. L'homme mangeant sans bénédiction vole l'étincelle divine qui se trouve dans le fruit. Il ne se nourrit que de la partie inférieure du fruit. Il y a une priorité dans la bénédiction, il faut toujours commencer par l'olive bien qu'au niveau ontologique les autres fruits de la terre d'Israël sont venus en premier comme les Séphirot où il y a une préséance. Mais l'olive qui représente la sixième Séphira (le Yessod) vient en premier car elle représente aussi la Guévoura de H'okhma. La sagesse permet de saisir les choses qui nous sont extérieures, c'est donc un épanchement qui vient sur nous comme l'huile. Ces deux extraits du blé et de l'olive sont dans le saint qui pourtant dans leur nature, sont amères. Lorsque le désir ne vient que pour soi, cette expansion est destructrice. Il faut alors l'intégrer dans un niveau plus haut qui est celui de la H'okhma. À partir de quel moment, l'huile révèle sa dimension suprême? Lorsqu'elle est liée à la sainte royauté ''Malkhouta Kadicha''. Pour cette raison l'onction d'un roi se faisait avec de l'huile d'olive afin de lui apporter de cette sagesse supérieure. L'olive elle-même est la Malkhout, la Guévoura étant l'amertume qui est dans la Malkhout. Et donc l'huile représente la Malkhout de la Guévoura de H'okhma. Le blé étant le Yessod de H'okhma. 

La datte: ''Tsadik comme une datte, il fleurit''. La Klippa de la datte n'est pas à l'extérieur car il y a un adoucissement qui se fait déjà au niveau de l'arbre. De tous les arbres du monde, il n'y a qu'un arbre qui se tare de prendre beaucoup de temps pour faire sortir son fruit, c'est le dattier dit le Zohar. Il fallait 70 ans au dattier pour faire mûrir ses fruits. Ces 70 ans représentent les 70 ans d'exil de la Chékhina car il manquait un juste dans cette génération jusqu'à la venue de Mordékhaï et Esther, le côté masculin et féminin du Tsadik. Alors la Chékhina se révèle, le principe féminin se révélant sur le Yessod. Alors le verset dit « dites au juste qu'il est bon». La datte est un fruit qui sort de sa dimension première, il n'a rien à voir avec son arbre, il se nourrit du soleil. Il va prendre sa consistance d'en dehors de lui. Le Tsadik est la représentation de l’annihilation et la datte est la symbolique de cette annihilation. Le juste est alors animé par une énergie supérieure qui vient du haut. 

La vigne représente l'assemblée d'Israël. Le vin lui-même dévoile les secrets comme il est dit ''il boit le vin, il dévoile des secrets''. Le vin a une particularité. Il peut soit détruire en amenant l'ivresse mais il peut aussi réjouir. De même qu'il y a une interdiction de greffer une vigne avec tout autre fruit car la vigne est comparée à la femme ainsi, Israël ne peut faire d'infidélité avec Dieu car il est considéré comme la femme de Dieu. Il est dit dans le Zohar que la première femme a pressé les raisins pour faire du vin au premier homme à propos de la faute originelle. De même Noah' après le déluge, a pressé des raisins et s'est enivré. Le mot ''sod'' et Yayin ont la même valeur numérique de 70. le vin est fabriqué avec l'extériorité et l'intériorité du raisin. Ainsi la lettre יà la même valeur que son remplissage וד. Ainsi la lettre ן son remplissage est aussi sa même valeur. Ève a séparé l'extériorité et l'intériorité du grain. Cette séparation entraîne le plaisir éphémère. Par le vin, Israël va avoir comme Mitsva de sanctifier le temps. C'est par le vin que l'assemblée d'Israël se sanctifie et s'unit avec Dieu. Le Nazir a une interdiction de consommer du vin de même que le Cohen au moment de son service car le vin a deux principes en lui, celui de pouvoir se dépasser pour s'unir à Dieu mais aussi à l'inverse, il a un pouvoir de rejet. c'est le principe de tout fruit, une sorte de couteau à double tranchant. C'est ce que l'on appelle la Klippa et le Péri, l'écorce et le fruit. Mais le vin lorsqu'il est très vieux, sa rigueur va faire ressortir le meilleur du vin. Le Nazir et le prêtre doivent se séparer du vin car le vin a la particularité de relier l'âme nutritive (Néfech) à l'âme intellectuelle (Rouah') et donc cette âme nutritive est alors adoucie et réduite mais ne pourra pas se connecter au vrai sens que l'âme divine révèle sauf dans les cas exceptionnels tels que le Shabbat et les jours de fête. Mais en général, le vin ne fait qu'une réparation au niveau du Néfech. Tous les fruits correspondent à des principes qui sont en nous. Les sept fruits d'Israël correspondant aux sept principes de la nature. Le raisin et le vin sont donc dans l'homme pour relier le Néfech à la Néchama mais d'un autre côté, ils ont le pouvoir de déconnecter cette union. Pour cela, le Nazir et le prêtre se sépare de ce fruit mais d'un autre côté, le Nazir doit apporter un sacrifice à la fin de son Nézira car par son abstinence, il a coupé la possibilité au Néfech de se relier à la Néchama. Il n'a pas élevé et transcendé ce désir mais il l'a éteint. Le Nazir va remplacer le vin par les cheveux de sa tête pour pouvoir s'unir au divin. Les cheveux correspondent au Kéter et le vin correspond au niveau de l'éternité, à l'au-delà des limites, au surpassement. Pour cela, le Shabbat, en buvant le vin, on goûte à la vie éternelle. Et donc, le Kéter est la symbolique de la sortie du temps vers l'éternité. Car toutes les Séphirot sont dans la temporalité au contraire du Kéter. Pour cela, les cheveux sont sa symbolique. Le vin représente les secrets de la Torah qui eux sont la couronne de Dieu. Ceux qui recherchent les secrets de la Torah, atteignent la couronne de Dieu. Le Ari Zal dit qu'il y a trois genres de fruits. 1/ des fruits où la Klippa est à l'intérieur comme la datte et l'olive 2/ des fruits où la Klippa est à l'extérieur comme la pistache et la noix 3/ des fruits où même la Klippa est consommable comme la figue et le étrog. L'extérieur devenant meilleur après maturation que l'intérieur. C'est une sorte de fruit de l'ordre de la Atsilout. De même le raisin en se transformant en vin est de l'ordre de la Atsilout où la rigueur se transforme en bonté. La figue aussi correspond au secret des cheveux de l'ordre du Kéter. Dans l'homme primordial qui est la première révélation divine dans la création, il y a quatre niveaux. Le niveau le plus haut de l'émanation est le flux issu des cheveux. La création se fait par gradation jusqu'à ce que le Kéli, le vase, la nature, se sépare du flux divin, de la lumière, du Or. Même dans le monde végétal et animal et de l'humanité, il y a une gradation qui est une sorte d'évolution. Au début, le Or et le Kéli étaient ensemble, l'infini et l'origine de la nature sont UN. Le deuxième jour de la création, Dieu a fait le firmament et a séparé les eaux d'en haut et les eaux d'en bas pour former le ciel et la terre où celle-ci devient le Kéli du ciel. Elle attend donc la lumière du ciel. Nos maîtres enseignent que ce jour, Dieu a créé l'enfer qui est la souffrance, la séparation, c'est ''l'esseulement''. C'est la conséquence d'une union qui s'est séparée. C'est une brisure qui s'est faite au niveau de la lumière des yeux de Adam Kadmon où le Kéli, l'origine de la nature et Dieu se séparent. L'infini alors se sépare de la Nature. Toutes les différences qui vont se faire dans la nature ne sont que le produit de la différence d'intensité d'expansion de la lumière dans les vases ou plutôt leur degré d'unification. Sur chaque création, sur chaque fruit, il y a une expansion de la lumière divine qu'il faut révéler dans la nature elle-même par la bénédiction. La différence dans les bénédictions est au niveau du degré d'épanchement de la lumière divine dans la nature. Le plus haut degré d'unification se fait par les cheveux de A-K. À ce niveau, il n'y a pas de brisure mais une fusion entre deux éléments complètement opposés. Les cheveux sont liés à l'extérieur alors que le crâne est le commencement de l'être puis les deux hémisphères du cerveau, la moelle épinière puis le torse et les jambes. Les cheveux sont le lien avec ce qui est au-dessus. C'est le niveau le plus haut de la sainteté, c'est le niveau de la relation presque infinie avec la nature. 

La figue correspond à un fruit de l'ordre du plaisir selon rabbi Méïr qui voit en ce fruit celui de l'arbre de la connaissance. Ce désir se révèle au niveau de la perception de l'homme. Là où l'homme met sa faculté de percevoir, c'est là qu'il va se réaliser. Si son centre d'intérêt est au niveau de la matière, alors son désir sera dans cette direction. La perception au niveau du Kéter est une perception où il n'y a pas eu de brisure. Celle-ci se matérialise au niveau de la H'okhma et de la Bina. Et une partie du Kéter va faire ressusciter les morts, c'est au niveau des cheveux. C'est la rosée qui va sortir du principe des cheveux de Adam Kadmon. L'union du Or et du Kéli est le travail de l'homme dans ce monde, relier la nature, les phénomènes, les événements à leur source divine, relier le fruit à sa racine.

Au moment du réveil, l'homme doit dire ''Modé Ani'' car à ce moment, il réveille l'envie de s'unir à Dieu. Le lavage des mains est la fusion de l'âme et du corps. C'est cette envie (Maïm Noukvim) qui permet à ce que la nature puisse recevoir de l'infini. C'est par le cheveu que va s'épancher l'infini et c'est pour cela que Rabbi Méïr a vu très loin dans la faute de l'homme. Lorsque l'homme voit un fruit, sa faculté cognitive, son raisonnement est animé par quelque chose mais ce n'est qu'une apparence car il n'a pas puisé du véritable élément le plus haut. Pour cela, nos maîtres disent qu'il faut faire attention à la figue car elle est infestée de vers. Dans ce fruit, l'extériorité veut dominer l'intériorité. Sa partie la plus sainte de la nature se trouve à l'intérieur. L'homme avant de fauter, avait un corps transparent et son âme faisait UN avec son corps mais au moment de la faute, ce corps est devenu opaque et pour le recouvrir, l'homme va prendre des peaux de figue afin de recouvrir cette opacité. Par la détérioration, il faut réparer. Le principe de la figue est la conservation, conserver une relation, c'est le symbole de la fidélité.

