jeudi 30 novembre 2017

Paracha - Vayichlah - Le combat de Jacob


VAYICHLACH : LE COMBAT DE JACOBOU L’UNIFICATION DU CIEL ET DE LA TERRE

 
Dans notre paracha, Jacob revient de son long exil de Padan Aram, et se prépare à rencontrer son frère Esav. Rachi nous enseigne que Jacob s’y est préparé de trois façons différentes :
 par des cadeaux, par la prière, et par la guerre (Rachi sur Béréchit 32, 9). 
Et avant cette rencontre tant redoutée par Jacob, celui-ci traverse le gué de Jaboc, dépose sa famille de l’autre côté du torrent, puis, sans raison apparente, retraverse le gué en sens inverse, et y demeure seul la nuit. C’est lors de cette nuit qu’un ange l’attaqua, et le blessa à la hanche.
Le Midrach nous révèle qu’il s’agissait de l’ange d’Esav. Le combat que Jacob redoutait eut donc lieu, mais par l’intermédiaire d’un ange. Que vient nous signifier ce combat des plus étranges, un homme contre un ange ? 
Et pourquoi, comme introduction à ce récit, la Torah nous précise-t-elle le lieu du combat, Jaboc ?
 Et pourquoi Jacob est-il revenu sur ses pas pour rester seul toute la nuit ?

Cet épisode insolite cache évidemment une profonde signification. Si la Torah décrit pendant dix longs versets ce combat avec l’ange, c’est que ce récit est porteur d’un message fondamental qu ‘il nous faut décrypter. De plus, il va engendrer un changement d’identité chez Jacob, puisque l’ange l’appellera Israël à l’issue de la victoire du patriarche. C’est dire que cette lutte représente un tournant dans l’histoire du peuple juif, en gestation chez Jacob.

Le Midrach nous dit que cet ange couvrait le tiers du globe terrestre. Cette métaphore n’est évidemment pas à prendre au pied de la lettre (ce serait presque un non-sens de le faire, puisque par définition un ange n’a pas de contour physique, et ne peut donc pas couvrir une entité physique qu’elle qu’elle soit), mais vient nous signifier que l’ange d’Esav possédait un pouvoir immense, qui s’étendait sur un tiers de la planète. (Ce midrach est d’ailleurs fort prémonitoire, puisque les chrétiens, descendants d’Esav par l’intermédiaire de Rome, représentent aujourd’hui près d’un tiers de la population mondiale.)
Le combat qui se déroule entre l’ange d’Esav et Jacob a donc une portée méta-historique : il vient préfigurer les différences principielles qui opposeront la vision juive du monde à celle du monde occidental. Quelles sont ces oppositions, et en quoi les détails relatifs à ce combat sont autant d’allusions à ces différences conceptuelles ?

Comme nous l’avons vu dans la paracha Toldot, Esav est, d’après le plan idéal d’Isaac, celui qui aurait dû prendre en charge la matérialité et l’élever vers la spiritualité représentée par Jacob. Mais Rivka comprit très vite qu’Esav n’était pas capable d’ assumer ce rôle dans l’histoire, et que c’est Jacob seul qui aurait la charge de la matérialité et de la spiritualité. Le combat de l’ange avec Jacob n’est que le dernier sursaut des forces représentées par Esav pour conserver malgré tout le contrôle de la matérialité dans ce monde, et surtout dans son rapport avec la spiritualité. Esav, en tant que personne physique, a déjà perdu ce contrôle, puisque la bénédiction d’Isaac a été donnée à Jacob. Alors il envoie son ange, forme supérieure de tous les pouvoirs qu’Esav peut détenir[1]. Ce combat préfigure donc la lutte trans-historique du peuple juif avec toutes les forces représentant les autres cultures, celles qui vont donner la suprématie à la matérialité. Esav est en effet celui qui chasse, celui qui veut assujettir le monde de la matérialité à sa volonté. Ce désir peut être en soi positif, mais à condition qu’il soit soumis à un idéal supérieur, celui de la sainteté. En effet, si D.ieu a créé le monde matériel, ce n’est pas pour nous en dissocier, mais au contraire pour l’associer au monde de la sainteté, l’élever vers les sphères supérieures. Travailler le monde de la matérialité est donc en soi une chose positive, mais à la condition que ce travail ait pour but de l’intégrer dans le monde de la spiritualité.
C’est ce que vient révéler en filigranes le combat de Jacob avec l’ange : dompter l’extériorité du monde pour l’insérer dans l’intériorité, dans la spiritualité qui en deviendra vivante. En effet, une spiritualité dénuée de matérialité, coupée du monde de la réalité, n’est qu’une vaine bénédiction, un souhait qui restera lettre morte. Si l’homme voit dans son corps une prison, une entrave à l’ascension vers la spiritualité, il vivra une vie « schizophrène », c’est-à-dire séparée en deux par une frontière indépassable ; d’un côté le monde de la réalité, du matériel , du travail, et de l’autre l’univers du sprituel, de la « vérité », ces deux mondes n’ayant pour lui aucun point commun. C’est justement le projet de Jacob de relier ces deux mondes pour qu’ils ne fassent plus qu’un, et cette tentative de syncrétisme est symbolisée par son combat avec l’ange d’Esav, l’ange de la matérialité.
Le nom de Jaboc, le lieu du combat, est évocateur de cet enjeu quasi-cosmique. Cosmique, car il s’agit de savoir qui, d’Israël ou des nations, dominera dans ce monde pendant tout le temps de l’histoire. Jaboc porte la guématria de 112 (י בק ) qui correspond aussi à la somme numérique de deux noms divins, le Tétragramme et Elokim ( 26 et 92, respectivement). Or ces deux noms sont deux configurations divines représentant respectivement D.ieu transcendant la nature (le Tétragramme), et D.ieu créateur, fixant les lois de cette nature (Elokim). Ces deux dimensions divines font pendant aux deux dimensions qui nous occupent dans cette paracha, à savoir l’extériorité et l’intériorité, le matériel et le spirituel. En fixant le lieu du combat à Jaboc, Jacob marque d’entrée de jeu le but de cette lutte : pouvoir réunir les deux aspects de la direction divine dans le monde , l’aspect purement spirituel, et l’aspect enchassé dans le matériel, venant élever, « corriger » le matériel vers des sphères spirituelles.
Il est remarquable de noter que ce combat eut lieu lors du retour de Jacob en Eretz-Israël. Le texte semble nous dire que cette tentative de réunion des deux mondes ne peut se faire qu’en Israël, lieu de rencontre par excellence du monde de la spiritualité avec celui de la réalité.
La motivation du retour de Jacob sur ce lieu, alors qu’il avait déjà fait franchir le gué à toute sa famille et ses biens, est aussi révélatrice de ce projet. Le Talmud nous dit en effet que Jacob revint sur ses pas pour chercher de petits ustensiles (Traité Houlin 91a) ; et la Guemara de s’étonner : pourtant la Torah nous dit qu’il avait déjà fait franchir le gué à tous ses biens, puisqu’il est écrit (32, 24) : « il fit passer ce qui était à lui » ; tous ses biens, sauf ces quelques menus ustensiles, ceci pour nous apprendre, conclut Rabbi Elazar, « que les justes attachent plus de valeur à ce qu’ils possèdent qu’à leur personne. Et pourquoi ? Parce qu’ils répugnent à l’idée du vol ».
Cette histoire semble des plus étranges. Jacob se serait mis volontairement en danger pour récupérer quelques objets ? Ceci est en contradiction flagrante avec la Halakha qui prescrit le devoir absolu de tout faire pour conserver sa vie et sa santé, y compris transgresser toutes les lois de la Torah (Lois sur Pikouakh Nefech, Shoulhan Aroukh). La répugnance à l’idée du vol serait-elle plus forte que la sauvegarde de la vie humaine ?
La Guemara vient nous enseigner un profond message : Jacob savait que le combat avec l’ange d’Esav était inévitable, car celui-ci ne pourrait pas renoncer à la domination du monde matériel sans une lutte farouche. Les petits ustensiles pour lesquels Jacob se met en danger viennent symboliser la matérialité dans sa totalité, et Jacob sait que la lutte pour celle-ci entraînera au cours de l’histoire des guerres sans fin, causant des millions de victimes. Il est alors prêt à se mettre personnellement en danger, si à la suite du combat, il peut diriger le monde de la matérialité et ainsi éviter, peut-être, des effusions de sang dans la suite de l’histoire. L’enjeu est donc bel et bien cosmique.
Et le combat se déroula toute la nuit. Cette longue nuit représente la nuit de tous les temps, à travers tous les siècles de guerres, d’exactions et de souffrances de l’humanité, et en son centre, Israël. Il est en effet notoire qu’Israël, à travers l’histoire, fut le peuple qui servit le plus souvent de bouc émissaire face aux désirs de conquête des peuples assoiffés de pouvoir. Alors, certes, Jacob finit par vaincre sur cet ange de la matérialité, et cela va même entraîner une mutation d’identité : Jacob deviendra Israël, Israël signifiant « celui qui a résisté face aux pouvoirs ». Mais cette victoire ne va pas sans mal. Il faut d’abord traverser toute la nuit, qui comme nous venons de le voir, représente tout le temps de l’histoire, à savoir les 6000 ans qui vont de la création du monde à l’arrivée du Messie. Mais en plus, Jacob sort de ce combat blessé ; blessé à la hanche gauche, nous dit le Zohar . Cette blessure représente aussi une clé importante à la compréhension de l’histoire. La hanche est en effet le lieu des engendrements. Et les engendrements sont exactement le lieu de rencontre du monde matériel et du monde spirituel. C’est par un acte physique, dans l’union entre un homme et une femme, que va être possible l’engendrement d’une nouvelle génération, qui aura la charge de véhiculer les valeurs transmises par les parents. Le juif a pour tâche dans le monde de perpétrer ces valeurs de génération en génération, pour donner un sens à l’histoire. Le combat du monde juif est justement de lutter pour que l’histoire soit celle des engendrements, c’est-à-dire la transmission des valeurs de la Bible d’une génération à une autre, et non l’histoire des nations telle que la voyait Hegel, faite de luttes pour le pouvoir, l’argent, bref la matérialité. Jacob se met en danger pour tout cela. Il finira par triompher, mais blessé dans sa lutte pour les engendrements. L’histoire sera celle des nations, du matériel. Mais la victoire du spirituel sur le matériel n’est qu’une question de temps. Lorsque les premières lueurs du crépuscule apparaîtront, Israël, celui qui a survécu à tous les pouvoirs, renaîtra de ses cendres pour faire advenir le programme divin, celui de l’équité, de la justice, et de la perfection: union du ciel et de la terre…
 

[1] Il nous faut ici expliquer cette « angiologie », ou science des anges. Pour un esprit rationnel, rien n’est plus difficile à admettre que ces forces spirituelles dénuées de corps, dépeintes par l’iconographie chrétienne avec deux ailes, et qui virevoltent autour du trône divin pour accomplir les missions assignées par D.ieu. Cette vision enfantine est étrangère au monde de la Torah écrite et du judaisme. Les anges, s’ils apparaissent maintes fois dans les textes du canon biblique, ne peuvent pas être décrits sous quelque forme que ce soit.(Ce besoin de transformation d’un concept biblique en une image est propre à la culture chrétienne). Les anges peuvent être définis comme des forces spirituelles servant d’intermédiaires entre D.ieu et le monde de la matérialité. Sachant qu’il existe en effet trois mondes distincts à travers lesquels se propagent les influx divins, les anges sont situés dans le monde médian –le monde de la Yétsira, de la Formation, dans la terminologie lourianique- et permettent la communication des flux divins jusqu’à nous, tout comme le cerveau transmet, par l’intermédiaire du système nerveux périphérique, les messages et les influx nerveux aux divers organes.
 

