jeudi 10 mars 2022

Recueil de cours sur la Paracha "Vayikra" selon le sens secret

 

Recueil de cours sur la Paracha "Vayikra" selon le sens secret

SOMMAIRE 

1 VAYIKRA: LA SIGNIFICATION MÉTAPHYSIQUE DU QORBAN

2 VAYIKRA - QORBAN : le sacrifice de l'animalité et l'adhésion à la divinité 

3 KAWANA DU SHEMA’

4 LA FONCTION UNIFICATRICE DES NATIONS PAR LE TEMPLE DE JÉRUSALEM 

5 LA MÉTHODE POUR ACCEDER A LA CONNAISSANCE DE LA DIVINITÉ C’EST LA PROPHÉTIE. 



1 VAYIKRA: LA SIGNIFICATION METAPHYSIQUE DU QORBAN


Le livre de "Vayikra" s'articule essentiellement autour du travail[1] dans le Temple ' Michkan', que l'on appelle improprement en français "sacrifices", et qui connotent une idée très négative de massacre d'animaux avec des bains de sang. En hébreu le terme est tout différent: qorban, qui signifie littéralement celui qu'on a approché. Le mot vient de la racine qarev, qui veut dire proche. Il s'agit de se rapprocher de D.ieu, et ce en amenant un animal ou des produits de la terre au Temple de Jérusalem, et de le "sacrifier" sur l'autel, selon un rite décrit avec une grande précision dans le livre de Vayikra. Le qorban s'inscrit dans un plan beaucoup plus large qui est celui du Temple, chargé de dispenser le flux divin au monde entier. En effet, le Temple est le point de jonction entre les mondes supérieurs et le monde terrestre. C'est à partir du Temple et du travail des prêtres qui s'y pratique que va s'opérer le passage du spirituel au matériel. Chaque élément du Temple va ainsi avoir un rôle quasi-cosmique, puisque c'est à partir de lui que l'abondance divine pourra se déverser dans le monde. Ainsi, les pains de proposition déposés sur la table du sanctuaire seront les vecteurs de l'abondance alimentaire dans le monde, et empêcheront toute famine. L'encens, travail hautement spirituel, assurera la paix dans le monde, valeur également très élevée. 


Nous apprenons le rôle du Temple grâce à l'analogie entre celui-ci et le corps de l'homme[2]. Le Ramhal, dans Michkéné Elion (Les Temples suprêmes), décrit le parallèle entre les différentes parties du Temple et la structure humaine. Ainsi, le Saint des Saints (Kodech Hakodachim) représente le cerveau humain, chaque Table symbolisant un hémisphère cérébral, le crâne correspondant à l'Arche. Puis le Candélabre (la Ménora) parallèle les yeux; l'encens (la Kétoret) représente le nez; les Pains de Proposition sur la Table sont à rapprocher de la bouche. Sortant de l'espace du Saint où se trouvent tous ces ustensiles, nous arrivons au "Oulam" où se trouve l'autel. Si le Saint représente le visage, le Oulam est à mettre en parallèle avec le buste de l'homme. L'autel serait, dans cette optique, le système digestif, qui consomme les aliments venus de l'extérieur (ici les animaux-qorban), et fait ainsi le triage entre la partie des aliments à absorber et le reste à évacuer. Dans le travail des qorbanot, on trouve le même phénomène de sélection. Le qorban est brûlé sur l'autel, et les cendres (le déchen) est nettoyé le matin par le prêtre de garde; c'est même le premier travail qu'on effectue dans le Temple: avant de commencer la sanctification et l'élévation du monde, il faut avoir éliminé tout ce qui pourrait entraver ce travail.[3]


Ce travail de sélection s'avère central dans le Temple. C'est par et pour les qorbanot que le Temple fonctionne[4]. Si la Torah y a consacré un livre entier (Vayikra), c'est que les qorbanot sont essentiels à qui veut répondre à l'appel (vayikra) lancé par D.ieu pour tenter de se rapprocher de Lui, pour tenter la grande expérience de la Dvékout. 


Car les qorbanot nous offrent la possibilité unique de trier en nous le bien et le mal, et ainsi de nous élever vers le Haut, vers le spirituel. En effet, dans un qorban, on doit brûler d'abord la graisse et le sang. Ces deux constituants, nous dit le Ramhal, correspondent aux désirs (la graisse) et à l'orgueil (le sang). Pour qu'un homme fasse véritablement tchouva, il faut d'abord qu'il se débarrasse de ses lacunes, en commençant par maîtriser ses désirs et éliminer son orgueil. En consommant le sang et la graisse du qorban sur l'autel, l'homme sacrifie symboliquement ses penchants négatifs. Ainsi il pourra se rapprocher de D.ieu.