La grenade agit sur deux niveaux de propriété, la propriété publique, le domaine du multiple et la propriété privée, le domaine de l'unité. La grenade a la particularité de se propager de la propriété privée vers la propriété publique. Nous savons que la brisure des vases survient lorsqu'il y a un dépassement des limites du cadre. La grenade a la faculté de remplir les vides. C'est le vase qui n'est pas capable de contenir qui va alors recevoir une énergie qui va faire qu'il puisse arriver à contenir.

Rav Mordékhaï Chriqui

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

mardi 30 janvier 2018

Tou be Chevat - le nouvel an des arbres 3

TOU BICHEVAT (cours n.3)

''l'arbre-fruit faisant un fruit''. Au moment de la création, Dieu a voulu que l'arbre soit lui-même un fruit. Mais la terre en a décidé autrement et a fait sortir un arbre qui fait des fruits. Comment comprendre que la terre ai un libre-arbitre pour faire ce qu'elle a décidé?

Le premier jour de la création, est apparue la lumière secrète, le deuxième jour, les eaux et le troisième jour est apparue la terre sèche afin de dévoiler l'unité supérieure divine. Mais la terre en a décidé autrement car il y a une différence entre l'arbre et son fruit. Il y a alors une différence, une séparation entre la source et le fruit, entre la cause supérieure et la conséquence dans ce monde, entre le père et son fils. La Chékhina ressemble au père et le peuple d'Israël à son fils. Dans la racine même de la création, il y a ce défaut qui s'est révélé. L'arbre-fruit faisant des fruits n'est qu'une matérialisation de quelque chose qui le précède.

Au commencement, Dieu est seul avec sa volonté. L'existence toute entière est incluse dans cette volonté unique. Pour le Ramh'al, l'essence de l'existence se tient dans le mystère du Kéli, du vase qui est inclus dans cette unité divine. Elle n'a pas d'existence propre. Son existence s'annule dans la lumière supérieure, dans l'infini parfait. Son existence est réelle mais elle est annulée comme cet homme qui pense à construire une maison. Son existence est en potentialité et non en fait. En vérité, cette création se trouve déjà en fait dans sa volonté mais dans une forme qui ne peut être perceptible par l'esprit humain. Cette existence va en se révélant et en se séparant de sa pensée. Et donc, tout le temps que l'existence est incluse dans sa pensée, dans la lumière divine, le bien est toujours là. Mais au moment de se séparer, le mal apparaît. Il apparaît lorsque l'existence se sépare de sa source. Le bien n'est que lorsque l'existence est incluse dans sa source infinie. ''la proximité divine est bonne pour moi'' proclame le Roi David. Retrouver le bien passe par retrouver cette proximité de l'unité divine. Le mal n'a d'existence que lorsque la création est actée. Dans le monde de la lumière, le monde de la Atsilout, le mal ne peut apparaître. Dans ce monde, l'existence est incluse dans la lumière divine. L'existence en elle-même entraîne la détérioration au moment où elle se différencie de la lumière divine, elle se tient alors à tout moment dans la révolte. Mais par le Shabbat, il est donné la possibilité à la création de revenir à son état antérieur d'avant cet état de fait. C'est cela la notion de Téchouva, se fondre de nouveau à la source divine en ressentant que Dieu est le seul moteur de l'univers. Alors commence l'annulation du mal. C'est par l'union que s'annule la dualité qui procède du mal. Le bien étant l'union et le mal, la séparation. À partir de quel moment s'est révélée cette notion de séparation? Au commencement, le Kéli était avalé à l'intérieur de la lumière, celle-ci dominait alors le Kéli et donc le mal ne pouvait exister. Ce n'est qu'au moment de la brisure des vases où la lumière s'est retirée du Kéli que le mal est apparu. Les trois mondes ''B-Y-A'' qui vont révéler l'existence des êtres séparés sont appelés le ''Kéli''. Au départ cette existence ''B-Y-A'' était UN avec le monde de la Atsilout, avec le monde de la lumière sainte et divine. Ils n'étaient qu'une seule entité appelée ''A-B-Y-A''. Atsilout était alors habillé de trois habits que sont les mondes des Kélim. La Atsilout elle-même ne peut être complète sans ses habits. Cependant lorsque ses habits se sont séparés et sont devenus indépendants, ils sont alors devenus des mondes séparés et non plus les habits de la Atsilout. Par cette situation, ils ont reçu une certaine autonomie car tant qu'ils étaient rattachés au monde de la Atsilout, ils avaient effectivement déjà une existence mais elle était complètement annulée par la puissance de la lumière divine du monde de la Atsilout. Dieu a alors enlevé la lumière du Kéli, il a séparé les trois mondes du monde de la Atsilout. Le Kéli n'étant qu'une pensée spécifique et qui est appelé la ''racine'' de toute la création, il lui a été conféré une domination autonome afin de se séparer et devenir une notion à par entière. Cette notion est ce qui s'appelle le ''Mal'' ontologique ou plus exactement la ''brisure des vases'' selon le Ari Zal. Cette séparation a un but suprême dans la conduite divine. La domination du Kéli est sa séparation qui elle-même est sa mort. Cette sensation de domination issue de la séparation ne peut perdurer éternellement. Cette mort d'après le Ramh'al est une chute de la valeur du Kéli. Cette chute est due à la séparation de ''B-Y-A'' avec Atsilout. Alors à ce moment ''B-Y-A'' reçoit un règne mais qui est bien moindre que la royauté divine du monde de la Atsilout. Et donc cela est appelé d'un côté une chute et d'un autre côté un règne. Ce règne est représenté par les rois primordiaux de la terre de Édom qui ont régné avant le roi d'Israël. Ces rois sont une allusion aux forces de la création qui ont été déconnectées de la lumière qui va permettre à ces forces d'avoir une sorte de domination. Ce règne n'est que temporaire et de suite, elles chutent comme le Zohar dit ''Dieu construit des mondes et les détruit''. Cette destruction prend sa source de la Klippa, de l'écorce, de la domination de ces forces qui sont séparées de la lumière de Atsilout. Il y a le Or et le Kéli, le Or est la lumière divine et le Kéli est l'existence de la création. Tout le temps que le Kéli est avec le Or, il n'y a qu'unité divine. Alors Dieu donne une certaine indépendance à ces trois habits afin qu'il aient une certaine autonomie particulière. Par cela, le mal et la détérioration se renforcent et aussi cela est le commencement de la réparation, du Tikoun. Comme il est enseigné à propos des ustensiles en argile qui sont impurs, ''par leur destruction réapparaît leur pureté''. Par l'annulation de cette domination, surgit alors la pureté du Kéli quivbbn accepte de nouveau le Or du monde de la Atsilout. Les trois mondes ''B-Y-A'' redeviennent alors les habits de la Atsilout. Ils se reconstruisent de nouveaux après s'être détruit en se séparant. Ces mondes prenant conscience qu'ils n'ont pas d'existence propre. Lorsque l'homme prendra conscience que '' Dieu nous créé et non nous-même'', alors il prendra conscience qu'il n'a aucune prérogative dans tout ce qu'il fait et ce qui lui arrive. Il redeviendra alors un Kéli qui se reconnecte au Or divin, d'une entité indépendante, il deviendra le réceptacle de la lumière divine sans aucune réalité propre, n'étant que le conducteur de cette lumière divine.

Il y a une Klippa qui domine extérieurement et une Klippa qui domine de l'intérieur. Dans chacune de ses actions, l'homme peut soit se séparer soit s'annuler et s'unir. Cela va dépendre de sa conscience au moment de l'action. L'action pouvant être la Klippa extérieure mais aussi le moyen de s'unir et la pensée étant la Klippa intérieure mais aussi le moyen de s'unir. La détérioration est mauvaise comme bonne, cela va dépendre de l'intensité spirituelle d'union que l'on va émettre. La séparation va créer une intensité spirituelle qui va pouvoir permettre de s'unir de nouveau au divin. La source de cette énergie est la détérioration même de la création. Dès la matérialisation de la création, le mal et la détérioration sont liés à elle. La réparation va se faire en s'unissant de nouveau à sa source originelle. Cela va créer une interconnexion du haut vers le bas et du bas vers le haut, les eaux masculines et les eaux féminines. La réparation va se réaliser lorsque celle-ci sera comme une femme aimante devant son mari. Donner une autonomie au Kéli n'est pas tellement une destruction mais un moyen de lui donner une existence propre. Et donc la terre pour qu'elle sorte des fruits doit se séparer de sa source pour développer sa propre existence et par cela, un libre-arbitre. Et donc pour se faire, la terre va produire des arbres qui vont eux-mêmes produire des fruits. Ces arbres vont alors se séparer de leur source afin de devenir eux-mêmes des flux uniquement. De même la lune va devoir se séparer et vouloir régner d'elle-même afin de créer la temporalité. Ce temps étant composé de 28 jours. De même la première femme a eu une existence individuelle après qu'elle ai été le Kéli absorbé par le Or qu'est le premier homme. Il y a un besoin à cette séparation afin d'engendrer, il faut que l'arbre ai une existence propre afin de fructifier, il faut que la femme ai une existence propre afin de procréer. Mais dès que cette séparation se fait et crée un ego, il faut de suite l'annuler afin de revenir à l'unité divine où toute notre existence ne dépend que de la lumière divine, c'est le niveau du Shabbat, de la Téchouva, du repentir. Cette sensation d'autonomie est le mystère de la Noukva c'est-à-dire le mystère de la lune, de la terre et de la femme. Cette notion d'autonomie est déjà incrustée dans la notion première du Kéli, le principe des trois habits devenant trois mondes ''B-Y-A''. et donc lorsque l'homme perçoit du mal dans le monde et se dit en lui-même ''ceci est aussi pour le bien'', par cette pensée profonde, il fait revenir cet événement à sa source unitaire. Lorsqu'un homme ressent qu'il a mal agit, il donne alors une puissance spécifique à son acte et renforce le mal. Mais celui qui relie son action à sa source divine, il est de suite dans le monde de la réparation. L'envie matérielle n'est qu'une pulsion issue du Kéli qui veut dominer et régner. Mais c'est dans ces moments que la foi va se renforcer et donner la force au Kéli de revenir à l'unité divine. Tous les événements en fait ne sont que des processus de retour qui sont mal perçus et qui peuvent alors renforcer la séparation du Kéli.