L'ange de Essav nomme Yaacov: Israël

L'ange dit à Yaacov qu'il a combattu et qu'il a vaincu les forces divines et les forces humaines. Quelle est la raison des louanges que fait l'ange à Yaacov? Notre véritable conflit n'est pas avec Essav mais avec l'ange, l'esprit, la philosophie de Essav. Le Zohar explique la véritable signification de la parole de l'ange: ce n'est pas par cet esprit tortueux que tu as réussi à gagner ces bénédictions. Ce n'est pas par cet esprit du serpent, de la voie de la connaissance de la dualité que tu as réussi mais par rapport à cette force même de ta réalité spirituelle qui s'appelle ''Israël d'en-haut'', de cette configuration divine qui s'appelle Israël Sabba. Tu n'as pas reçu les bénédictions de la source qui s'appelle ''Yaacov''. (le nom d'une personne détermine sa nature, le nom de Yaacov sous-entend les traces du serpent, la conduite de la dualité). Mais tu as mérité ces bénédictions car tu t'es attaché à la foi, à cette source supérieure qu'est la voie de l'éternité. Pour cela, moi et tous les anges reconnaissons ta supériorité, ce lien qui te rattache au divin, à sa racine qui est Israël. Au départ, Yaacov ne connaît pas cette origine divine, cette force immanente qui veut s'intégrer dans l'histoire de l'humanité. L'ange de Essav représente les rigueurs du Din, du jugement, ce sont les instruments de Dieu qui correspondent aux lois de la création, les Kélim et non au rayon divin. C'est ce que l'ange dit à Yaacov: tu as combattu les Kélim, les vases, les instruments de la création, les forces divines qui ont un rapport avec la matérialité. C'est Élokim sans Havaya. C'est la confrontation de Yaacov avec Essav qui va lui permettre d'atteindre ce niveau d'Israël. Yaacov ne laisse pas l'ange de Essav partir car il veut cette reconnaissance, il veut sa bénédiction. Cet ange qui est l'ennemi de Yaacov va se transformer à travers l'histoire. Il y a besoin de cette reconnaissance car c'est par sa méthode, par sa voie tortueuse au début et par sa logique plus tard que Yaacov va pouvoir atteindre le divin. L'ange de Essav est ce côté obscur de la création veut créer un écran entre le ciel et la terre. Pour cette raison, il combat Yaacov. Par ce combat, Yaacov fait revenir le mal au bien et atteint le niveau suprême de Israël Sabba.

Rav Mordékhaï Chriqui (5777)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/

lundi 27 novembre 2017

Vayetse - la réparation de la dualité


Paracha ''Vayétsé'' 
Rah'el et Léa: la réparation de la dualité.

À partir de Léa et de Rah'el, nous voyons les deux aspects de la présence divine et la réparation ontologique de la dualité qui existe depuis la création. Le mot « béréchit» signifie pour le Zohar ''deux commencements'' ou bien deux aspects du commencement. Il y a un commencement qui est caché de l'ordre du Kéter, de la couronne et un autre commencement de l'ordre du dévoilé. Ce commencement révèle l'aspect de la connaissance, des sciences. 
Le commencement caché est de l'ordre de l'intériorité. C'est le plan caché de la création qui se révèle à travers les événements de l'histoire de l'humanité. Ce sont les deux voies de l'arbre de la connaissance et de l'arbre de l'éternité, la voie de la dualité et la voie de l'Unité. Cette dualité se révèle déjà au moment de la création où il y a séparation du Or et du Kéli. Les lois physiques étant ces réceptacles (Kéli) et qui sont animées par une énergie divine intérieure qui est le Kav, le rayon lumineux, le Or. 
Il y a une symbolique et un mystère derrière les deux femmes de Yaacov que sont Léa et Rah'el. Léa représente la valeur de l'unité de la transcendance. Elle va lui donner Lévi qui représente la prêtrise, Yéhouda qui représente la royauté et Issakhar qui représente la Torah. C'est Léa donc qui apporte au monde l'essence même de la divinité. Léa représente la présence divine au niveau de l'intériorité, au niveau du véritable discernement de l'ordre du divin et c'est à partir de ces trois aspects de l'intériorité que la présence divine se révèle de manière profonde. Rah'el va enfanter le principal des enfants qui s'appelle Yossef. Avec Yossef et Yéhouda, va se faire la réparation de la dualité mais déjà par Léa et Rah'el, commence cette réparation primordiale et ontologique qui est inhérente à la création: extériorité et intériorité. Il y a donc la Chékhina de l'ordre de l'intériorité, Léa et la Chékhina de l'ordre de l'extériorité, Rah'el. Léa représentant la mère suprême et Rah'el, la fille. 
Le Ramh'al explique dans son livre ''Kinat Hachem Tsévaot'' que l'arbre de vie est l'intériorité et l'arbre de la connaissance, l'extériorité. Ces deux arbres auraient dû s'unir d'une grande union. Il n'y a pas une abnégation de l'arbre de la connaissance, il ne doit pas être rejeté mais unifié à l'arbre de l'éternité comme le corps avec l'âme. Il faut qu'il soit animé par l'intériorité. Ce n'est que lorsque l'extériorité va atteindre sa perfection, qu'elle pourra être unifiée à l'intériorité. Cette perfection sera atteinte en extirpant le mal qu'il y a dans l'arbre de la connaissance, cette orientation du mal qui existe dans cette voie du savoir rationnel. Ce n'est juste qu'une force et non un pouvoir souverain. Cette force maléfique ne peut subsister que de la ''chair'', que de l'extériorité et si l'homme n'avait pas donné place et une prédisposition à son corps, alors l'union entre celui-ci et l'âme aurait été de fait. Par la domination de ce corps, la voie de la connaissance va révéler le règne du multiple, de la quantité où toutes les forces se déchirent entre elles, où il n'y a pas d'unité, de ligne conductrice en vérité. Par la faute du premier homme, cette extériorité a été affectée et son corps s'est alors détérioré complètement et doit alors mourir. Ce corps ne peut plus vivre alors l'éternité car celle-ci ne peut se vivre que par l'union du corps à l'âme lors de la résurrection. Ce qui a été affecté n'est pas le corps mais l'origine du corps, l'arbre de la connaissance qui est un principe, une voie, un programme de la création qui peut être défini par le terme ''Kéli'', ''instrument''. Cette voie devient un instrument qui veut régner. Par la réparation de l'extériorité, tous les exils sont réparés, qu'ils soient particuliers ou de l'ordre de l'universalité et même l'exil de la présence divine, de la Chékhina. Cette présence n'est pas alors en communication avec le transcendant. Cette union de la chékhina et du transcendant est donc de l'ordre de l'extériorité et de l'intériorité, des deux messies, l'un issu de l'intériorité qu'est le Messie fils de David (Léa) et l'autre de l'extériorité qu'est le Messie fils de Yossef (Rah'el). Ces deux messies sont en fait les deux programmes de la création. L'essence et l'existence, le Or et le Kéli, le rayon et l'instrument doivent être reliés. Reliant la physique à la métaphysique, reliant la voie de la connaissance à la voie de l'éternité, la connaissance sensorielle symbolisée par Rah'el à la connaissance divine au-delà des sens symbolisée par Léa. Pour le Ramh'al, Essav était prédisposé à être le Messie fils de Yossef. Mais il y a une difficulté à cette extériorité de se soumettre à l'intériorité. Pour cette raison, Yaacov a été obligé de ruser afin de soumettre Essav. La réparation de cette extériorité ne va pas se faire par les deux hommes que sont Yaacov et Essav mais par les deux femmes que sont Léa et Rah'el. Léa va s'exprimer par ses trois enfants qui sont les trois couronnes de la Torah, du service et de la royauté qui sont l'essentiel de l'intériorité du peuple juif. Mais il y a une quatrième couronne enseigne la Michna, la couronne de la bonne renommée qui est l'essence de l'extériorité du peuple juif par Yossef fils de Rah'el. Cette extériorité pourtant est au-dessus de l'intériorité. Sans forme extérieure, l'intériorité de la Torah ne peut s'exprimer. Mais sans intériorité, la beauté seule est un danger, la forme est alors idéalisée comme chez les grecs. La perfection ne peut se révéler que par l'union de cette extériorité avec l'intériorité. 
Au niveau de la création, le corps a été créé en premier pour alors lui insuffler une âme, donc c'est l'existence qui précède l'essence. Mais en vérité, l'âme existe avant la formation de ce corps. Avant la forme, il y a un degré de l'existence divine qui s'appelle l'âme, une étincelle divine. Il faut que l'extériorité donne une place à l'intériorité car en général, les gens sont attirés par l'extériorité et très peu par l'intériorité. Cette extériorité même si elle est importante, ne doit pas être l'idéal. Si cette extériorité devient le but, l'idéal, alors c'est la catastrophe, c'est la brisure des vases car l'extériorité ne peut pas vivre sans l'intériorité. Par contre l'intériorité peut vivre seule dans le monde des âmes. Dans le monde spirituel et divin, il y a une vie de l'intériorité indépendante de l'extériorité. L'âme n'a pas besoin de corps mais le corps a besoin d'une âme. Mais en vérité pour s'élever à un degré qui est l'amour, l'âme a besoin du corps. L'âme en elle-même est une intelligence séparée comme l'intelligence angélique. Cette âme dans le monde des âmes n'a aucune possibilité d'atteindre son essence divine. Elle ne peut uniquement que craindre Dieu. Les anges comme les âmes accomplissent avec crainte la volonté de Dieu. L'union de l'âme avec le corps va permettre cette connexion avec Dieu de manière consciente. Pour atteindre l'éternité, l'origine des origines, on a besoin de cette dimension qu'est l'âme divine. Celle-ci va permettre au corps d'atteindre cette essence, cette quintessence. Mais grâce à ce corps, l'âme va pouvoir aimer Dieu car pour aimer, il faut d'abord un éloignement. Car l'âme sans le corps ressent la présence divine d'une manière extrême qui lui enlève cette conscience autonome d'agir. Ce n'est qu'en descendant dans le corps que l'âme a la possibilité de refuser d'agir selon les directives de la présence divine. Cela crée alors une distance, un manque que l'âme veut combler pour ressentir cette présence divine. C'est grâce à cet éloignement dû au corps que l'âme ressent ce besoin d'unification avec Dieu. C'est ce que fait Rah'el, elle va donner sa place à Léa. C'est l'âme qui va dominer ce corps afin de pouvoir réintégrer sa place auprès de Dieu. Yaacov n'est pas séduit par Léa mais par Rah'el. Cette séduction est du même ordre que la séduction du premier homme pour l'arbre de la connaissance. Mais au contraire du premier homme, Léa va se substituer à Rah'el, l'arbre de l'éternité va prendre la place de l'arbre de la connaissance. L'homme a alors la force d'élever ses envies matérielles au rang de l'éternité. La réparation de Léa est liée au tétragramme de l'ordre de l'intériorité alors que la réparation de Rah'el est liée à Élokim de l'ordre de l'extériorité. La véritable réparation est de réparer cette dualité, il faut prendre la voie de la rationalité, la voie du serpent et l'unifier à la voie du tétragramme, à la voie de l'unité. Dieu n'est pas que transcendant, il est aussi de l'ordre de l’immanence, il est le moteur et le créateur de toute énergie de ce monde. Le tétragramme précède Élokim et sans Avaya, Élokim nous amène au chaos. Ce principe unificateur ne se révèle pas lorsque Léa et Rah'el sont séparées. En réunissant ces deux côtés de la Chékhina que sont Léa et Rah'el, le principe de la Avaya va se révéler dans Élokim pour le diriger vers l'unité divine, l'aspect de l'essence s'habillant dans l'aspect de la forme, le rattachant continuellement au principe unificateur. C'est cela l'omniprésent, l'omniscient. Ce moteur unificateur est représenté par Léa, c'est pour cela qu'elle doit se marier en premier avec Yaacov. En donnant sa place à Léa, Rah'el a laissé la place à l'intériorité de diriger l'extériorité. Ainsi dans toutes nos actions, nous devons révéler tout d'abord le moteur transcendant qui anime l'immanant. Le but de l'homme sur terre est de réveiller l'intériorité qu'il y a dans toute action de ce monde.