On comprend mieux maintenant pourquoi les qorbanot revêtent une telle importance dans l'économie de la vie juive. Ils sont l'intermédiaire favorisant le contact entre D.ieu et Son peuple. Et lorsque ces qorbanot ne purent plus être pratiqués, après la destruction du Temple, les Sages les ont remplacés par la prière, qui est devenue le vecteur de communication entre nous et D.ieu, ainsi que le dit le prophète Osée: "Nous complèterons les sacrifices des taureaux par nos prières (14, 3).


Mais ce rapprochement entre D.ieu et nous va encore plus loin. Car par le travail des qorbanot, on ne fait rien de moins qu'atteindre le but que D.ieu avait assigné au monde en le créant: rassembler tous les éléments disparates de la création et les faire remonter vers leur origine divine. Dans le langage de la Cabale: réunion des éléments séparés (nifradim) à la Source (Chorech) pour atteindre l'adhésion (dvékout) à D.ieu[5]. Le Ramhal décrit ce principe comme la perfection et le but ultime de tout homme: "Et lorsque tu approfondiras le sujet, tu verras que la véritable perfection est uniquement l'adhésion à D.ieu" (Mésilat Yécharim, La voie des Justes, chapitre 1). L'adhésion à D.ieu se fait en deux phases: 


L'âme de l'homme s'élève et s'unit dans un premier temps avec son origine, qui se trouve dans la Chekhina, la Présence Divine sur terre. Cette élévation est rendue possible justement par le travail des qorbanot, qui sanctifie le corps de l'homme en "sacrifiant" l'animal sur l'autel, et montre ainsi qu'il désire maîtriser toutes ses pulsions physiques et son orgueil, sources du mal au niveau individuel. Par le qorban, l'homme aura fait le tri entre le matériel et le spirituel et pourra ainsi se rapprocher de son origine divine.


Dans une seconde étape, ce processus, de particulier, devient collectif: tous les êtres créés ont réalisé ce processus de triage et d'élévation spirituelle, et alors ce qui était séparé peut s'unir à la Présence Divine. On atteint le stade de l'union des mondes, de l'unité retrouvée entre le Créateur et les créatures. Degré extrême de perfection, où l'unité et la souveraineté de D.ieu sont vécues par tous les êtres vivants


Ainsi, par le biais des qorbanot, l'homme peut en quelque sorte s'épurer de ses tendances animales, et s'unir, ou au moins se rapprocher, de son origine divine. Ce processus le place dans la position de l'homme "idéal", c'est-à-dire Adam avant la faute. Le qorban, qui était apporté pour expier d'une faute, permet une sorte de "revirginisation" du fauteur. En sacrifiant un animal au Temple, le fauteur montre qu'il a compris qu'il fallait dominer ses instincts animaux qui l'ont amené à fauter, et ainsi il peut aspirer à une haute expression de sa spiritualité, but de la création de l'homme. C'est la voie vers la perfection humaine, comme Adam séjournant dans le Jardin d'Eden avant la faute, où il existait une communication directe entre D.ieu et lui, et où le corps et l'âme étaient translucides, enveloppés de la lumière divine[6].


Le qorban n'est donc pas cette image fausse et dévoyée d'animaux sacrifiés pour un D.ieu affamé de sang, mais au contraire le vecteur d'une plus grande spiritualité, le moyen d'atteindre des sommets destinés à l'union des êtres créés avec leur Créateur, et ainsi d'amener sur terre une plus grande fraternité, car tous les hommes se retrouveront unis par l'image du divin inscrit en eux et qui s'exprimera en plein après le travail préliminaire des qorbanot. 


Rav Mordékhaï CHRIQUI 

[1] Nous préférons le terme de travail à celui , plus usité en français, de "service" qui traduit improprement ce que l'hébreu entend par "avoda". [2] Voir notre article sur Trouma. [3] Dans la même veine, les cabalistes recommandent une vidange intestinale le matin avant la prière, pour que le corps soit prêt à recevoir le maximum de sainteté (Voir Ari zal, Chaar Hakavanot, introduction) [4] Même si le Temple Lui-même, comme nous l'avons expliqué dans la paracha de Trouma, a une sainteté intrinsèque indépendante des qorbanot qu'on y pratique. [5] Voir Kitsour Hakavanot du Ramhal p 162. [6] Le corps de l'homme était alors enveloppé non d'une peau עור mais d'une couche de lumière אור .La dichotomie corps-esprit n'existait même pas, l'homme avant la faute baignant dans un contact constant et immédiat avec le divin.


2 VAYIKRA - QORBAN : LE SACRIFICE DE LʼANIMALITE ET LʼADHESION A LA DIVINITE 


« Et lorsque tu approfondiras le sujet, tu verras que la véritable perfection est uniquement l'adhésion à Dieu » (Mésilat Yécharim, La voie des Justes, chapitre 1). 