Il y a eu donc au départ la séparation entre l'arbre c'est-à-dire la terre et l’engeance qu'est le fruit. Si la terre avait sorti un arbre-fruit, il n'y aurait pas eu de séparation entre la cause et la conséquence, entre la source et le fruit. Maintenant, il y a une différence entre la terre et les cieux. Les événements deviennent autonomes et engendrent eux-mêmes d'autres événements mais en vérité, la conséquence elle-même est la cause où tout n'est qu'unité, tout n'est que perfection car sans séparation. C'est la Klippa qui va donner cette sensation d'autonomie au Kéli. Par cela, il est vrai qu'il peut tomber mais aussi, la Klippa peut lui donner une force qui le fera revenir à l'union divine. Ceci ne se fera que par l'acceptation que Dieu est le seul flux de la création. L'arbre n'a aucune force pour produire de lui-même des fruits. Il n'y a aucune domination de la Klippa.

Rav Mordékhaï, Chriqui

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

Fête - Tou Be Chevat - Le nouvel An des Arbres 2

 

Tou bé Chevat, le nouvel an des arbres

Il faut arriver à placer la révélation de son unité divine au début et à la fin de chaque étude de Torah afin de s'introduire dans son intériorité. 

Au début de son livre ''les 138 portes de la sagesse'', le Ramh'al parle de la volonté parfaite qui est la base de toute la création et de tout le dévoilement divin. La création n'est qu'une révélation spécifique mais avant cette création, il y a d'autres dévoilements qui s'appellent les ''Séphirot'', les ''mondes'', ''l'homme primordial'', ''Adam Kadmon'', le monde de la ''Atsilout'', de l'émanation. Ce n'est qu'après que se révèlent les mondes des créatures, le monde des âmes, le mondes des anges et le monde des créatures matérielles. Mais le monde vrai, si je ne parle que du monde de la Atsilout et même si je ne parle que de A-K (Adam Kadmon) ou du Kav (flux) infini ou de l'infini ''unitude'' qui agit partout, tous ces mondes viennent des Séphirot qui sont des degrés de l'infini. La différence entre l'infini et les Séphirot est que l'infini est imperceptible alors que les Séphirot sont des degrés de l'infini qui peuvent être perceptibles car ce sont des degrés qui se révèlent selon le temps, selon l'endroit et selon les âmes. Mais le Ramh'al n'est pas tellement intéressé par celles-ci si ce n'est que pour comprendre l'unité, il faut comprendre tous les détails de cette unité divine. Et ces détails se révèlent par le flux du temps. Mais en réalité, la véritable unité ne change pas bien que les temps changent, que les créatures changent, les degrés changent l'une envers l'autre et même les Séphirot changent selon leur emplacement. Mais il y a un ''Kav'', un rayon qui ne change jamais et qui est parfait qui est ce bien qui perdure et qui se révèle.

Si l'étude de la Torah n'influe pas dans l'intériorité même de l'homme, bien qu'il acquiert nombre de connaissances, ce n'est qu'une grande perte de temps. Si l'homme par son étude, ne dirige pas ses pensées à révéler la sainteté, les Moh'in, les cerveaux de la présence divine, cette étude n'est qu'une perte de temps. La Chékhina est la ''machine'' qui fait fonctionner le monde. Mais cette machine a tellement d'habits à chacun de ses flux d'épanchement (que sont les lois de la Nature) que nous ne percevons que les Kélim, les vases. Mais derrière toutes ces lois, c'est la Chékhina qui leur donne vie. Ces flux sont appelés en fait des ''anges'' et chaque force de ce monde est dirigée par un des anges (que sont ces flux). Le monde de la Yétsira, le monde des anges est un monde profane, c'est le monde des six Séphirot inférieures. La Chékhina qui est le moteur de ces forces est alors pauvre et muette. Elle ne peut s'exprimer que par les paroles de Torah qui sont étudiées pour la révéler justement. Tout intérêt qu'il soit matériel ou même spirituel est de l'ordre du penchant. Dans ce genre d'étude, il n'y a pas Dieu, il n'y a que la connaissance inférieure, issue des pulsions animales de l'homme. L'ego n'étant qu'une pulsion mal maîtrisée qui n'est absolument pas intéressée par la réparation de la chékhina dans ce monde, cet intérêt animal est tout le contraire de cette révélation. Il faut arriver à réparer son Kéli pour pouvoir recevoir cette lumière divine qu'est la Chékhina. Il y a dans la Torah quelque chose d'éternel du niveau de l'unité supérieure mais pour l'atteindre, il faut enlever ces écorces qui recouvrent cette éternité. Il faut réparer ce lien entre la Néchama et la Chékhina et ceci passe par l'étude exclusivement consacrée à la réparation de la Chékhina. 

Selon le Ari Zal, une réincarnation a pour but de purifier la personne de ses fautes. Pour le Ramh'al, les réincarnations ont pour but la réparation de la conduite. Chaque moment qui passe est une réparation de la conduite, il n'y a aucun événement laissé au hasard et qui n'est pas destiné à la reconstruction de la Chékhina. Chaque action de notre histoire est un pan de la Chékhina qui se révèle. Même les fautes sont des tâches qui sont faites à la Chékhina et celui qui ne souffre pas de ce ''mal'' que la Chékhina subit, n'est pas en connexion avec elle et même si cette personne extérieurement a tous les signes d'être un serviteur de Dieu! Le véritable service n'est que dans le renforcement de ce lien indéfectible entre Dieu et nous. 

La Malkhout est appelée ''Mélakha'' ''le travail'' et tant que la Malkhout n'est pas épurée de ses scories, elle n'est que peine, elle n'est que souffrance tant que nous allons dans ce chemin de la peine. Mais lorsque la Malkhout est épurée de ses impuretés, elle est appelée ''Ménouh'a'' ''sérénité'', elle est alors habillée de Arikh' Anpin, du ''grand visage'', c'est la conséquence de l'union de Arikh' avec la Malkhout. Le Ramh'al, là où les autres justes s'occupent de la séparation (Nessira), de la construction de la Noukva, s'occupe afin que Arikh' habille la Noukva dans la Malkhout. Comment faire de la Malkhout, le Kéter, comment faire pour que la Malkhout puisse atteindre le Kéter? Comment faire régner le roi? C'est-à-dire comment placer la couronne sur la Malkhout? Il est exact que cela passe par la Nessira, par la construction de la Noukva d'un point unique à Rosh Hachana jusqu'à arriver à Kippour au niveau du Kéter mais dès le premier jour de l'année, on s'occupe du Kéter de la Malkhout, enseigne le Ramh'al. Où tous les autres sages ne voient qu'une séparation dans Rosh Hachana, le Ramh'al voit une réparation du Kéter. La réparation de la Nessira est au niveau du travail car c'est un jugement, un Din, c'est le niveau de ''arrière-arrière'' entre Z-A et Noukva qu'il faut inverser pour l'amener à ''face-face''. Et donc à priori ce jour est un jour de rigueur où il faudrait jeûner et pourtant le prophète nous impose de festoyer car c'est un jour de joie! Comment ce jour de rigueur peut-il se transformer en jour de joie? Car chaque jour, cette Nessira va construire petit à petit cette Noukva jusqu'au huitième jour de Souccot où se fera l'union avec Z-A. Mais d'après le Ramh'al, dès le premier jour, la Noukva se trouve déjà ''face-face'' avec Z-A mais l'union ne se fait pas encore. C'est le niveau de Arikh' Anpin qui agit directement sur la Noukva dès le premier jour. C'est l'action de l'union, de l'unité divine. Même si tout le monde s'occupe ce jour de la séparation de la Noukva d'avec Z-A, le Ramh'al veut faire régner le Roi sur toute la terre. La Chékhina a deux niveau: 1/ la fatigue comme le travail, le temps profane 2/ en tant que sacré qui est la sérénité du Shabbat. La Kédoucha étant l'arrêt de la fatigue. La Chékhina est habillée dans nombre d'habits afin d'arriver à cette ''Mélakha'', ce travail et ces habits sont les anges. Il faut la sortir de ces habits et la purifier, la faire sortir du monde de la Yetsira et du monde de la Bérya. En prononçant le premier mot de la Téphila ''adona-ï'', on demande que la Chékhina se sépare de ses habits pour la faire entrer dans le monde de la Atsilout, le monde de la sérénité. Mais la véritable sérénité se fait le Shabbat où Arikh' Anpin domine. Dieu a un char céleste qui est son moteur dans le monde. Ce moteur s'appelle la '' Chékhina'' qui est représentée par les trois premières lettres du tétragramme. Et le bien est lorsque la dernière lettre s'unit à ces trois lettres mais si cette lettre n'a de relation qu'avec les anges, le monde de la Yetsira, le travail de la Chékhina n'est que d'un niveau profane où ne se révèle que la fatigue. Zéïr Anpin et Noukva étant habillés par les forces angéliques et le monde apparaît comme un monde dirigé par ses propres forces. C'est la Nature et ses lois qui vont cacher la Chékhina et l'empêcher d'agir de façon révélée directement de Atsilout et de Arikh' Anpin. C'est la malédiction issue de la faute du premier homme où l'homme a l'impression d'agir grâce à son libre-arbitre alors que tout est décrété depuis le Kéter de Arikh'. C'est le monde du labeur ''à la sueur de ton front, tu te nourriras''. Les anges se matérialisent par les six ordres de la Michna. Ce monde est profane et la Michna est son processus de direction. En étudiant ses lois nous ne nous occupons que de la Chékhina de manière profane. C'est dans son intériorité que se trouve sa sainteté. L'acte d'une Mitsva est la réparation extérieure de la Chékhina et ce n'est que dans l'intention que l'on y met que se trouve la réparation intérieure de la Chékhina. Ceux qui servent Dieu et font les Mitsvot uniquement de manière superficielle, non pour la réparation de la Chékhina, sont du niveau de l'esclave, c'est le service par l'intermédiaire des anges. Les justes sont du niveau du fils, c'est le service intérieur sans passer par les six Séphirot inférieures dirigées par les anges. Le service extérieur est dépourvu d'intériorité et ne s'occupe pas d'accéder aux grands Moh'in afin de ressentir et de révéler la Chékhina qui est en nous. Le juste utilise les trois Séphirot supérieures pour faire le service divin, l'esclave n'utilise que les six Séphirot inférieures, les lois de la nature. Les justes par leur service se fondent à la Chékhina par le mystère de l'union. Et tout ce qu'ils font est dans l'union et l'amour. Mais le service par l'intermédiaire des anges n'est pas de l'ordre de l'union car ces anges ne sont de l'ordre que de l'extériorité. Seule la Néchama peut s'unir à la Chékhina. Mais si notre service n'est que dans les Mitsvot et non dans l'intention, si notre prière n'a pas d'intention véritable, si notre étude n'est que pour nous, nous ne sommes dirigés alors que par les anges, les six Séphirot inférieures sans lien direct avec la Chékhina. C'est cela l'exil de la Chékhina. Les anges n'ont aucun lien direct avec la Chékhina, celle-ci les dirigent sans que ceux-ci en aient conscience comme le verset l'enseigne: ''tous font sa volonté avec crainte''. Ce n'est que par l'amour que l'on peut arriver à l'union véritable. Sans amour, l'acte est détaché de son intention. Le but de l'homme est de servir Dieu par l'amour et donc par l'union de la Néchama avec la Chékhina. Ce n'est que par l'amour et l'union issue de cet amour que le mal va se transformer en bien. Les sciences sont définies par le Roi Shlomo comme étant ''vanité des vanités'' car elles ne s'occupent que de l'étude des forces angéliques, des six Séphirot et donc sans possibilité de se relier aux trois grands Moh'in de la Chékhina. Il est alors impossible de se relier à l'intériorité de ces forces que sont les Moh'in de la Chékhina. Pour cela, Rabbi Shimon a dit d'arrêter de travailler (Mélakha) qui est du niveau de l'ange (du Malakh). Le niveau de Chabbat est un niveau où le travail est interdit, où la conduite angélique est obsolète et où il n'y a qu'amour et union. 