Rav Mordékhaï Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/

mardi 21 novembre 2017

Paracha - Vayetse - l Union de Rah'el et Lea

Paracha ''Vayétsé'' 

L'Union de Rachel et Léa


Rah'el et Léa sont les deux expressions de la Chékhina, présence divine, conscience universelle dans ce monde. 
À propos de Léa, le verset s'exprime ainsi: « et elle mit au monde un fils (le quatrième) et pour cela, je rend grâce à l'éternel, elle le nomma ''Yéhouda''. La naissance de Yéhouda marque l'expression même de l'intériorité de la Chékhina. Dans le nom même de cet enfant, ''יהודה'', il y a la révélation du tétragramme ''י.ה.ו.ה'' qui correspond à l'existence, à l'être primordial. L'être qui n'a pas de début ni de fin, le présent étant le passé et le futur en même temps. Il correspond à tous les moments et à tous les événements en même temps. Yéhouda étant la perfection de Léa et correspond à l'intériorité donc de la Chékhina, de la présence divine. C'est la présence divine qui est sous-jacente, cachée, dissimulée.
Sur Rah'el, le verset s'exprime ainsi: « et Dieu s'est souvenu de Rah'el, Élokim l'entendu et exauça sa supplication et elle fut en enceinte. Elle enfanta un fils et l'appela ''Yossef'' car Élokim a effacé ''assaf'' ma honte» qui correspond à l'extériorité de la Chékhina, à l'esthétique. Rah'el est très belle, Yossef est très beau.
À propos de Yossef, Dieu est appelé '' Élokim'' le Dieu de la Nature, de l'extériorité de la création alors que pour Yéhouda, il est employé le nom ''AVAYA'' qui est l'intériorité de la création. Avec la naissance de cet enfant, il y a comme une réparation « car Élokim a effacé ''assaf'' ma honte». Ce nom ''Élokim'' correspond à la manifestation de l'éternel au niveau de la création et donc à l'extériorité, à la nature. Par contre, Léa remercie ce Dieu caché '' je rend grâce à l'éternel (AVAYA)'' et non à sa manifestation dans la création, ce Dieu d'avant la création. Ce UN qui est avant la création n'est pas ce UN qui se relie à la création, il est indénombrable, il n'est pas dans le nombre. Léa se relie à ce UN qui n'est pas dans la multiplicité d'un compte. Elle s'annule à lui et ne lui demande rien alors qu'avec Rah'el, il y a une intimité qui va se créer ''et Élokim s'est souvenu de Rah'el''. Rah'el correspond à l'extériorité du divin, de cette présence divine, aux événements complètement matériels de l'existence. À tel point que Yaacov ne la comprend pas lorsqu'elle exprime sa douleur, cette lacune d'être stérile. Alors Élokim se révèle à elle.
D'après le Ramh'al, il y aurait deux aspects dans la délivrance (voir Mahamar Haguéoula) qui s'expriment par deux expressions: 
1/ Zékhira (souvenir) comme avec Rah'el qui est une délivrance extérieure, c'est la délivrance finale et parfaite. C'est la révélation de Élokim qui va se révéler, l'aspect de l'immanence qui s'attache aux créatures.Il y a un niveau de divin au-dessus des créatures qui ne s'attachent pas aux créatures qui s'appelle le ''transcendant'' représenté par le tétragramme ''י.ה.ו.ה''. Ce niveau est révélé par le mot ''Zékhira'' (souvenir) et qui pourtant est rapporté justement pour Rah'el '' et Élokim s'est souvenu de Rah'el'' qui est du niveau de l'immanent!
 Il y a un autre niveau de délivrance qui est révélé par le mot ''Pékida'' (autre expression qui signifie le souvenir) que Yossef lui-même révèle à ses frères. C'est la première étape dans la délivrance au niveau du féminin. La délivrance au niveau du masculin est la dernière étape du niveau de la Zékhira. Et c'est ce niveau qui est révélé pour Rah'el alors qu'à priori, il aurait été plus apte de parler de ''Pékida'' d'un niveau plus matériel et plus bas. 
Il y a une délivrance au niveau du matériel c'est le niveau du Messie ben Yossef, c'est la sortie d'un exil issu de l'extériorité où la souffrance devient relative. On n'est plus soumis à l'esclavage du corps. Avec Yossef, il n'y a plus d'esclavage, il a une force qui fait sortir de cet esclavage. Yossef est d'ailleurs lié à cette dimension de la force, de la guerre, de la bataille, de l'économie, de la souveraineté. C'est la délivrance des injonctions liées au corps et à ses pulsions, c'est le niveau de la Pékida. Mais il y a un autre esclavage au niveau de la mémoire où on est prisonnier de notre mémoire et de notre passé et donc du temps. L'esclavage issue de la dualité de l'enchaînement des causes et des effets.
Mais ici, il y a une anomalie car c'est pour Rah'el qui est la délivrance de l'exil de la présence divine dans le niveau matériel que va se révéler le niveau de la délivrance du niveau de la mémoire.
En vérité ce niveau de délivrance lui est venu car elle a donné les signes du secret de l'union avec Yaacov à sa sœur Léa. Elle lui a donnée la clé de l'union entre la femme et l'homme. Et donc Rah'el se met en danger car elle ne sait pas si Yaacov voudra d'un second mariage.
 Léa prend alors le rôle du Messie ben David, le rôle de cette délivrance de l'ordre de l'intériorité. Au départ, le mariage de Rah'el est de l'ordre de l'extériorité mais du fait qu'elle a donné le secret de l'union à Léa, elle prend aussi une part dans le Messie ben David. Lorsqu'elle nomme son fils Yossef, elle donne deux raisons: ''Assaf'' Dieu a rassemblé, a effacé sa honte avec le nom ''Élokim '', il s'agit du Messie ben Yossef puis de suite elle donne une autre raison et pour cela elle emploie le nom divin ''AVAYA'' le tétragramme: ''que י.ה.ו.ה me rajoute ''Yossef'' un autre fils'', il s'agit ici du Messie ben David. Donc le second fils de Rah'el, Byniamin correspond au Messie ben David.
Ces deux aspects du divin que représentent Rah'el et Léa vont s'inverser et s'unir aussi. Ces deux aspects ne devant pas être séparés. Ce sont deux expressions de la présence divine dans le monde: une expression au niveau de la matérialité, de la perception sensorielle, de la conduite divine dans l'histoire du monde, c'est Rah'el. Et il y a une expression au niveau de l'esprit, de la philosophie humaine car Dieu connaît la pensée humaine qui est vaine. La délivrance de la Chékhina en la faisant sortir de la vanité humaine, de l'orgueil de la pensée. C'est la délivrance de la Chékhina au niveau de Léa.

Rav Mordékhaï Chriqui (5777)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses

Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/

Paracha, Vayetse - la conduite de la création


Paracha ''Vayétsé'' 
La Conduite de la Création

Nous allons évoquer le sujet des bêtes zébrées aux pattes ''Akoudim'', pointées ''Nékoudim '' et zébrées sur tout le corps ''Béroudim''
Dans le temps où Yaacov travaillait chez Lavan, celui-ci essayait de ruser et de tromper Yaacov au sujet du salaire de son travail. Lavan étant le principe même des lois de la nature ''Elokim''.
Cette notion de ''Akoudim'' ''Nékoudim'' et ''Béroudim'' est définie dans la Kabbale comme un cheminement dans la réparation du monde ''Tikoun Olam''.
Nous voyons que les scientifiques ont une connaissance très poussée de la nature, comment elle se comporte jusqu'à prévoir ses conséquences futures dans toutes les sciences qui régissent cette nature. Yaacov Avinou vient nous montrer qu'il y a des exceptions à ces lois de la nature et c'est le peuple d'Israël.
Le Zohar explique que le troupeau de Yaacov fait référence au peuple d'Israël. Ce sont les âmes que Yaacov a amené dans le monde comme dit le Zohar à propos du verset ''et pour les troupeaux, ''Mikné'', Yaacov a fait des Soukot'' ''Mikné'' fait référence aux possessions de Yaacov c'est-a-dire les Néchamot de Israël qui sont en fait la complétude du peuple d'Israël. Si nous allons selon les lois de la nature alors il apparaîtra que notre situation est d'un niveau de ''brisure'' et chacun de nous et chacun des peuples a passé ce temps de ''brisure''. La ''brisure'' dans la Kabbale est appelé ''olam anékoudim'', le ''monde des points''. Il y a une situation avant les Nékoudim et une situation après les Nékoudim. Les ''Akoudim'' est la situation avant cette brisure des Nékoudim et ''Béroudim'' est la situation après la brisure. ''Akoudim'' c'est l'union, la ligature du Or et du Kéli ensemble ce qui représente aussi l'union du corps (le Kéli) et de la Néchama (Or). Lorsque les deux sont unis c'est la situation de la perfection. Cependant ce niveau est une situation avant la création de ce monde car l'existence de ce monde est justement venue par la séparation du ''Or'' et du ''Kéli'' c'est-a-dire la ''séparation'' de la divinité et de la créature, de la lumière infinie et de la matière. Et cette autonomie de la matière fait que ce monde puisse exister dans cette situation. S'il existe du bois, du fer...c'est parce que les Kélim sont dans une situation de séparation d'avec la lumière. Tous les éléments de la nature n'existent que parce qu'il y a des ''Kélim''. Sans Kélim, il ne peut y avoir d'existence comme la notre. Mais dans cette situation où les Kélim sont séparés, il y a des niveaux de création car le ''Or'' est toujours présent qui agit d'une manière plus où moins intensif: le minéral, le végétal, l'animal et l'humain. Le Kéli seul c'est le ''mal''. Cette séparation du ''Or'' entraîne d'un côté une autonomie et une existence aux créatures mais d'un autre côté entraîne une situation qui s'appelle la ''destruction''. Et au moment où le corps domine, c'est la destruction. C'est ce que la Torah décrit comme étant ''tohou vavohou'' le chaos, la domination du Kéli sur le Or qui est la domination du corps sur l'âme.
''Béroudim'' est le monde de la réparation lorsque le ''Or'' et les ''Kélim'' s'unissent de nouveau. Bien qu'ils étaient déjà unis mais une fois que les Kélim ont reçu une autonomie, cette lumière revient de nouveau dans ces Kélim afin de s'unifier totalement et alors il y a la possibilité d'une existence éternelle.
Et même l'animal a cette faculté d'exister, même le soleil a cette faculté d'exister car bien que l'extériorité a un pouvoir de domination mais dans chaque Kéli, il y a une étincelle d'intériorité divine qui le fait perdurer dans le temps. Mais lorsque le Kéli est seul à dominer, c'est la destruction.
Les ''Béroudim'' sont le monde du Tikoun. Le maître du monde a commencé cette réparation. Mais cette union du Or et du Kéli n'est pas encore complète et parfaite. Cette union pour l'instant ne fait que laisser le monde dans un état de statut-quo où le monde ne se détruit pas de lui-même. Uniquement, dans les temps à venir à la résurrection des morts, le monde retournera dans ce niveau, dans cette situation de ''Akoudim'' complètement réparée où le Or réintégrera le kéli, l'âme réintégrera le corps pour le dominer totalement et la vie éternelle apparaîtra. Cette situation qui s'appelle la ''résurrection des morts'' est le monde des ''Akoudim'' complètement réparé.
Yaacov Avinou après qu'il ai eu ses enfants, a voulu partir mais du ciel, est venu le conseil de Lavan de rester encore six ans afin de bâtir son propre troupeau, sa possession. Et de cette possession a été enlevée la brisure. Tous les peuples doivent arriver à un moment donné à une destruction bien qu'ils aient une existence dans le temps assez conséquente. Le peuple d'Israël a dévoilé et dévoilera encore plus ce principe d'éternité. Pour cela, cette situation de ''Béroudim'', ce n'est pas tout le monde qui la traversera. Au moment où la brisure se fait, le corps se déconnecte de l'âme, de la racine qui lui insuffle l'existence qu'il soit un végétal ou un animal ou un être humain ou même une nation. Cette déconnexion s'appelle la mort. Ainsi nous la voyons à propos des rois de Edom ''il a régné et il est mort''. La royauté de ces rois c'est-à-dire la domination de l'extériorité, de l'enveloppe entraîne la mort. Il est vrai que cette enveloppe ne peut exister dans un laps de temps si ce n'est que par la lumière qui se diffuse un peu en lui. '' tout mensonge ne peut tromper si ce n'est qu'en y introduisant une petite part de vérité''. Il y a oui une existence au mensonge grâce à la vérité. Ainsi pour l'extériorité, elle ne peut exister sans une pointe d'intériorité divine. Mais cette intériorité est vouée à se déconnecter.
Yaacov Avinou lorsqu'il est sorti de chez son père, cela a été pour entrer dans la matière, dans un endroit de colère (h'aran) dans un endroit où règne la séparation. Un endroit de détérioration, un endroit où le mal, où ''l'autre côté'' domine, où toutes les possessions sont à Lavan où même les enfants de Yaacov sont les enfants de Lavan. C'est-à-dire que sans Lavan, Yaacov n'a rien. Lavan est le symbole de la ruse, c'est le serpent primordial, c'est l'écorce c'est aussi le désir, l'envie de posséder. Sans envie, c'est la situation où il n'y a aucune domination du corps et donc où la mort ne domine pas.
Au commencement dans ''Atsilout'', tout ce qui émane de Dieu est dans une situation de suprématie du ''mal''. Ce renforcement du ''mal'' est ce qui est dénommé ''Nékoudim''. Avraham Avinou par la ''Akéda'' a atteint ce niveau de ''Akoudim'' où le corps est attaché à la Néchama. L'intellect du corps ne peut plus à ce niveau déstabiliser la Néchama. Elle n'a plus de questions existentielles. ''Avraham s'est levé très tôt le matin et a scellé son âne'' (H'amor) allusion à la domination du corps. Il y a un autre niveau encore plus haut ''et il est monté vers la montagne'' où il y a l'union. Donc les Akoudim font allusion à Avraham Avinou qui est le premier à avoir révélé la divinité dans la matière c'est-à-dire une situation où le corps doit annuler ses envies, ses désirs afin d'être l'esclave de la Néchama. Puis Ytsh'ak est venu et fait allusion aux Nékoudim, le monde des jugements. Le mot ''ביצחק'' à la même valeur numérique 210 que ''נקודים'' et que l'exil d’Égypte. Il est vrai que Ytsh'ak a eu le mérite d'être un sacrifice intègre mais il peut aussi détruire le monde entier comme Essav qui est cet aspect même du monde, de l'empreinte, du jugement. Et la descendance de Ytsh'ak ne peut venir que du monde des Nékoudim. Car s'il n'y a pas de Nékoudim, de séparation, il ne peut pas y avoir de notion d'union. C'est vrai que Nékoudim, c'est la brisure mais si je suis toujours lié comme dans Akoudim, il ne peut y avoir d'engendrement. Et cet engendrement doit arriver à une séparation afin que se séparent ces deux forces comme le masculin et le féminin, le Or et le Kéli pour en arriver à s'unir de nouveau. Cet accouplement est en lui-même la destruction, le chaos qui est pour les besoins supérieurs, les besoins de la réunion de ces deux forces que sont le Or et le Kéli, l'âme et le corps, afin que chacun sache où il se tient. Mais si je me trouve englobé dans la matrice, dans la source, je suis complètement annulé et je n'ai aucune existence indépendante et donc aucune réalité propre. L'identité vient uniquement par le phénomène de séparation. Ainsi en est-il du peuple d'Israël, il doit se séparer, c'est l'exil, même Yaacov a eu besoin de se séparer afin qu'il amène des engendrements au monde. Et alors il s'unira grâce au principe qui s'appelle ''Noukva'', la ''Malkhout'', le Kéli. Il y a une ''Malkhout'' de Kédoucha où le Kéli est le principe de Noukva. Il y a des Kélim impurs qui engendrent et au contraire qui diffusent une domination et une destruction. Mais le peuple d'Israël par la possibilité de s'unir à Dieu peut arriver à la réparation du monde et de ces Kélim. Par cette union, le peuple d'Israël devient une part de Dieu. Mais à ce niveau des Nékoudim, il faut les séparer et toute la séparation de la création n'est là que pour le peuple d'Israël.
''Béréchit bara Elokim '' pour Israël, le monde a été créé. Cette séparation est pour les besoins de cette union d'avec Dieu. Nous sommes annulés et le monde est annulé: cela est le monde des Akoudim. Les Nékoudim c'est la séparation du corps et de l'âme et dans cette situation, le corps peut dominer. Yaacov chez Lavan aurait pu devenir impur et se perdre s'il n'y avait pas eu ses femmes saintes et pures. Et ces deux mariages ont été la réparation du Kéli. Yaacov étant le Or et ces deux Kélim que sont Rah'el et Léa ont pu recevoir sa lumière et alors ces deux unions sont appelés ''Béroudim''.
''Akoudim, Nékoudim et Béroudim'' est le fonctionnement de la création et sa réparation. Yaacov a franchi ces étapes afin de faire traverser le peuple d'Israël qui est le plan de ce Tikoun sans passer par une séparation qui soit trop grande jusqu'à ce que le monde se détruise de lui-même. Ces ''Akoudim-Nékoudim-Béroudim'' qu'a fait Yaacov est une allusion à la conduite de la création, à sa destruction et à sa réparation finale.

Rav Mordékhaï Chriqui (5776)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/

vendredi 17 novembre 2017

Paracha - Toldot - Zohar


Zohar paracha ''Toldot'' 5778« Et sa main saisit le talon de Essav»