 

L'union de la Malkhout avec le Kéter est du niveau de la Récha (début) et de la Séfa (fin). C'est cela, le mystère de l'union. Le Kéter dont parle le Ramh'al est le Kéter qui précède Adam Kadmon. Ce Kéter est lié à l'infini divin, c'est l'orientation première de la volonté divine car tout A-K n'est que la diffusion des six Séphirot inférieures. Avant A-K, il y a trois niveaux. L'orientation de sa volonté qui est représentée par le Kéter, est appelée la ''perfection de la volonté''. Dans Arikh' Anpin qui est la cause première, la perfection n'agit pas et donc personne ne peut ressentir la perfection. Celle-ci est pour ''demain''. Par la réparation de la Malkhout, nous pouvons atteindre la ''Récha'' directement qui est l'orientation première de sa volonté. C'est le mystère de la Ménouh'a, (sérénité) qui est le contraire de la Mélakha. Pour arriver à ce niveau, il faut que Arikh' se révèle directement avec force sur la Malkhout. Il faut faire régner le Kéter sur la Malkhout. Pour cela, il faut que le début du mouvement provienne de Arikh'. Tant que nous ne serons qu'au niveau de ZOUN, nous ne serons que dans le monde profane. Ce sont les sept jours de la semaine, la temporalité. Shabbat est d'un niveau d'au-delà de la temporalité, du niveau de Arikh' Anpin, du niveau de Abba et de Ima. Mais tant que la Malkhout n'est pas épurée, elle s'habille des habits profanes, elle s'habille des lois de la nature, Arikh' ne pourra diriger les mouvements de la Malkhout directement. C'est le niveau du Kodech qui est Abba et Ima et le Kodech Kodachim, le saint des saints, Arikh' Anpin. Sans ces niveaux, nous serons toujours dans le domaine profane des lois de la Nature des six Séphirot inférieures. C'est l'esclavage d’Égypte et de Parrho. Cet esclavage est en fait une envie profonde de rester dans les lois de la nature et de ressentir une certaine autonomie illusoire issue de cette conduite de causes et d'effets. Dans l'infini, il n'y a plus de fausses distinctions, il n'y a pas de couleurs différentielles, de degrés, tout est unité. Tout est pureté. Le Shabbat, la parole profane expulse l'homme du domaine privé de Arikh' au domaine public de Zéïr Anpin. Le domaine public est le niveau de la brisure des vases, c'est le début de la temporalité, c'est le monde des Nékoudim, c'est la domination du multiple, c'est Édom, c'est le règne du chaos, c'est la démocratie. Le Tikoun se fera du bas vers le haut: ramener le multiple à l'unité. Et ainsi, la Malkhout remontera jusqu'à Arikh. La Malkhout n'a pas besoin de Z-A, elle a besoin de Arikh'. Z-A est la construction des jours de la semaine, Chabbat c'est une autre construction de la Malkhout qui se dessine.

Rav Mordékhaï Chriqui

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

lundi 29 janvier 2018

Fetes -Tou be chevat- le nouvel an des arbres

tou bé chevat le nouvel an des arbres


Tout ce qui s'acquiert et est déclenché par notre intellect s'appelle atteindre l'extériorité des choses. Il est évident que nous parlons de sujets spirituels tels que la Torah (et même l'étude de la Kabbale, du Zohar, des enseignements du Ari Zal et du Ramh'al), les Mitsvot et les bonnes actions. 
Mais un homme qui s'occupe à atteindre la proximité divine et pour se faire, il étudie et met son intellect au service de ce but, par le moyen de ses pensées, de ses paroles et de ses actes, il est certain que de cette manière, il va atteindre l'intériorité et la sainteté de la Torah et des Mitsvot.
 C'est réellement la réparation de ce monde qu'il est en train de préparer: donner sa vie pour s'unir à Dieu. Sans ce don de soi, il ne peut y avoir de réparation de l'intériorité de la Torah. 
C'est ainsi ce que définit le Ramh'al par la ''purification des pensées'': ne plus s'occuper que de l'universalité de la création et non de ses propres intérêts.

 Si l'homme dans sa connaissance, dans son intellect, ne se dépasse pas et reste dans sa perception individuelle, il n'est pas dans le dépassement de soi et reste collé à l'extériorité des choses. Il est certain que l'extériorité des choses va atteindre l'homme dans son intériorité mais pas dans la voie de la ''Avoda'', par la voie du service divin.
 Le chemin de la connaissance n'est pas le chemin du service mais celui qui sert sans connaissance est proche de l'idolâtrie. Le veau d'or est le service où l'imagination prend le dessus sur l'esprit et fait croire à l'homme qu'il est relié à Dieu alors que ce n'est qu'un service de son propre ego. 
L'union avec Dieu ne peut se faire uniquement qu'avec l'esprit divin, le Daat Élokim. 
Tout profit particulier même spirituel est pour le Ramh'al, une altération dans le service divin. Servir Dieu pour purifier son âme n'est pas de l'ordre de l'intériorité et du service vrai de Dieu. Celui qui veut atteindre la sérénité de l'éternité pour être en harmonie avec Dieu est dans l'idolâtrie. 
Cela ne s'appelle pas l'union avec Dieu mais plutôt une fortification de son ego. 

Le désintéressement est la déconnexion d'avec son ego, d'avec ses envies personnels, c'est cela la connexion avec l'infini. Et sans cette union spécifique, il n'y a pas de prémisse d'un service intérieur et profond. Et même nos Mitsvot ne sont qu'un service de nous-mêmes et non le service divin qui est exigé. 

Le service divin ne se fait que lorsque se révèle la Chékhina, la présence divine dans nos actes. Dans notre monde, la Chékhina n'a pas de Moh'in, de cerveaux, elle est complètement profane, dénuée de sainteté. Elle est muette, elle ne peut s'exprimer. L'épanchement bénéfique ne se déverse dans le monde que par l'intermédiaire des anges et non par le moyen de la Kédoucha, de la sainteté. C'est le mystère des six ordres de la Michna qui représentent les six Séphirot de Zéïr Anpin, qui sont dans le profane. 
Mais c'est un profane dans la Kédoucha, c'est l'extériorité de la Kédoucha. Seul rabbi Shimon bar Yohaï a pu déconnecter l'extériorité profane de l'intériorité sacré de toute action. Par ceci, la Kédoucha devient le principe efficient de la conduite sur terre. Si un homme reste dans la connaissance humaine, alors même ses plus hautes actions ne sont que de l'ordre du profane.

Rav Mordékhaï Chriqui
Retranscription Rav Michael Smadja 5776
Publie par la Source des sagesses


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Paracha - Ytro - 70 anges et 70 nations





Paracha ''Ytro'' 5777

L'universalité de la Torah: les 70 palmiers, les 70 anges, les 70 nations.