Nous savons que c'est Dieu qui a nommé le fils de Ytsh'ah, Yaacov. Et donc son nom est lié à cette action au niveau de son talon.
 Nous pouvons voir que même à notre époque, Israël poursuit Essav, essaie de l'imiter, percevant la création avec les sens qui est le propre de Essav.
Le Zohar explique: puisque Essav suit les pas du serpent ontologique, Yaacov doit le poursuivre dans ce chemin tortueux, il ne faut pas qu'il le combatte de manière droite. Le serpent est sage dans sa tromperie et Yaacov bien qu'il est défini comme étant droit, ses actions ne sont pas si droites. Comme nous le voyons au sujet du droit d'aînesse et de la bénédiction qu'il a pris de son père à la place de Essav. Il se conduit donc comme Essav pour se séparer à la fin de lui. Car en vérité, Yaacov n'a aucun rapport avec la conception de la vie de Essav. Et même dans la matrice de sa mère, il se conduisait ainsi avec Essav. 
Toute la Torah de Essav prend sa source du serpent ontologique. La source de la Torah de Yaacov est le trône divin, le monde des âmes. Il y a alors une volonté divine qui veut que Yaacov saisisse les mains de Essav, que le trône divin domine et dirige le serpent ontologique
L'arbre de la vie s'insinuant dans l'arbre de la connaissance pour diriger l'histoire de la création. Les mains de Essav correspondent au mal ontologique dans la création qui doivent être soumises, qui doivent être sous la domination de la Kédoucha. Prendre l'extériorité des forces de la création et la soumettre à son intériorité afin de révéler uniquement par elle la force de l'unité divine. Et pour pouvoir le combattre et le soumettre, il faut le prendre par le talon, par la fin.
 En percevant que tout n'est que volonté divine et que sa finalité est la révélation du bien parfait, ce mal intermédiaire que représente le serpent ontologique et donc Essav, se révèle comme complètement illusoire, sans consistance et sans réalité. Le Talon de Essav représente la lune, la Malkhout qui est obscurcie à cause Essav, de cette conduite de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Essav représente en fait l'intellect humain qui ne perçoit, ne comprend que par le contraire, la vie par rapport à la mort, le bien par rapport au mal...
Yaacov représente la forme de l'homme parfait, la fin de la réparation. L'homme en vérité a deux intellects: l'intellect divin prenant sa source de sous le trône divin et l'intellect naturel humain prenant sa source dans le serpent ontologique, perception duelle dans la création, une chose ne se comprenant que par son contraire ( Intellect / Daat qui doit comprendre à la fois la Connaissance-Conscience-Volonte sans c'est 3 pas de Daat) 
L'intellect divin est de l'ordre de la prophétie, de l'arbre de la vie éternelle, c'est l'intellect de Yaacov qui est qualifié de ''simple'' alors que l'intellect humain est de l'ordre du raisonnement, c'est l'intellect de Essav et du serpent qui est qualifié de tortueux. L'homme est constitué de ces deux pôles, l'un positif et l'autre négatif. 
Yaacov et Essav représentent ces deux pôles qui sont en vérité au départ pareil comme Yaacov et Essav qui naissent jumeaux. Ce n'est qu'à ce niveau et uniquement à ce niveau qu'agit le véritable libre-arbitre: choisir la façon de percevoir notre vie et tous les événements qui la constituent.
Tant que Yaacov ne saisit pas le talon de Essav, tant que l'arbre de vie ne dirige pas de manière révélée l'arbre de la connaissance, il s'appelle alors toujours Yaacov. Ce ne sera que lorsque l'intellect divin dirigera l'intellect humain que Yaacov sera appelé Israël. Tout le temps que cette révélation ne se perçoit pas, il faut emprunter cette voie de la dualité et la saisir au talon afin d'en comprendre le fonctionnement. Comprendre que cette conduite n'est que l'expression des manques qui ne sont là que pour révéler la perfection divine.
En saisissant le talon de Essav, Yaacov a fait revenir la création à son état initial d'avant la faute du premier homme. Lorsque le premier homme a fauté, sa peau de lumière s'est transformée en peau de serpent. Le venin du serpent ne peut se diffuser que dans l'extériorité de l'homme et non dans son intériorité profonde. C'est dans sa perception extérieure que l'homme est alors trompé. Lorsque Yaacov a pris les bénédictions de Essav, ce ne sont que des bénédictions matérielles qu'il a pris. Comment a t-il pu tromper son père? 
En s'habillant du vêtement de Essav qui était cette peau de serpent dont le premier homme était recouvert. Ainsi la faute du premier homme a été réparée.


Rav Mordékhaï Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses


Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/



mercredi 15 novembre 2017

Paracha-Haye Sarah- La sublimation du corps et la réparation du keli

Paracha ''H'ayé Sarah''  Le corps sublimé et la réparation des vases

Sarah est le fondement de la création, de Ytsh'ak.
« et Sarah est morte à Kyriat arba (la caverne des quatre couples) et Avraham est venu pour faire son oraison funèbre». Le Zohar explique ce verset ainsi: ''toute mort est issue de la morsure du serpent ontologique, à l'exception de Sarah qui est morte par Dieu lui-même comme il est dit « et Sarah est morte à Kyriat Arba» que le Zohar interprète par « à la lecture du nom de quatre lettres ''YHVH''». De même Moshé, Aaron et Myriam sont morts par le baiser divin, par la parole divine. Par ce nom, l'âme se sépare du corps pour retrouver sa source divine. L'intermédiaire qui va exécuter l'ordre divin n'est pas le serpent ou une autre force mais directement les quatre lettres de son nom divin. Le corps de Sarah est pris directement en charge par Dieu. Le Zohar enseigne que tout le temps que le corps se trouve dans ce monde, il manque de perfection. Il ne peut atteindre la perfection. Mais dans le cas où le corps va dans le chemin du juste, dans les chemins de la rectitude et meurt dans cette même droiture, ce corps s'appelle ''Sarah dans sa perfection''. Tout corps atteignant la perfection dans ce monde, s'appelle ainsi. Le corps en général, n'est pas perçu de cette manière par les sages de l'exotérisme, il n'est pas concevable qu'il puisse atteindre la perfection. À son maximum, le corps est au service de l'âme par la réalisation des Mitsvot. Mais ce n'est pas seulement l'habit de l'âme et ce n'est pas non plus quelque chose qui cherche à profiter de ce monde, il n'est pas composé uniquement d'une âme animale. Le corps a en fait une autre raison d'être, le passage vers l'extériorité. Le Zohar donne une autre dimension du corps. Le corps et l'âme ont chacun un fondement différent. Le corps étant composé des quatre éléments de la matière alors que l'âme est de l'ordre du divin. Le corps de Sarah a lui été approché par Dieu.
Dans Adir Bamarom, le Ramh'al explique la mort de Sarah ainsi: « il est écrit dans Isaïe ''et tes maîtres ne seront plus occultés'' cela veut dire que tes maîtres ne seront plus cachés. Avraham en arrivant devant le corps de Sarah, rencontre son maître. Jusqu'à présent, le maître était occulté. Nos sages expliquent que Sarah avait atteint un niveau prophétique plus grand que Avraham, un niveau où l'intellect-agent est connecté au divin car le corps de Sarah n'était pas affecté par la perception des sens. (En général, l'homme est trompé par ses sens qui vont apporter des messages erronés au corps car celui-ci est corrompu par le désir de prendre. Il ne faut pas avoir confiance dans la perception du corps, dans sa propre intelligence aussi).
Elle était donc en permanence en contact avec Dieu au contraire de Avraham. C'est ce que signifie le verset: « et Dieu a délivré Sarah». Avant que Sarah conçoit un enfant, elle n'avait pas dans son corps de matrice et donc de possibilité de procréer. En vérité, ce n'est pas que Sarah ne peut pas enfanter mais c'est qu'elle ne veut pas enfanter. Pour donner naissance, la femme a besoin d'un espace vacant. Dans la Kabbale, cela s'appelle l'espace primordial, le H'allal. Avant la création du monde, il y a tout d'abord la création d'un espace primordial qui passe par une dissimulation de la lumière infinie, de la volonté infinie, par une restriction de celle-ci. Le mystère du Tsimtsoum, de la restriction est de faire un espace spirituel comme un homme qui pense à se marier, qui commence à penser à son avenir. Il fait une place au mariage dans son espace psychique. Cet espace primordial est donc un espace méta-physique dans la volonté de Dieu qui est limité par des lois. Il faut savoir que toute femme qui donne la vie, expérimente ce H'allal qui est lui-même relié à la rigueur, à la limite. Mais il est aussi relié à la trace de la vie, au Réchimou. Car Dieu laisse une trace de son infinie à toute la création, à toute vie, à toutes les créatures. La femme donc en tant que microcosme de cet espace primordial, a cette possibilité de procréer. Cet espace se révèle lorsque la personne se retire d'elle-même pour laisser place à la création. Lorsque l'enfant naît, il devient un être séparé et complètement indépendant de la mère qui l'a enfanté d'un point de vue métaphysique.
Sarah ne veut pas de cet espace primordial car elle est remplie entièrement de la lumière infinie divine. Son corps est complètement lié à son âme « Dieu a ordonné Sarah». Il est rempli de son âme. Sarah a atteint la perfection, cette perfection n'est pas liée à l'âme mais au corps. Les Mitsvot elles-mêmes qui nous ont été données ne sont pas en rapport avec l'âme humaine, elles ne sont là que pour arranger et préparer le corps à recevoir l'âme afin qu'elle se révèle comme il se doit. Car l'âme est enfermée par l'esprit humain. L'homme possède trois niveaux d'âme: l'âme animale, l'âme cognitive et l'âme divine. Le souffle, l'âme cognitive qui est l'intelligence rationnelle occulte l'âme divine, occulte la sagesse et la partie la plus intérieure de l'homme qui est la partie divine qui est en l'homme. Sarah est animée par quelque chose qui la dépasse, le souffle saint, le supra-mental, l'intelligence divine qui procède de la présence divine elle-même. Sarah pour atteindre ce niveau de perception, a épuré son corps de tout scorie. Le Ramh'al explique dans Adir Bamarom que le corps lui-même procède de l'arbre de la connaissance. Le corps sans l'âme, parle, il n'est pas seulement l'expression de l'intériorité. Le corps lui-même par sa forme, par sa structure, par la relation qu'il y a entre les différents organes, par l'enchevêtrement de tous ces éléments qui font ce corps, est d'une intelligence exceptionnelle. Cette intelligence n'a rien à voir avec l'âme divine car il correspond à la dissimulation de la présence divine. Il est la trace de cet infini qui reste après sa dissimulation. C'est cet ensemble de l'espace vacant, de cette trace qui est à l'origine du corps. Le corps procède donc de la dissimulation, du Tsimtsoum. Puisque le corps apparaît de ce retrait de l'infini, c'est pour cela qu'il a une fin. De cet insignifiant qui résulte de ce retrait, Dieu a créé un corps exceptionnel. La forme de ce corps correspond au chariot céleste mais qui n'est pas divine. Le corps lui-même peut vivre toute sa vie sans Dieu au niveau conscient. Au niveau de l'inconscient, il ne peut vivre sans cette origine des origines. Le corps a cette faculté d'occulter la présence divine. Il va alors se créer ses propres lois, sa propre morale qu'il va utiliser lorsqu'il en sentira le besoin. Il n'y a rien d'éternel et de fixe dans le corps. Et pourtant le corps est appelé à devenir parfait, à revenir au niveau de l'âme et de faire un avec elle. C'est ce qui est arrivé au moment de la Akéda où Dieu ne demande pas d'égorger Ytsh'ak, de soumettre le corps mais de ligoter Ysth'ak, d'unir le corps à l'âme. C'est le niveau du monde des Akoudim, des ligatures où toutes les Séphirot s'entrelacent, où elles ne font qu'une seule réalité. Il n'y a pas encore à ce niveau une dispersion des forces. Mais même si le corps correspond à un assemblage de forces bien réglées, il y a quand même des différences et des changements au niveau du tempérament de l'homme. Ces changements d'humeur ne dépendent pas seulement du Psyché, de l'esprit. Cela procède aussi du statut du corps, de la préparation du corps. Le Ari Zal explique que par la construction ontologique du corps qui est appelé ''Homme Primordial'', Dieu veut révéler une gradation pour arriver à créer l'homme d'en-bas, de ce monde et aussi toutes les créatures. D'où provient la source ontologique même du corps? Elle se trouve dans la lumière des yeux de Adam Kadmon, de cette construction spirituelle qu'est l'homme primordial. Cette vision de Dieu qui révèle l'homme composite d'un corps et d'une âme. Ce corps procède de la poussière, constitué de toutes les particules qui composent la matière. Il peut alors être attiré par la matière elle-même qui se matérialise par l'envie des yeux. L'homme est alors séduit par ses sens. À un moment donné, le vase qu'est le corps s'est séparé de la lumière, c'est la brisure des vases. Ce vase ayant été créé pour recevoir mais il est aussi utilisé comme un outil. Mais ce n'est pas l'âme qui utilise le corps mais au contraire c'est le corps qui domine et commande l'âme. Le corps possède sa propre intelligence qui procède de sa structure, de sa forme ontologie divine car ce vase contient la lumière divine. Mais au départ, il refuse cette lumière divine, il préfère dominer de lui-même. Les rois primordiaux qui composent ce corps et qui sont les principes de la création, sont orgueilleux et empêchent la lumière divine de les pénétrer. Ils ne veulent pas recevoir la cause des causes, ils veulent être animés par eux-mêmes. Il y a alors une brisure. Ce règne fait rentrer l'homme dans la voie de la dualité de la vie et de la mort « il régna et il mourut». Le corps meurt car il veut régner. Mais Lorsque l'esprit du corps est ligoté avec l'âme, alors la véritable réalité du corps se révèle. Avraham représente ce Kav (il trouve insignifiant le corps) et Ytsh'ak le Kéli, le Réchimou épuré des scories car il procède de Sarah. Sarah elle, ne ressentait pas la nécessité d'engendrer car le corps est lié au mal car déconnecté du divin. Le corps veut avoir son autonomie et pour cela, il révèle son propre esprit. Il ne peut être alors que de l'ordre du serpent ontologique, esprit tortueux comme le serpent. Cet esprit commence avec l'envie. L'ontologie du corps se trouve donc dans ces principes premiers, appelés ''rois primordiaux'' qui sont de l'ordre des sept forces, Séphirot inférieures. Ces principes qui construisent le corps ontologique ont il est vrai, une batterie personnelle mais celle-ci s'épuise pour ramener le corps à la dégradation.
Avraham en venant chez Sarah, voit une femme morte qui lui parle. Elle vit tout en étant morte. Il comprend alors que le corps peut se sublimer et atteindre la perfection. Mais tant que le corps se trouve dans ce monde, il ne peut atteindre la perfection. Ce n'est que lorsque le corps atteint sa complétude qu'il est appelé ''Sarah''.
La perfection du corps se réalise par la parole car celle-ci est la réalisation de la perfection intérieure. La parole sert à exprimer l'intériorité de ces forces divines. Il est vrai que le corps est le véhicule de l'âme mais il devient grâce à la parole et à l'épuration du corps, l'expression même du divin. Le corps avant cette épuration n'est pas intéressé par l'âme, il n'est intéressé à être animé que par lui-même.
Toute l'origine de la création vient de cet aspect appelé le féminin, la ''Noukva'', du nom divin féminin qui correspond au nom BAN dont la valeur numérique est de 52. il faut que cette origine monte au niveau de SAG dont la valeur numérique est de 63 qui est la réparation même de la brisure des Kélim, des vases. Il y a donc une évolution de la Noukva, de ce principe féminin, de ce corps, de ce réceptacle. Tant que ce vase vit la séparation d'avec la lumière, il ne vit donc que l'envie et la détérioration. Par contre s'il répare la brisure, par l'union avec l'âme, il va se sublimer et vivre la vie éternelle inscrite dans son intériorité la plus profonde. Sarah a vécu cette réparation, elle a réparé son corps, cette brisure. Il est vrai que cette brisure continue à être réparer par l'ensemble de l'humanité mais Sarah a été la première qui a accompli cette réparation de la brisure. C'est la brisure entre l'âme divine et le corps qui a créé la mort. Si l'âme divine habitait le corps définitivement, sans le Rouah', car c'est cette âme cognitive qui se détériore et qui fait écran entre l'âme divine et le corps. Ce sont deux principes, le principe primordial et le principe second du réceptacle. Ce principe second peut effectivement se relier aux autres réceptacles afin d'en devenir le maître. Mais à un moment donné, ses forces vont l'abandonner car il lui manque le principe de l'éternité. Il lui manque le principe de l'infini qui est lié à l'âme. Mais cette âme en étant enveloppée par le Rouah', ne peut faire qu'envoyer des signaux au corps. L'âme ou plutôt le rayon a alors une influence réduite. C'est cela le tsimtsoum, c'est la réduction de la lumière divine qui révèle un espace vacant, le corps, afin que cette même lumière le pénètre. On peut atteindre la perfection du corps en laissant ouvert l'esprit rationnel qui enferme l'esprit divin. En ouvrant l'esprit, le corps laisse le règne à l'âme divine. Alors le corps se purifie et poursuit une évolution jusqu'à devenir un avec l'âme. C'est ce qui est représenté par la ligature de Ytsh'ak par Avraham. C'est la ligature du corps et de l'âme, le corps voit alors la vérité qui est en lui.
Il y a deux sortes de vie: il y a la vie issue de la perception des sens qui est liée à la mort comme un sage du Talmud a répondu à un idolâtre à la question « que faut il faire pour vivre? Il faut mourir». Cette vie est issue de la dégradation du corps. Et il y a une vie issue de l'union avec Dieu comme il est dit « et Dieu a ordonné Sarah». Le corps vit sa vie alors en symbiose avec l'âme. C'est Sarah, la première qui va expérimenter cette vie éternelle de l'union du corps avec l'âme. Il n'y a pas alors d'espace en dehors de Dieu, la présence divine rempli Sarah. Ce n'est que lorsque l'homme s'identifie à l'esprit du corps, qu'il empêche l'âme de dominer le corps. C'est en arrêtant de donner une réalité autonome à cet esprit que l'âme va pouvoir habiter et diriger ce corps. Le corps n'étant que le produit d'une dissimulation, est comme une empreinte, une trace de quelque chose qui s'est retirée, une trace que la lumière a laissée en retirant son aspect infini. Si H'ava et le premier homme ont réalisé la brisure, exprimé la brisure primordiale en renforçant l'autonomie de cette trace, Sarah a réparé cette brisure en faisant revenir la lumière infinie dans cette trace. Il n'y a plus alors de dichotomie, de dualité, le corps étant alors vraiment le reflet de l'âme. Mais il peut aussi être le reflet de l'imagination, d'une illusion. Car la faculté imaginative fait partie de l'esprit de l'homme. L'intelligence du corps peut être sublimée comme elle peut être altérée. Cette intelligence est au départ un rayon de lumière qui devient après la faute une véritable peau confectionnée par le serpent et qui est alors une cloison qui empêche la lumière divine de s'exprimer dans le corps.
Rav Mordékhaï Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses


Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/


lundi 13 novembre 2017

Les Portes De la Sagesse 4/138

Les 138 Portes de la Sagesse - Porte 4

Chapitre 1 - Portes 4  " L'Unite et son dévoilement "


    L’idée principale du Ramh'al est le retour du mal au bien qui est la révélation de la fin. Non seulement le mal va être écrasé mais il va devenir le bien c dire que le mal a existé, qu'il a voulu se confronter à D-ieu et qu'il a été écrasé, cela veut dire qu'il a existé et que D-ieu a triomphé!
 Il y a beaucoup de questions sur cette manière de voir les choses.

Le Ramh'al a réfuté cette idée mais c'est celle qui est acceptée par la majorité des sages d'Israël.
Le Ramh'al dit que le mal n'a jamais existé même pour un moment car en vérité c'est un bien qui est voilé. À la fin, il y aura le dévoilement du pourquoi il a été révélé en tant que mal et alors il sera perçu comme bien. 
Le retour du mal au bien est mieux que le bien lui-même car c'est le but. Le dévoilement du bien n'est pas le but car la définition de l'unité est la transformation du mal en bien qui est la révélation qu'il n'y a rien d'autre que le bien. Le mal apparent n'étant qu'un bien en fait. Et c'est cela le dévoilement de la fin, la perception qu'il n'y a rien d'autre que lui.

    En donnant à priori une place au mal et qu'il fait ce qu'il a à faire, son retour au bien va révéler son unité qui va devenir le plaisir des âmes. La notion de plaisir et d'amour n'existe pas chez les anges et il fallait un Tsimtsoum, un retranchement, un retrait, une absence et après un retour car il n'y a pas de différence entre le bien et l'unité.

 Qu'est-ce en vérité le bien?
 C'est se rassasier de la présence divine. Le rapprochement divin est le seul bien. La proximité de D-ieu est le véritable bien. Ce qui est proche de lui est bien et ce qui est éloigné de lui ne peut être appelé le bien. 
Mais en attendant, il y a eu le mal, le retranchement, le retrait, l'absence dans notre esprit. Nous nous comportons comme si la présence divine n'était pas avec nous. Mais à la fin, il se dévoilera que toute cette absence est véritablement le bien de tou, car à ce moment, je comprendrai. 

Le dévoilement de cette sagesse va amener l'homme à comprendre comment D-ieu est la cause première, la cause intermédiaire et la cause finale, toutes les causes proches n'étant que de sa volonté unique. Et c'est cela le plaisir de l'âme, retrouver la cause première. L'absence de la connaissance de la cause, amène l'homme à la catastrophe. L'exemple d'un chercheur dans son laboratoire qui cherche et cherche, toutes ses recherches étant vouées à l'échec jusqu'au jour où il comprend la cause pourquoi cela ne marchait pas. Une fois qu'il connaît la cause, alors tout se met en place car il a trouvé la racine. 


Le Ramh'al défini la cause comme étant la racine. On dévoile par la fin le début, c'est cela l'unité de la fin. ‘‘Je suis le premier et je suis le dernier'' on a dévoilé son unité grâce au mal intermédiaire. 
Tout le mal est pour faire évoluer l'homme jusqu'à cette unité suprême. Tous les détails du mal ne sont que l'expression de l'unité. Le premier homme en six heures devait tout finir et le peuple d'Israël en 50 jours devait tout finir. Ce dévoilement peut se faire dans le temps. Ceux qui sont dans l'arbre de vie, dévoilent et raccourcissent toutes ces étapes, tous ces détails mais il faut qu'ils meurent et ce n'est que de cette manière uniquement qu’ils retournent à l'unité. 
Celui qui fait le Shéma du coucher retourne dans le fondement de la création, le puits d'où surgissent toutes les créatures. En fait, tous les jours, il y a cette mort. Le véritable plaisir est de percevoir qu'il n'y a pas de vie en dehors de cette unité divine. Mais l'homme ne peut prendre conscience de cela qu'au moment de son annihilation, une séparation de l'âme et du corps, annulation des forces dominatrices du corps. Ce n'est qu'à ce moment qu'il y a une prise de conscience de l'unité divine car tant que le corps a une vie, l'homme ne peut connaître le véritable plaisir qu'est le dévoilement de l'unité.
 D-ieu veut que l'homme reçoive par mérite et non par cadeau, par la recherche et donc par le manque ( dans le Zohar " le pain De la Honte"). Il faut qu'il fasse le Tikoun des six vecteurs, des six Séphirot inférieurs. 
Pour cela, D-ieu a mis le bien, le mal, la récompense, la punition, toute cette dualité. Mais en vérité, tout cela n'est que pour arriver au but final. Le milieu étant le voilement de sa face, qui est la conduite du salaire et de la punition, c'est la place à la dualité.