Ytro était l'homme qui a connu toutes les formes d'idolâtrie et qui va donner son nom au chapitre de la Torah qui décrit le don de la Torah qui est l'antithèse de l'idolâtrie et qui refuse toute forme de divinité si ce n'est la volonté de l'unique.

Il est écrit à la fin du chapitre précédent que le peuple d'Israël est arrivé jusqu'à Élim qui a la même racine que le mot ''les dieux'' ''Élohim''. C'est une île où il y avait 12 sources d'eau et 70 palmiers. Pour quelle raison la Torah nous décrit cet endroit avant d'arriver au mont Sinaï?
Les 12 sources d'eau font allusion aux 12 tributs de l'assemblée d'Israël et les 70 palmiers aux 70 nations qui composent l'humanité et aussi aux 70 sages de la grande assemblée. 
Ce verset représente le commencement de l'universalité de la Torah avec ce nombre de 70 qui est rapporté à propos des palmiers. Ce verset peut s'appréhender de manière métaphorique. Ils ont atteint à cet endroit le niveau de Élohim, ce niveau extrême où toutes les forces de la nature ont leur source unique.
Ils ont perçu alors les 12 sources d'eau qui sont en fait 12 anges, trois anges à chaque point cardinaux. Ils sont appelés les 4 groupes ou camps de la présence divine. Les 70 palmiers représentent les 70 anges qui entourent le trône divin qui sont délégués et responsables sur les 70 nations, ce sont des intelligences séparées. Les 12 sources d'eau vont se transformer en 12 pierres au moment de l'entrée en terre d'Israël.

Ce changement provient du fait qu'au début, la Torah était comparée à l'eau ( vivifiante et insaisissable) pour ensuite être fixée en pierre (limite). La symbolique de la pierre est l'immobilisme alors que l'eau est la symbolique du mouvement. La parole divine d'un niveau aléatoire, dans une dynamique du mouvement, va se graver dans la pierre. Les 70 palmiers font référence aux 70 niveaux qui amènent à l'éternité. Ces palmiers reçoivent des 12 lettres ''simples'' de l'alphabet hébraïque qui sont les canaux, les principes premiers qui vont se déverser dans la création.
L'eau étant le symbole de la simplicité de ces lettres. Au contraire des 70 palmiers qui ont chacun leur particularité, leur fonction propre où leurs actions ne ressemblent pas l'une à l'autre. La vie est liée à l'eau qui elle-même est comparée à la Torah. Si les 12 sources d'eau représentent les 12 tributs du peuple d'Israël, les 70 palmiers qui vont puiser de ces sources, correspondent aux 70 nations ou plutôt aux 70 anges préposés aux nations.
Ces 12 sources font référence aux 12 formes angéliques qui engendrent eux-mêmes les 70 autres formes angéliques.
Le Ramh'al explique que cette expérience qu'Israël va vivre à Élime, est l'étape qui précède le don de la Torah qui est apparemment donnée uniquement au peuple d'Israël et n'est donc pas universelle. Elle ne concerne que le peuple juif puisque la Torah n'est donnée qu'à ce peuple. Mais n'oublions pas que Dieu lui-même est allé au devant des nations pour leur proposer la Torah qu'ils ont refusée car ils n'y étaient pas préparés. Et donc dans la révélation du mont Sinaï, il n'a pas été atteint le niveau suprême de la révélation de Dieu. 
Le mont Sinaï n'était qu'une entrée en matière, c'est l'ouverture de la porte d'un palais et une fois que l'on est entré dans le palais c'est une élévation continuelle et perpétuelle.
Le don de la Torah est déjà un accès à la dimension de l'éternité. La Torah ayant été donnée avec cet aspect d'éternité. Mais avant d'être perçue dans son aspect d'éternité, elle va être vécue comme une expérience au niveau de l'eau. Ce sont des étapes qui vont nous amener à cette porte. Ces étapes vont nous apprendre que la Torah n'est pas immobile, elle est en perpétuel mouvement.
Il n'y a pas lieu alors de sanctifier et de sacraliser un temple dans le mont Sinaï car cela n'était qu'une révélation temporelle, un niveau dans le mouvement. Il faut continuer et rentrer dans ce palais dont la porte s'est ouverte au don de la Torah. Il y a lieu donc de propager et de faire connaître cette Torah. Le Midrash enseigne que Dieu a donné la Torah aux enfants d'Israël pour qu'ils puissent faire mériter toutes les nations. C'est cela l'idée des 12 sources et des 70 palmiers. 
Si au début la réalité de la Torah était pour le peuple d'Israël car il y avait une incapacité des nations à la recevoir, du fait de l'évolution au niveau de l'entendement des nations ou plutôt des anges qui sont préposés aux nations, ceux-ci vont aussi recevoir et atteindre un niveau supérieur à leur capacité à percevoir la réalité. Car chaque ange a apparemment une capacité de perception de toute l'existence. Les 70 anges des nations sont des intelligences divines ayant la faculté de percevoir la réalité du monde. Chaque nation ayant une relation particulière avec le divin à travers sa force protectrice angélique. Même Moshé au début sa communication avec Dieu se faisait par l'intermédiaire d'un ange. L'ange étant une identité singulière et autonome mais qui est animée continuellement par cette éternité. C'est ce rayon de l'infini qui intègre l'ange afin qu'il atteigne la nature. 
Le peuple d'Israël a expérimenté tous ces anges intermédiaires et c'est cela la notion de ''Élime'' qui est le niveau de Élohim, la révélation divine qui se manifeste par l'intermédiaire des 70 anges. N'oublions pas que ce peuple d'Israël est descendu en Égypte au nombre de 70. ils sont descendus avec les 70 principes divins qui animent les nations. C'est la rencontre avec les forces qui sont intégrées dans Élohim. Et donc avant de rencontrer au mont Sinaï, le niveau de révélation divin qu'est le Tétragramme représentant les forces au niveau de l'infini, il y a une rencontre, une étape autour des 70 palmiers où le peuple d'Israël atteint la véritable perception des forces de la nature qui sont révélées par Élohim.
Quel est le besoin de passer par la perception véritable de Élohim pour pouvoir percevoir le degré du Tétragramme?
Au départ de la création il est dit ''au commencement Élohim créa le ciel et la terre'' il n'est pas fait mention du tétragramme! Il s'agit d'une configuration divine, d'une volonté de Dieu qui n'est pas absolue. 
Élohim est le résultat de la rétraction de l'infinitude pour donner une place non pas à un autre dieu mais à une volonté spécifique de Dieu qui est limitée ou destinée à la création et à l'univers et à tout ce qu'il contient. Donc, le terme Élohim comme la création, est liée au divin et est régie par le Tsimtsoum, par la rétraction qui génère les limites et les forces des lois de la création.
Élohim peut être directement relié aux lois de la création mais aussi aux intelligences angéliques qui donnent en vérité la vitalité, l'âme à toutes les créatures. 
Israël avait besoin de connaître ce principe de Élohim. Ytro va atteindre seul cette énergie contenue dans le terme Élohim. L'idolâtrie puise sa force d'un aspect du divin. L'idolâtrie étant la séparation des volontés divines.
Le travail de l'homme n'est pas de proclamer son unité mais d'unifier toutes ces forces divines comme le verset le proclame « écoutes Israël, Dieu est notre Élohim, Dieu est UN» c'est l'unification des forces que génère Élohim. 
Les autres Nations ne restent que dans cet état de Élohim sans possibilité de les unifier pour atteindre ''AVAYA''. 
Et donc ce qui manquait à Ytro est l''unification de toutes ces forces car elles n'ont de pouvoir que parce que l'éternel leur en donne. Le peuple d'Israël va alors rencontrer à Élim tous ces anges avec les 12 sources qui donnent justement la force à ses anges de nourrir les nations. 
Ces 12 sources qui correspondent aux 12 tributs sont la symbolique des 12 permutations du tétragramme'. il y a 12 manières de permuter les lettres du tétragramme. Chaque tribut correspondant à une permutation de ces quatre lettres.
Les 70 nations correspondant au nom Élohim dans toutes ses permutations. Chaque peuple recevant directement son énergie de la configuration des lettres qui forment le nom Élohim. 
Autour du trône divin, il y a 70 anges qui sont structurés sous forme de paliers qui est l'idée de la gradation. Par contre au niveau du trône, ils sont sous forme de cercle. On peut considérer le trône divin comme les 12 sources d'eau qui sont reliées à un pôle central qui va déverser son énergie à chacune de ces sources. Et autour de toutes ces sources, il y a les 70 palmiers qui forment cette réalité des 70 nations autour d'Israël.
Cet arrêt à Élime va permettre au peuple d'Israël de jouer son rôle de luminaire pour les nations mais aussi de nourrir les intelligences angéliques.

Dans le temple, le Ramh'alexplique qu'il y avait deux autels. Un pour sacrifier les animaux qui se trouvait au niveau de la cour du temple, qui était pour purifier les instincts animaux de l'homme et expier ses fautes et il y avait un autel pour brûler des encenses qui se trouvait à l'intérieur du temple. 
L'autel extérieur servait aussi à purifier l'esprit des anges. Alors que l'autel intérieur était pour le sacrifice des âmes et c'est le don de soi qui correspond à l'offrande des âmes.
Il y a alors deux offrandes: l'offrande des anges par le sacrifice animal et l'offrande des âmes par la combustion des encenses. 
Lorsque l'on parle des sacrifices d'animaux, on parle de la réparation au niveau du corps humain et lorsque l'on parle des combustions des encenses, on parle de la réparation de l'âme. Cette âme humaine est l'âme divine qui est à l'intérieur du palais. 
On peut considérer dans ces deux aspects du Tikoun du monde, un aspect qui s'appelle la ''AVAYA'' qui apporte l'idée de l'éternité et il y a un deuxième aspect qui est l'idée du divin'.
C'est la révélation de Dieu dans l'histoire c'est-à-dire dans la nature même de ce monde. Bien que Élohim est différent de AVAYA, il en est son émanation pour créer et gérer l'histoire.
Le problème ne provient que lorsque l'on s'arrête à Élohim tout seul, cela génère alors l'idolâtrie car il y a alors dissociation d'avec l'unité du tétragramme.Il faut alors à tout prix faire cette unification de toutes ces forces venant de Élohim avec AVAYA. C'est pour cette raison que le peuple d'Israël est venu avant le don de la Torah à Élime pour faire cette unification des 70 forces de Élohim aux 12 sources du tétragramme.