 Mais d'où procède le mal? 
D-ieu a évalué, mesuré et créé par étapes afin que la créature puisse pouvoir comprendre. Il a créé la création par une conduite qui s'appelle l'évolution et c'est cela le mal. Mais sans cette gradation, ce mal ontologique, nous serions tous des imbéciles car nous ne saurions pas comment la conduite fonctionne. 
Ce mode de fonctionne donne la liberté d'être un rebelle ou d'être un sage.
C'est cela le Tsimtsoum pour le Ramh'al. 
Créer le manque afin de percevoir l'unité. 
Créer en dix séphirot la création et non en une seule, c'est cela le Tsimtsoum. C'est cela la différence entre l'infini et les Séphirot. Les Séphirot c'est l'action graduée, c'est la gradation. 
Ainsi D-ieu ne dévoile pas le but final de la création pour permettre à l'homme d'évoluer dans sa perception et d'atteindre ainsi par sa propre perception, le goût de l'unité divine. Et donc cette évolution est le bien parfait, la dualité, le mal ontologique est le bien parfait. Ce mal qui retarde la fin étant voulu par D-ieu. Le mal étant perçu comme mal uniquement lorsque l'on s'arrête à l'action elle-même sans voir le but, sans ressentir qu'il me rapproche de la fin. Mais ce mal est là pour me faire ressentir de plus en plus la proximité divine. 

Qui transforme alors ce mal ontologique en souffrance?
 Notre perception du moment.
 Toute la réalité du service divin et de l'histoire doit être parfaite dans les détails selon la profondeur de la pensé divine, sans qu'aucun détail ne soit laissé au hasard. Il n'y a ni hasard ni permission, ni acceptation. Tout ce qui arrive est à priori, calculé et volontaire. Par l'évolution, l'homme accompagne D-ieu dans son projet mais en s'arrêtant à chaque événement, l'homme dévoile le mal et par cela, il a l'impression de se désolidariser du programme. Seul celui qui ne voit pas l'événement en tant que but final, en voulant se l'approprier, se relie avec la conduite divine dans la création. Mais celui qui veut prendre, qui veut vivre l'événement du moment comme éternel, alors il matérialise le mal dans ce monde. Celui qui veut vivre le moment présent pour lui-même sans vouloir le rattacher à la proximité divine et son but, approfondit le mal dans le monde, exprime ce mal.
 La véritable modestie est de vivre le moment présent dans ce but final qu'est l'unification avec l'unité divine et non pour se l'approprier.
 Tout le but ultime, la cause et la raison d'exister est le dévoilement de l'unité divine à travers toutes les actions et les événements. Son dévoilement est le bien suprême.

 Et c'est quoi ce dévoilement? 
C'est de comprendre que D-ieu est la cause de toute chose. 
Le bien qu'il nous octroie est la proximité divine. Rien ne peut s'insérer entre lui et la proximité divine. Tous les événements les plus terribles ne sont rien lorsque la connexion est établie entre l'homme et D-ieu. Apparaît alors le règne absolu de son unité. Et alors on comprendra la perfection par la perfection elle-même et non par son contraire. Il faut atteindre cette connaissance qu'il n'y a rien d'autre que lui, rien d'autre que sa perfection.

 Le Tsimtsoum est la possibilité laissée à la liberté et au travail des créatures. Lorsque l'on parle de l'unité au niveau potentiel, par rapport à lui-même, il n'y a pas besoin du mal pour percevoir l'unité divine, il n'y a pas besoin du manque et de l'espace engendré par le Tsimtsoum. 
Mais le dévoilement de son unité en acte, le fait de le sortir du potentiel à l'acte, il y a besoin du manque pour les transformer. 
Mais si la perfection se révélait d'un coup, il n'y aurait plus besoin de l'action personnel de l'homme et donc des Mitsvot non plus. Mais tant qu'il y a les manques, il y a les Mitsvot qui d'après le Zohar, viennent combler ce manque.

Mais en vérité il y a un autre but au Mitsvot, non pas seulement réparer ou arranger quelque chose dans l'histoire mais révéler le plaisir de la proximité divine. Il y a deux de 613 Mitsvot, une pour réparer et une pour s'unir. Et donc en pratique pour dévoiler l'unité, il faut qu'il crée ce qui va empêcher à savoir l'absence et la lacune.

 Pourquoi manger la Matsa à Pessah'?
 Pourquoi mettre les Téphilin?
 En vérité, il y a la Matsa sans l'Égypte, il y a la Mézouza sans la maison, sans la porte et sans sa protection. Mais pour notre humble esprit, nous avons besoin des raisons de toutes les Mitsvot. Dans le monde de la dualité, il faut ce manque pour accomplir les Mitsvot. Nous ne pouvons garder le Shabbat que parce qu'il y a les six jours de la semaine. Le premier homme aurait pu ne rester que dans Shabbat et toutes les créatures après lui.
 Mais dans tous les cas, il y a ce qui empêche, ce qui retarde l'unité. De la même manière que la faute retarde. C'est cela en fait le mal, ce qui retarde le dévoilement divin. Le mal est ce qui va faire la distinction entre les étapes. Car en vérité toutes ces étapes ne sont qu'un seule étape.
 Toutes ces étapes n'ont qu'une racine, toutes ces lacunes n'ont qu'une seule cause, qu'une seule direction. Tous ces événements ne sont que des étapes qui amènent au dévoilement. Et pour pouvoir s'extraire de cette restriction, nous faisons que chaque étape devienne une Mitsva, un rapprochement vers l'unité divine. Chacune de nos pensées est une Mitsva, chacune de nos paroles est une Mitsva, chacune de nos actions est une Mitsva, chacun de nos ressentis se transforme en Mitsva. Chaque pensée, chaque parole, chaque acte et chaque ressenti peut être perçu comme une lacune mais il peut aussi être un passage, un point de traverse, une Mitsva. Chaque événement doit être un éclaircissement dans l'unité.

Nous allons parler maintenant de l'unité de la fin.
 La première porte du Kélah' parle de l'unité primordiale, l'unité d'avant l'idée de la création révélée.
 La porte deux parle de l'unité intermédiaire.
 La porte trois introduit l'unité de la fin qui est le but de la création.
 La porte quatre est la révélation de l'unité finale.
 Il va nous expliquer cette notion de révélation de son unité en passant par le bien.
 Pour pouvoir octroyer ce bien, D-ieu a évalué. Il y a une unité qui est au niveau du potentiel et il y a une unité au niveau de l'action. Et le fait de sortir cette unité du potentiel à l'acte est cela l'évaluation car ce passage va se faire par gradation.
 C'est d'après le Ari Zal le principe du Tsimtsoum. Car pour pouvoir saisir l'être suprême, il doit agir selon notre perception. C'est cela le Tsimtsoum, c'est adapter ou plutôt évaluer son acte de manière graduelle. Le même acte est fait non pas d'un jet mais par étapes du début jusqu'à la fin.
 Où se trouve le mal?
 Il se trouve dans ce passage entre une étape qui est incomplète et l'étape suivante. Tant que nous sommes en évolution en allant vers le but, il n'y a pas de mal. Le mal ne commence que lorsqu'il y a une brisure, une coupure entre un niveau et un autre niveau mais pas dans l'unification. Si je considère une chose en tant que telle , alors il y a la possibilité au mal de se réaliser de façon éphémère. Mais lorsque la fin est atteinte, il n'y a plus de mal.
 Dans la gradation, il y a le mal sauf dans le Kéter qui est la dernière étape. La Sitra Ah'ara a une correspondance dans toutes les Séphirot sauf dans Kéter. La Sitra Ah'ara est une force, une royauté mais sans couronne. Il lui manque cette unité.
 Cette couronne élève la réalité au-dessus de la brisure.
 Le mal n'est seulement qu'au début. Dès que le bébé sort du ventre de sa mère, le mal se tient afin que la dualité se tienne devant lui pour qu'à la fin le mal revienne au bien c'est-à-dire à l'unité parfaite. Car la véritable perfection n'est pas le bien mais le retour du mal au bien originel. D-ieu a créé la création non pour le bien mais pour le mal, pour un mal qui se transforme en bien car c'est cela la révélation de l'unité. Le même bien qui est au début, il sera à la fin, il n'y a pas d'évolution dans le bien. Le véritable bien est la réparation la complétude des manques.
Et s'il n'y avait pas de manques, sa perfection ne pourrait se révéler. Le plaisir des âmes n'est pas dans le bien mais dans la perfection. Toute cette notion d'unité ne peut se faire que par le retour du mal au bien. Le mal est à priori dans la création. La brisure est pensée et voulue pour que le Or ne se dévoile pas dans le Kéli. À priori, il faut montrer un monde sans D-ieu si l'on peut s'exprimer ainsi ou plutôt que l'homme ne ressente pas D-ieu pour après arriver à la révélation. Car ainsi cela va donner la place à l'homme puis à son annulation c'est-à-dire à sa mort ou plutôt à sa vacuité pour arriver à la révélation divine.

D-ieu a évalué pour dévoiler son unité.
 Qu'est cette évaluation?
 Lorsqu'il a donné la possibilité aux lacunes alors les Mitsvot ont leur sens car par notre action nous complétons le manque, la lacune et le vide. Ce n'est seulement dans notre monde de la lacune où l'on peut parler du travail de l'homme dans le service divin. Si  D-ieu veut révéler réellement son unité, il faut d'abord qu'il crée le contraire à savoir l'empêcheur, ce qui va arrêter le mouvement pour ensuite l'annuler afin que le mouvement se diffuse de nouveau. C'est cela tout le point du Eïn Sof qui s'est révélé c'est-à-dire le but ultime qui désire révéler son unité. Et pour cela, il a créé toute la gradation à savoir les dix Séphirot jusqu'à ce que l'on arrive au dévoilement. Donc toute la notion de gradation est pour permettre ce but et c'est cela le Tsimtsoum.

 Il fallait le Tsimtsoum pour créer l'espace primordial et la gradation par les Séphirot dans l'espace primordial en donnant une place au Réchimou, à l'empreinte et donc au manque. Il veut par cela révéler comment le manque se complète et s'arrange grâce à son unité. Le salaire du travail étant justement la révélation de l'unité. Il n'y a pas de différence entre le bien qu'il a voulu te révéler depuis le début et ce qui va se révéler à la fin. Il a créé un manque pour après révéler le bien par gradation selon nos actions mais en vérité ce bien est le même depuis le début mais qui va se révéler grâce à notre travail.

 Il n'y aura donc pas la honte. Car en vérité, c'est quoi ce bien que D-ieu veut révéler?
 C'est la racine, l'origine des âmes.
 Toute la notion d'unité et de bien que D-ieu veut nous octroyer est de nous permettre d'atteindre notre racine, notre cause première.
 La cause première de toute chose étant l'infini. Retourner à l'infini. Le bien ne passe par le dévoilement de l'unité, il est l'unité divine lui-même.
 Le véritable bien est cette unification de tous les événements, de toutes les créatures. En vérité, le libre-arbitre de l'homme va l'amener inéluctablement à ce que D-ieu désire pour lui, sa réunification au divin. Cela peut prendre du temps comme cela peut ne pas en prendre, cela dépend du mérite de l'homme lui-même. Car en vérité, le temps n'est réel que dans la dimension de l'homme. Le temps est un intervalle de liberté car en vérité, l'homme ne fait que ce que D-ieu décide.

 À la fin on va arriver à ce que D-ieu veut alors à quoi sert le libre-arbitre et toute cette gradation?

 Afin que l'homme saisisse et comprenne de lui-même.
 Car en vérité, c'est l'homme qui ne voit pas D-ieu. C'est l'existence qui est cachée de D-ieu et non le contraire.
 D-ieu ne se rétracte pas mais c'est l'homme qui se retire de D-ieu.
 Il peut oublier D-ieu donc pour qui est le tsimtsoum?
 Il n'est qu'au niveau de l'être humain pas de D-ieu.
 D-ieu est toujours présent, c'est l'homme qui ne le perçoit pas. Ce que nous avons appris que D-ieu se retire pour nous laisser une place n'est pas vrai car on ne peut lui attribuer aucun acte matériel.

 Comment comprendre qu'il puisse se retirer?

 Et se retirer de quoi?
 L'existence est posée dans une place où elle a le choix de vivre si l'on peut dire sans D-ieu et doit passer nécessairement alors par la mort. Si l'homme arrive à retirer cette possibilité de vivre sans D-ieu, alors il est déjà dans l'éternité. Mais tant que l'homme est dans sa réalité singulière, il y a réellement une absence qui apparaît de temps à autre mais qui est présent.
 L'absence n'étant qu'une dimension humaine, ce n'est qu'une conception humaine. Ce n'est pas une réalité vraie et unanime. D-ieu ne se cache pas. Il est toujours là.
 D-ieu va révéler le dévoilement de l'unité par la gradation. La gradation se réalisant par le temps qui crée un espace pour l'homme et lui donne la possibilité d'être à côté de lui.
 Avant le Tsimtsoum, cette possibilité n'existait pas.
 Ce Tsimtsoum n'est là que temporairement uniquement pour nous donner la possibilité de prendre conscience de D-ieu soit par notre expérience ou soit par notre sagesse et de revenir à lui.
 Par le travail sur terre et par les Mitsvot, cette conscience va grandir de plus en plus pour ressentir D-ieu dans ce monde et arriver à la réparation finale qui est que les âmes reviennent à leur racine, atteindre la cause première.

 La volonté de D-ieu est d'octroyer cette perfection et il a institué tout l'apport de l'homme en évaluant toutes les étapes et tous les événements où l'homme peut agir.
 Le Ramh'al appelle tout travail, le service divin car cela amène à l'expérience. Toutes les actions d'un homme devraient être au niveau des Mitsvot, le liant avec D-ieu. Mais en ce qui le concerne, les créatures ne peuvent rien lui apporter et donc lorsque nous parlons du travail de l'homme qu'il a à accomplir, ce n'est que par rapport à ce bien que D-ieu veut lui faire mais lui n'est absolument pas affecté si le travail se fait maintenant ou dans cent ans.
 Le projet s'accomplit tel qu'il doit s'accomplir, (en vérité, il est déjà fini car dans la conduite divine, il n'y a pas la place à la gradation).
 La conduite du milieu n'est qu'une conduite personnelle qui n'interfère en rien son projet, conduite illusoire temporelle mais au combien réelle en même temps pour notre perception. 
Car le mal n'est mal que pour nous et le travail n'est que personnel afin de faire revenir ce mal en bien c'est-à-dire repenser notre perception et recentrer D-ieu dans son principe éternel et cosmologique.
 L'unité divine en tant que telle n'a pas besoin de l'apport humain.
 D'une part nous disons que le travail de l'homme est de faire revenir le mal au bien c'est-à-dire réparer le mal que lui a créé et d'autre part nous disons que l'unité n'a pas besoin de cela. Dans son essence, l'unité n'a aucun rapport avec le service c'est-à-dire avec l'apport humain. Donc D-ieu n'a pas besoin de transformer le mal en bien pour se révéler à toi.

 Alors pourquoi faut-il transformer le mal en bien pour révéler l'unité?

 Puisque pour pouvoir révéler quelque chose, il faut une absence, pour que l'homme puisse ressentir le bien de cette unité, il faut que D-ieu occulte celui-ci aux yeux de l'homme un moment et cela se fait par la matérialisation de la dualité qui est le mal ontologique Car si le bien parfait est l'unité divine, le mal illusoire est cette perception de la dualité.
Il faut la mort pour percevoir la vie.
Il faut le serpent (symbole de la séparation) pour comprendre l'autre.
 Le Tsimtsoum à ce niveau de l'enseignement du Ramh'al est comparé à l'absence de la présence divine.
 Par cet acte du Tsimtsoum, D-ieu a révélé les créatures et leur a données un espace. Il a aussi donné la possibilité au travail de se faire, compléter et réparer. Et cela a entraîné aussi le mérite et le salaire. Mais à ce niveau ce n'est pas le dévoilement final, ce n'est que le dévoilement de l'unité grâce au travail. Par ses actions, l'homme se fait connaître à D-ieu ou plutôt, il peut arriver à ressentir la présence divine. Car à ce niveau toute la notion de dévoilement est liée à l'absence, au travail et au salaire.
 C'est le principe du Tsimtsoum. Donc l'unité que l'on obtient n'est pas encore la véritable unité qu'il y avait avant le Tsimtsoum, c'est l'unité du septième millénaire mais à la fin du dixième millénaire, l'unité finale se réunira à l'unité du début.
 Le début de l'unité finale est de percevoir comment nos actions agissent. Il y a encore une perception de l'acte, une perception de la gradation où l'homme existe encore. Car l'essence même de l'unité n'a pas de lien avec le travail. Mais pour nous au début de notre accession à l'éternité, ce n'est que grâce à notre action que nous accédons à la perception divine, grâce à l'absence, grâce à l'espace primordial et grâce au travail.
 Mais nous ne sommes pas à la fin. Ce n'est que le début de la fin, le début de l'éternité, le septième millénaire. La place que donne le Tsimtsoum n'est que le démarrage mais après on rentre dans une autre dimension beaucoup plus grande dans la révélation de l'unité. Car sa révélation dans le tsimtsoum se révèle que par son contraire.

La révélation de l'unité grâce au Tsimtsoum se fait en acte, du potentiel, il est sorti à l'acte. Il fallait donc que le mal se révèle en pratique chez les êtres inférieurs pour qu'il se transforme en bien et de cela découlera un plaisir infini. Il faut traduire le mot ''service'' par ''effort humain''.
 Cet effort ne doit pas être éternel, il n'est que dans ce monde mais à la fin, il y a le salaire qui est le plaisir de la révélation des âmes.
 Pour que l'unité se révèle, il faut que tous les détails du manque se révèlent et s'ils sont séparés, déconnectés, cela s'appelle le mal.
 En vérité, il n'y a pas de différence entre le travail et la récompense.
 Le travail lui-même, l'effort, est la récompense car c'est parce que D-ieu veut faire le bien qu'il a créé le travail pour arriver au bien. Le bien est lui-même le travail, l'effort. Car chaque mal qui est réparé directement en tant que Mitsva, en tant qu'action, fait le Tikoun de l'unité
Car la conduite vers la perfection se fait de cette manière spécifiquement. Si chacun de nos actes est tourné vers D-ieu alors le mal se transforme en véritable bien car le mal est la dualité et le bien l'unité. Il suffirait de ne pas s'accrocher à notre vie personnelle en prenant chacun des événements comme une conséquence de nos actes pour revenir à lui et transformer ce monde qui nous entoure en une énergie simple et unique.

 Il n'y a pas de différence entre l'espace créé et le temps. C'est-à-dire entre la création et la conduite bâtie sur la gradation et donc sur le temps.
 Il y a apparemment deux choses distinctes, d'un côté la conduite c'est-à-dire ce que  D-ieu va faire, l'histoire des événements et de l'autre côté la création qui seraient deux dimensions différentes. 
On a d'un côté ce que D-ieu veut nous révéler à travers nos actions, la conduite et de l'autre côté, l'endroit nous nous trouvons, l'espace que nous vivons, la créature, le corps, la création. Mais en vérité, la conduite et la création ne sont constitués que de la même mesure.
 En d'autres termes, les mêmes Séphirot qui ont fait la créature, la création, font la conduite. Il y a une structure de la création qui est la même que la structure du temps et de la conduite graduelle. La gradation ne se fait pas uniquement au niveau du temps. C'est une gradation dans la matière elle-même. Comment elle est constituée. En d'autres termes, il y a un lien entre toutes les créatures de la création. Toute la création n'est qu'une action de D-ieu qui œuvre dans le temps.

 Toute la création et toute l'histoire c'est-à-dire toute la conduite de la direction sont construites les deux sous la même idée: à la fin de tous les cycles, se révèle l'unité. Les créatures elles-mêmes sont fabriquées de la même manière, avec les lois de la conduite. C'est toute la notion des Séphirot, il y a quelque chose qui avance et qui fait révéler l'unité, s'exprimant à travers deux choses, à travers les créatures, en particulier à travers Israël et à travers l'histoire. D-ieu a un but ultime, révéler son unité. 
Il va le révéler par deux choses, par la création ou plutôt par toutes les créatures et par la conduite des événements qui est l'acte du char divin.
 La gradation donne place à différentes créatures, à différentes structures de Séphirot, ces forces divines avec lesquelles il crée et il dirige. D-ieu prend le Eïn Sof et le subdivise
Au premier plan, il y a Adam Kadom avec ses dix Séphirot avec lesquelles il crée les mondes et les dirige. Au départ D-ieu fabrique les Séphirot afin de diviser ce plan en dix étapes. Donc grâce aux Séphirot, va se révéler l'unité. Les Séphirot vont donner naissance aux créatures et à tous les mouvements de l'action, de la conduite de l'histoire.

 La révélation de l'unité lorsqu'elle se fait par gradation va en premier donner un espace à une action mesurée. Cette même action va se révéler sous forme de dix étapes. C'est la première révélation mais il faut savoir que toute la création est la conséquence des Séphirot, est un engendrement de ces émanations divines que sont les Séphirot. 
Attention, le but n'étant ni la création ni l'histoire car elles ne sont qu'une expression des Séphirot mais le but est l'unification de toute cette création et de toute cette histoire. Les Séphirot sont la révélation du Eïn Sof par étapes.

Rav Mordékhaï Chriqui (5777)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses

Vous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/