C'est Ytro qui est le premier à faire cette unification
L’Égypte est le centre de toutes les forces qui sont à l'intérieur de Élohim. Moshé avait lui-même le Daat Élohim, l'esprit de Dieu saisissant la pensée divine dans son ensemble mais pas dans ses spécificités car il se tenait face à face avec Dieu. Son entendement était de l'ordre de AVAYA. 
Ytro avant même le don de la Torah, prononce le tétragramme. Il est déjà le précurseur de ce que Israël va vivre sur le mont Sinaï. Il perçoit le transcendant et l'immanent de Dieu. Cette relation de l'éternité dans la temporalité existe grâce aux palais et au trône divin.
Ytro a compris cette unification des forces par la sortie d’Égypte. À Élim, cette unification ne va pas se faire par la confrontation mais par l'entendement. Le Zohar explique qu'au moment où Ytro a reconnu la puissance unificatrice qui relie toutes les forces, ces même forces ont elles-aussi reconnu Dieu.

Rav Mordékhaï Chriqui 5776
Retranscription Rav Michael Smadja

Publie par la Source des sagesses

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Paracha - Ytro - Lien Amalek et Ytro


Paracha ''Ytro'' 

Lien entre Ytro et Amalek



La Paracha parle du don de la Torahmais avant d'arriver à ce moment, les enfants d'Israël ont rencontré Amalek. Comme il est dit sur le verset ''et Ytro a entendu'' qu'a t-il entendu? La guerre contre Amalek. 

Le Zohar fait un lien entre Ytro et Amalek. La guerre contre Amalek a entraîné une brisure des forces de l'impureté et une soumission de ces forces de la Klippa, de l'écorce. Et ceci aussi grâce à Ytro car il a compris à ce moment qu'il n'y avait aucune force dans la Klippa et l'idolâtrie. Il connaissait toutes les forces idolâtres du monde pour à la fin reconnaître que seul Dieu dirige toutes ces forces. ''maintenant je sais que Achem est Élokim''.

Le Zohar comprend que cette guerre a fait prendre conscience à Ytro de l'illusion de toutes ces forces dans le monde jusqu'à ce que toute la Paracha soit appelée sur son nom. Cela veut dire que cette soumission et cet abandon de Ytro à Dieu a entraîné le don de la Torah. Et donc cette guerre contre Amalek est ce qui a permis le don de la Torah. Lorsque Ytro a vu toutes ces forces dominatrices et orgueilleuses reniant le pouvoir divin, asservies et soumises à Dieu, n'étant que des productions de sa volonté unique et infinie, il a compris alors ce qu'était la réalité de ce monde et il a eu le mérite d'avoir une part dans notre Torah.

Bien que les Hébreux ont vu tous les miracles de la sortie d'Égypte et de l'ouverture de la mer des joncs, il y avait toujours la possibilité de refroidir leur foi. Malgré tous les miracles qu'un homme peut percevoir, il aura toujours en lui un Amalek qui va se réveiller pour le faire chuter. Ces miracles ne sont que des accidents naturels…

seul notre force, notre intelligence est notre dieu. C'est cela le travail de Amalek. Mettre un semblant de logique naturelle dans la conduite de ce monde.

Mais pour percevoir l'unité divine et la conduite inexorable de sa volonté vers son but final qui est la révélation divine, ''et Ytro a eu peur (vayh'ad Ytro)'' langage d'union, il faut annuler toutes les philosophies erronées qui se dressent devant l'homme qui avance dans le chemin de la vérité. Il faut casser cette perception des sens et lui faire la guerre. Si tu ne t'attaques pas à ton intelligence sensorielle, c'est fini, la guerre est perdue.

Ytro a compris cette guerre ''et Ytro a entendu'', il a gagné cette guerre. ''vayih'ad Ytro'' il a uni son cœur à Dieu et est devenu juif. De même, à l'époque de Pourim, les enfants d'Israël ont reçu la Torah avec amour, et cela après qu'ils aient fait la guerre à Aman. Sans avoir combattu et gagner Aman, il est impossible de recevoir la Torah. C'est-à-dire sans vaincre cette perception de la vie comme nos sens nous la fait percevoir, il est impossible de rentrer dans le chemin de la Torah.

Il est écrit:'' il est impossible de se tenir dans les paroles de Torah tant que nous n'avons pas trébuché sur elles'' la base de tout est le déni.

L'idolâtrie est la source de toutes les fautes. Se séparer de l'unité divine est la faute qui engendre toutes les mauvaises qualités de ce monde.

L'exil et l'esclavage en Égypte ne suffisent pas pour recevoir la Torah. La purification n'est pas terminée, le serpent est toujours là. Ce qui a tué le serpent est le coup qui lui a été donné au niveau de la tête. 

En vérité, la klippa, l'écorce précède le fruit, recouvre le fruit, le protège. Amalek est le contraire de l'unité, c'est l'expression de la dualité. C'est le principe de l'accident, du hasard. C'est ce qui contre-dit la raison primordiale. Amalek est la cause proche de toute chose car il ne peut renier que toute chose a une cause.

Mais pour lui, la cause principale est la cause proche déclenchée par notre perception. C'est sur cette idée de cause principielle que se fait la guerre contre Amalek.

Amalek d'après le Zohar est le principe même de la domination des Kélim, renforcement de la Klippa. Il est le principe des dieux étrangers ''אל אחר'' a la même valeur numérique 240 que עמלק, Amalek. La symbolique de la dualité. 


Et pour cela, Moshé devait prendre Yéhochoua pour faire la guerre contre Amalek. La Torah est la cause primordiale de toute chose. Dieu est la cause cachée et imperceptible mais il y a une cause révélée ''il n'y a de commencement que la sagesse'' ''il n'y a de commencement que la Torah'' et Amalek est le commencement des nations qui est la perception de la cause proche au contraire d'Israël qui est la perception de la cause principielle. Il faut arriver au départ à annuler cette perception sensorielle qui n'est engendrée que par la cause proche qui occulte et fait abstraction de la cause réelle de l'unité divine. Il faut effacer la connaissance superficielle pour s'annuler dans la connaissance supérieure de l'unité divine.



Rav Mordékhaï Chriqui
Retranscription Rav Michael Smadja 5776
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dimanche 28 janvier 2018

Jerusalem - Le centre de la réparation du monde

Jérusalem au centre de la réparation du monde


C'est la réparation d'une conscience universelle où toutes les créatures font partie d'un même projet. Cette réparation amène à la perfection du monde. 

Extérieurement, nous avons l'impression de vivre notre vie de manière singulière mais inconsciemment si nous faisons partie de la création, c'est que nous avons chacun une utilité dans la direction divine. Cette raison d'être nous échappe souvent. Comme le dit l'enseignement « il n'y a pas de chose qui n'a pas sa fonction, qui n'a pas son endroit, qui n'a pas son heure». 
Tous les moments, tous les instants, toutes les créatures convergent vers un même but. Chaque créature tant qu'elle est dans ce monde, a un rôle a joué. 
La fin n'arrive que parce que sa mission est terminée. Nous devons être conscient que nous jouons un rôle tous ensemble , il y a un plan divin et la majorité des gens ne le connaissent pas. 
Ce ne sont pas uniquement ceux qui accomplissent les commandements de la Torah qui accomplissent le plan divin mais même ceux qui n'étudient pas ou n'accomplissent pas les commandements car nous sommes tous reliés à un même principe universel qui unit aussi bien les enfants de Noé que les enfants d'Israël. 
Ce principe est la foi dans l'unité primordiale de cette même création. Cette unité primordiale n'existe pas seulement en restant passif mais elle agit continuellement pour justement amener la création à sa perfection. Car le monde a été créé avec des lacunes et par ces lacunes. Ces lacunes vont progressivement être réparées par les hommes non seulement par les difficultés et les épreuves mais aussi par cette conscience de faire partie de cette réparation. Être un sujet dans l'histoire est justement d'être conscient de ce plan divin. Dieu n'a pas créé le monde pour faire la police car le but ultime de la direction divine est de révéler sa présence dans la création, il est le moteur même de la direction de ce monde. Dieu n'est pas que la puissance créatrice qui se retire après de ce monde où il n'est là qu'en simple observateur pour juger ses créatures et faire la police. La foi en Dieu est beaucoup plus profonde que cela. C'est la foi qu'il y a un sens à la conduite de l'histoire inexorable en dehors même de la volonté humaine. 
Il y a une harmonie extraordinaire dans les lois de la création afin que les créatures puissent exister. Il faut un nombre illimité de paramètres pour que les créatures puissent exister au moment présent et il est impossible de croire que ces paramètres soient de l'ordre du hasard ou liés à une cause proche déclenchée par une action humaine. Tout le monde reconnaît qu'il y a un ordre mais uniquement dans la création et non dans l'histoire car le libre arbitre intervient et semble régir toute action qu'elle soit bonne ou mauvaise. Les gens ont donc une difficulté à comprendre le sens de leur vie. Il est plus facile de comprendre à posteriori que Dieu n'agit que pour le bien mais le vivre au moment présent, il faut une étude approfondie dans la structure même de la création. Pour le Ramh'al, la perfection n'est pas le bien mais la transformation du mal en bien. Car le monde est duel et au moment de la création, il y avait déjà deux arbres: l'arbre de l'éternité et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Ce sont les deux voies de la conduite divine mais notre foi est de faire l'unification de ces deux axes, de ces deux arbres. 
C'est l'union du Dieu transcendant d'avant la création ''AVAYA'' avec ses configurations de la création car en vérité nous ne connaissons Dieu qu'à partir de ses créatures. Ce n'est qu'en faisant l'unification de ces deux aspects du divin que nous percevrons Dieu dans la conduite de l'histoire. Cette existence d'avant l'espace-temps est la même après la création. Avaya est seulement dissimulé par ses propres lois qu'il a créées qui sont Élokim, les lois de la création et de la nature. Il n'est pas que le Dieu transcendant mais il est immanent. Il ne crée pas uniquement, il dirige aussi, il amène inexorablement la création à sa perfection par le moyen de ses créatures. Pour le Ramh'al, la Kabbale n'est pas qu'une science de la cosmogonie c'est-à dire la sagesse de l'insaisissable mais c'est la sagesse du Dieu directeur qui dirige en permanence sa création. Il l'a renouvelle à chaque instant, il renouvelle toutes ses créatures en même temps jusqu'à leur dernier souffle de vie. C'est le Dieu omniscient et omnipotent. Il est non seulement le Dieu de la création mais aussi le Dieu de l'histoire comme le verset proclame: « je suis Hachem ton Dieu qui t'as fait sortir d’Égypte» et non pas « qui a créé le monde».

D'après le Ramh'al, les 210 ans d'esclavage avaient pour but de façonner cet arbre constitué de 600 000 âmes d'Israël afin de révéler l'unité divine de manière parfaite. Ces âmes représentent l'âme universelle de la création. Il ne s'agit pas de séparer un peuple de parmi les peuples et de créer la zizanie bien que la plus grande partie des hommes et des juifs aussi pensent que c'est ce qui s'est passé et qui a entraîné encore d'autres tragédie car ils ne perçoivent que l'extériorité des choses. Il y a alors une tragédie qui se révèle, la haine du peuple d'Israël par cette sortie d’Égypte et surtout par le don de la Torah. 
La Torah qui nous singularise a en même temps créé une haine car ses lois nous obligent à nous écarter des nations! 
De même en nous donnant la terre d'Israël, Dieu ne nous donne pas une terre vierge mais une terre déjà habitée par les nations. Cela va donc engendrer encore de la haine. 
Mais en vérité, il y a une universalité de la Torah et du peuple d'Israël qui le relie à toutes les nations. Nous voyons que si un seul homme fait un retour authentique vers Dieu, le monde est réparé par lui. Un petit groupe de dix personnes si elles sont dans la même fréquence, ayant la même relation avec Dieu, peuvent réparer toute la création car elles vivent une même expérience divine. Un petit groupe d'hommes peut amener tout un monde à cette conscience d'âme du sens de l'existence. En recherchant dans toutes les sciences et même dans la Torah exotérique, nous ne pouvons trouver le véritable sens de la vie car cette démarche n'est déclenchée que par la perception des sens. Même le roi David ne comprenait pas le rôle de l'araignée dans la création. Pour comprendre la création, l'homme a besoin d'être en relation avec elle. Ainsi lorsque le roi David a vu que l'araignée l'avait sauvé, il a compris son utilité mais ce n'est qu'une compréhension des sens et donc subjective et relative. Il y a une autre forme de relation qui est universelle pour comprendre le sens de la création et qui est objective. Tout ce qui existe dans le monde a une utilité et la même pensée suprême qui a créé toutes les créatures et qui les a disposées dans cet univers, leur permet aussi de subsister. Tant que la créature existe et perdure, cela veut dire qu'elle a encore une utilité dans la création et dans son histoire. Cette utilité est d'amener le monde à sa perfection c'est-à-dire à l'éternité. Tant qu'il y a la détérioration et donc la mort, tant qu'il y a la désuétude et donc la limite, il y a une force qui ne permet pas au monde de se perpétuer. La perfection n'est liée qu'à l'infini et à l'éternité. Puisque toutes les créatures ne peuvent se perpétuer indéfiniment car il y a une force qui les en empêche. Cette force dans la Kabbale s'appelle ''les rois primordiaux''. Ces rois représentent les vases, les réceptacles qui permettent de percevoir et de recevoir donc la lumière divine. Toute forme d'existence est un réceptacle. Il y a un émetteur et un récepteur et un récepteur peut aussi être un émetteur, une force dirigeante comme des parents par rapport aux enfants, comme la terre par rapport aux graines, aux semences. Mais en vérité, toutes les créatures n'ont que ce titre de vase et même les lois de la création, les lois de la nature ne sont que des vases et donc ne sont pas perpétuelles et même le soleil n'est pas éternel. Le Ramh'al nous enseigne que le monde évolue vers cette perfection qu'est l'éternité où tout est ressenti comme étant dirigé par une force suprême et qui organise tous les événements pour arriver à un but commun. En d'autres termes, nous allons comprendre que l'histoire a un but. Tout le monde est conscient maintenant qu'il y a un début à cette création et donc un Dieu créateur mais qui ressent qu'il est le Dieu de l'histoire? Le prophète proclame « je suis le premier et je suis le dernier» c'est-à-dire je suis UN avant la création et UN même après la création des multitudes de créatures. Comment cela est-il possible? L'histoire du monde n'est pas en fait l'histoire de l'homme mais l'histoire de Dieu. C'est l'histoire du dévoilement de son unité car la création n'est pas un acte révélateur mais au contraire un acte de dissimulation. Le monde ''olam'' devient ''élem'' dissimulation mais la dissimulation de qui? Du chef d'orchestre, du maître de l'histoire. C'est la cause des causes qui unifie et qui fait l'harmonie entre toutes ces causes. 

Chacun de nous par sa prière, par sa méditation, par ses actions aussi a une influence dans le cours des choses non seulement à un niveau individuel mais aussi à un niveau universel, par sa capacité à se concentrater et par son lien avec l'âme universelle qui s'appelle la ''Chékhina'', la présence divine. Selon notre degré d'adhésion avec la Chékhina, une influence se révèle et s'épanche sur la création. Le Talmud enseigne que la mort d'un juste est plus dévastatrice que la destruction du temple. Il faut pleurer le juste plus que le temple. Celui qui tue une personne, retire la présence divine de ce monde. Donc il y a un lien qui unifie le microcosme et le macrocosme.
Rabbi Shimon qui a expliqué les plus grands mystères du monde et de l'existence, finit son œuvre avec une phrase incompréhensible. En expliquant les différentes configurations de Dieu, que l'on appelle les ''Partsoufom'', les ''visages'', il y a un visage qui s'appelle le ''féminin divin'', la ''Noukva'' qui se traduit en français par ''immanence'', la présence divine, le Dieu ''d'en bas''. Comme la terre qui représente le principe féminin, ainsi, il y a dans la symbolique de la configuration des visages de Dieu, un principe qui reçoit. Il y a un capteur dans le monde qui capte et qui ramène le tout. Un peu comme la terre qui capte la semence et qui fait sortir les plantes et aussi les ronces, les épines et les fruits. Au niveau métaphysique, existe ce principe qui s'appelle la ''présence divine''. Cette présence n'a pas une place spécifique même si au début du début elle a une place dans la création originelle. Avant de sortir en action, il y a la restriction de la lumière infinie divine qui est une sorte de communication qui se crée entre Dieu et lui-même c'est-à-dire entre l'être et cette présence qui est la conséquence d'une ''séparation'' de ces ''deux'' principes comme il est ainsi enseigné à propos de la création de l'homme, Dieu dit: « nous allons faire....» à qui Dieu dit ''nous''? En fait ce sont les visages de Dieu qui se parlent entre eux d'après le Zohar. (Il est difficile en vérité de parler de configuration dans l'unité de Dieu mais il faut s'habituer à ce langage du Zohar). Ces configurations en vérité ne sont pas séparées. Au moment de la création, les lettres commencent à apparaître l'une après l'autre afin de dire à Dieu de créer le monde. Ce sont les 22 lettres de la présence divine, du principe féminin. Cette âme du monde correspond à ces 22 lettres et chacune de ces lettres vient devant Dieu et lui demande d'être le principe créateur du monde. Mais Dieu repousse chacune des lettres jusqu'à la lettre Beth, la deuxième lettre de l'alphabet qui est l'initiale du mot ''Brakh'a'', bénédiction. Le verset dit « car c'est là-bas que Dieu a ordonné la bénédiction, la vie jusqu'à l'éternité». Les mots de ce verset ont été les derniers mots prononcés par Rabbi Shimon. Son dernier mot prononcé a été le mot ''vie''. Il a été prononcé lorsqu'il parlait de Sion et de Jérusalem. Il y a une différence entre Sion et Jérusalem. Sion représente les nations et Jérusalem représente Israël. Si la présence divine est partout, pourquoi Dieu nous a t-il donnés une terre spécifique? En quoi une terre est-elle nécessaire pour servir Dieu puisqu'il est partout? Encore plus, lorsque le temple sera construit, le service des sacrifices ne pourra plus se faire ailleurs que dans ce temple!
Il y a dans le temple, une pierre angulaire qui puise de l'au-delà et qui épanche vers le monde. L'univers a été installé à partir de cette pierre qui se trouve dans le saint des saints. Jérusalem n'est pas uniquement la capitale d'Israël mais elle est aussi la capitale de l'univers. Cette place qu'est Jérusalem appartient à tout le monde.
Jérusalem vient du mot ''Yéroucha'' héritage et ''Chalem'' parfait, c'est la complétude de toutes les plus grandes villes du monde. Il n'y avait pas une sagesse qui ne se trouvait pas en elle. Jérusalem était la plus grande des villes aussi au niveau de la connaissance. La grande intelligence du Roi Salomon était d'avoir construit le temple.
Les mesures mêmes du temple sont les mêmes mesures avec lesquelles le monde a été créé, ce sont les Séphirot, les principes premiers avec lesquelles Dieu crée. Ces mesures prennent une dimension avec un nombre comme si le nombre était le début de tout. Le nom ''Séphirot'' a en lui la racine du mot ''compte''. Par des calculs astronomiques exceptionnels, le temple va regrouper le temps universel. Ce n'est pas l'espace comme dans l’Égypte car les pyramides correspondent à l'espace. Par contre le temple correspond au temps, le Roi Salomon est un bâtisseur du temps. Pour cela, dans le temple, il y avait un service lié au temps. Il y avait 24 groupes de prêtres par rapport aux 24 heures de la journée. Le temple reliait toutes les créatures au projet divin qui est d'amener le monde à cette conscience de la direction de l'unité absolue. Pour construire ce temple, il fallait quelqu'un qui connaît très bien le comportement humain afin de relier aussi bien l'espace que l'être par le temps. C'est un espace qui n'est pas lié qu'avec le temps mais qui est aussi lié avec l'être. C'est l'être qui va relier cet espace au temps comme le verset le dit: « et vous me ferez un sanctuaire et je résiderais parmi vous» par cette construction issu de l'espace-temps, Dieu va se réaliser dans les êtres, dans l'âme humaine. Jusqu'à présent l'âme est passive, elle n'est pas dans la dynamique du temps. Mais avec le temple, il y a un travail qui commence par l'âme humaine. Avant le service du temple, il n'y a pas un partage entre le maître du monde et la créature car l'être se dissipe dans cet être suprême. Cette relation qui fait que nous avons aussi un rôle à jouer dans la transformation de la matière, dans la transformation du temps, dans la transformation de l'histoire, se fait à partir justement de cette union avec la Chékhina. À l'époque du Roi Salomon qui était une relation exceptionnelle pour des êtres exceptionnelles, cela va devenir élémentaire pour chacun. La prophétie va devenir quelque chose de naturel pour tout homme qui entrait dans le temple. Au moment de la destruction du temple, cette relation s'est évaporée.
À quoi correspond le temple de Jérusalem? Car en vérité, le problème n'est pas Jérusalem mais le temple! Dieu a créé entre Israël et les nations une zizanie et en même temps il veut que l'on réalise cette réparation avec toutes les nations. D'un côté, Dieu donne à Israël une terre déjà habitée qu'il faut alors conquérir, il donne à Israël une Torah et non aux nations. Cela crée une haine des nations sur Israël. Ces deux pans de l'histoire correspondent à Essav et Ichmaël, la foi est révélée par les chrétiens, c'est la connaissance de Dieu et donc la jalousie de la Torah. Yshmaël correspond à la poussière et la terre, les musulmans revendiquent donc la terre d'Israël. Les musulmans vont devenir les bâtisseurs d'Israël. Alors que les chrétiens ont un problème avec la perception de Dieu et de sa Torah et vont donc faire d'un homme un dieu avec une nouvelle torah. C'est un peuple qui veut à tout prix exprimer l'être alors que Ishmaël veut exprimer la terre. Donc l'espace est représenté par Ishmaël et l'être par Essav. Israël est lié à cette dimension du temps qui est révélée par le tétragramme car en fait Dieu n'est pas l'être mais celui qui réalise le temps. Il n'y a pas un instant sans son existence, il ne peut y avoir de séparation entre lui et les êtres existants. L'être primordial permet l'existence de chaque créature à chaque instant. Le temple est la matérialisation de ce temps éternel et qui produit une vie qui va vers l'éternité et non vers l'éphémère de la dualité. La sortie d’Égypte est cette relation avec l'infini, c'est la sortie du temps humain pour entrer dans un temps divin. Ce temps divin est représenté par le tétragramme ''AVAYA'' qui veut dire ''il était-il est-il sera'', ce passé-présent-futur est lié à un instant et cet instant est la présence divine actuelle non pas dans le passé ni dans le futur mais dans le présent. C'est cela la ''vie'', cette énergie liée à l'instant présent. C'est un présent en continuel devenir. l'homme ne connaît pas ce temps car il faut sortir de l’Égypte qui correspond à l'espace. En sortant de cet espace-temps, Israël a franchi 42 étapes pour arriver à la terre sainte au-delà de l'espace-temps. Ce chiffre de 42 correspond aux initiales hébraïques ''MAB'' pour ''MAassé Béréchit'', l'acte de la genèse, l’œuvre de la création. La création est terminée et nous ne sommes plus alors dans l'histoire de la création. Nous sommes alors dans le temps divin et au moment du don de la Torah, Israël a déjà expérimenté cette quintessence de la vie éternelle en atteignant la 50ème porte de la sagesse, le 50ème jour de la sortie d’Égypte. 
Le monde se dirige vers un but qui est le retour vers l'éternel. Toutes les créatures doivent amener le monde, l'univers et tout ce qu'il contient à cette dernière phase qui est le dévoilement de l'unité. C'est-à-dire comprendre que toutes les créatures et les événements ont une utilité dans l'histoire. C'est cela ''AVAYA'' c'est Dieu dans le temps et pas uniquement Dieu de la création qui aurait un regard sur sa création pour la récompenser ou la punir. Il est le Dieu qui anime tous les moments, tous les instants de toutes les créatures en même temps dans ce présent éternel. Certains êtres sont liés à cette conscience universelle de l'instant présent, à la présence divine. Leur cœur bat en même temps que cette âme. Il y a un cœur qui bat pour tout le monde. Les grands sages lorsqu'ils voient les malheurs dans le monde disaient ''malheur à ma tête'' ''malheur à mon cœur'' car leur cœur battait avec le cœur du monde. Ils ressentaient l'évolution du monde.
Le temple reconstitue toute l'histoire du monde non pas les mesures de la création du monde comme les pyramides d’Égypte, non pas les milliards d'années de la construction du monde ou bien les milliards de neurones ou d'étoiles dans la voie lactée. La véritable révélation de Dieu ne se fait pas dans la création bien que celle-ci soit absolument parfaite dans sa réalisation mais dans l'harmonie qui se révèle par l'histoire au travers des hommes. Comment peut apparaître un ordre dans cette histoire des hommes qui ne se révèle que par le désordre et le mal? Cet ordre de l'harmonie parfaite divine de l'histoire ne pourra se percevoir que lorsque le mal et cette opposition de forces seront perçues de manière unitaire. Cela ne dépend que de la perception de l'homme qui de spécifique doit devenir universelle. C'est la perception individuelle de la vie qui révèle le mal. Cette perception duelle, cette logique qui est basée sur la perception des sens qui fait comprendre à l'homme une chose par son contraire. C'est la lune qui provoque cette dualité, 14 jours de croissance et 14 jours de décroissance. Ces 28 jours représentent la dualité que le roi Salomon a révélé qui est liée justement au temps. La première Mitsva qui a été donnée à Israël a été de sanctifier la lune c'est-à-dire le temps, percevoir Dieu dans le temps à chaque moment de l'histoire de la création. Car il y a un temps humain qui est lié à l'espace et non pas à l'être suprême et ce temps va révéler l'être singulier qui est la résultante de la séparation d'avec l'être primordial. Cet être singulier ne peut perdurer que dans un temps restreint en dehors du temps divin qui n'est que présent. Il lui faut un espace pour réaliser ce temps afin que son être puisse exister en tant que tel et se mouvoir dans cet espace-temps créé par sa perception sensorielle. Se révèlent à l'homme alors le doute du lendemain et les regrets du passé. Le temple va donner un sens à toute l'histoire de l'humanité en révélant le véritable temps car ce qui manque à l'homme dans son espace-temps est le futur, la direction qui l'amène au véritable futur qui en vérité n'est que la révélation du véritable présent.
C'est avec les deux grandes nations que sont Essav et Ishmaël et à partir d'eux que va se réaliser la construction du temple. Tout procède de cette place et tout revient à cette place. Le temps n'existe pas en vérité, la seule chose qui existe est l'unité. Cette unité a été découpée en une multitude de parcelles dispersées dans le temps et l'espace. En réunissant toutes ces parcelles d'espace-temps, la révélation divine alors apparaîtra. L'homme comprendra d'où le monde procède et où le monde doit arriver c'est-à-dire au temple. C'est le seul lieu où l'émanation divine et Dieu vont commencer à se séparer. C'est l'espace où la brisure de symétrie des forces créatrices va se faire. C'est l'endroit où il y a la séparation du récepteur et de l'émetteur qu'est le rayon de l'infini. À partir de ce moment, l'homme est ''libre'' et n'est donc plus en communication avec l'infini. Tant que l'homme était dans le nombril du monde, il était animé par quelque chose qui le dépasse. Dieu par la brisure de symétrie veut que l'homme expérimente cette séparation et soit autonome. Grâce au temple, qui est une sorte d'écran par lequel Dieu voit tout et dirige tout, le saint des saints, la salle des machines, il envoie tout à tout le monde. Il y a donc un lieu où toutes les actions se réunissent et où tous les cœurs doivent se pencher et s'orienter pour le reconstruire. Alors le temple deviendra une maison de prière pour toutes les nations. Toute l'humanité se reconstruit grâce à cette connaissance issue du temple et que le roi Salomon avait atteint. C'est la connaissance du roi Salomon qui relie le vase et le rayon. Le Zohar est cette science qui unifie le rayon au vase. Lorsque l'on saura rattacher chaque moment éphémère, chaque événement à l'éternité, alors l'unification de la lumière et du vase se fera: 
« AVAYA est Élokim» les lois de la nature, les vases, représentées par Élokim ne sont pas autre chose que l'éternité du rayon divin représenté par AVAYA. La vie n'a de sens que dans l'éternité, que dans la relation que l''homme forge avec Dieu. Et cette éternité ne se révélera que dans le saint temple de Jérusalem.

Rav Mordékhaï Chriqui 5778
Retranscription Rav Michael Smadaj
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