À propos des qorbanot (sacrifices), Maïmonide dans le Guide des égarés (livre III chapitre 32) écrit : « […] En effet, comme il est impossible de passer subitement d'une extrémité à l'autre, l'homme, selon sa nature, ne saurait quitter brusquement toutes ses habitudes. Lorsque Dieu envoya Moïse, notre maître, afin de faire de nous, par la connaissance de Dieu, "un royaume de prêtres et un peuple saint" (Ex. 19, 6) [comme il l'a déclaré en disant : "On t'a montré à connaître, etc." (Dt 4, 35), "tu sauras aujourd'hui et tu te rappelleras à ton cœur, etc." (Ib. 11, 13)], et afin de nous rendre dévoués à son culte, comme il dit : "et pour le servir de tout votre cœur" (Ex 23, 25), "c'est lui que vous servirez l'Eternel votre Dieu" (Ex 23, 25), "c'est lui que vous servirez" (Dt 13, 5) ; alors (dis-je) c'était une coutume répandue, familière au monde entier, - et nous-mêmes nous avions élevés dans ce culte universel – d'offrir diverses espèces d'animaux dans ces temples où l'on plaçait les idoles, d'adorer ces dernières et de brûler de l'encens devant d'elles. Des religieux et des ascètes étaient les seuls hommes qui se dévouaient au service de ces temples consacrés aux astres, comme nous l'avons exposé. En conséquence, la sagesse de Dieu, dont la prévoyance se manifeste dans toutes ses créatures, ne jugea pas convenable de nous ordonner le rejet de toutes ces espèces de cultes, leur abandon et leur suppression ; car cela aurait paru alors inadmissible à la nature humaine, qui affectionne toujours ce qui lui est habituel. Demander alors une pareille chose, c'eût été comme si un prophète dans ces temps-ci, en exhortant au culte de Dieu, venait nous dire : "Dieu vous défend de lui adresser des prières, de jeûner, et d'invoquer son secours dans le malheur ; mais votre culte sera une simple méditation, sans aucune pratique". » 


Il est indéniable pour le rationnel de penser autrement le sacrifice. Et pourtant la Torah est éternelle , et comme dit Nahmanide, Adam, Abel ont fait des sacrifices et il n'y avait pas de peuples ni de tradition à cette époque. Et à la fin des temps, nous prions que « les sacrifices soient rétablis». Il est vrai que tous les prophètes d'Israël ont déjà réprimandés le peuple et leurs sacrifices insignifiants. Cependant une question se pose aux rationalistes : « une loi (en occurrence ici , le sacrifice) peut-elle être une concession faite au peuple d'Israël à cause des dérapages des peuples idolâtres ?


Selon la kabbale, le Qorban (traduit généralement par « sacrifice ») signifie, le « rapprochement » de la créature à Dieu. Tel rapprochement entre Dieu et nous peut se traduire de plusieurs manières, selon la nature de l'homme et le temps; c'est là la signification du malboush, le vêtement, que peut porter la mitsva, ou l'ordre divin. Mais attention ! tout le monde ne peut faire des transpositions des ordres divins, selon l'époque et la nature humaine très variable. De là le veau d'or. Seul le prophète ou le possesseur de rouah haqodesh, le souffle saint, est capable d'extrapoler sans corrompre l'écriture.


Après la destruction du Temple les maitres ont dit : « fin de la prophétie, et hadash assour min haTorah, tout ce qui est nouveau sera interdit par la Torah ». Il fallait attendre le Zohar ou le Ari pour renouveler le sens de certains symboles, comme les douze pains des repas de shabbat qui rappellent les douze pains de préposition du Temple. Les haqafot de la Téva à Souccot en souvenir des haqafot de l'Autel, ou encore la consommation de la matsa afiqomen (T.B Pessahim) en souvenir de la consommation de l'agneau pascal etc. etc…


Aussi les prières remplacent les qorbanot, mais les méditations aussi sont un véritable substitut aux qorbanot. En effet par la qawanah des qorbanot, on ne fait rien de moins qu'atteindre le but que Dieu avait assigné au monde en le créant : rassembler tous les éléments disparates de la création et les faire remonter jusqu'à l'Unique Source. Dans le langage de la kabbale ramhalienne : l'Union des êtres séparés (nifradim) à la Source (Chorech) pour atteindre l'adhésion (dvékout) à Dieu. Le Ramhal décrit ce principe comme la perfection et le but ultime de tout homme: "Et lorsque tu approfondiras le sujet, tu verras que la véritable perfection est uniquement l'adhésion à Dieu" (Mésilat Yécharim, La voie des Justes, chapitre 1).


Rav Mordékhaï Chriqui L'ESSENCE DE LA TORAH II 



3 KAWANA DU SHEMA'


"Toute lʼintention de la prière est dʼunir Zĕʻîr Anpin (ha-Qadosh baroukh hou) et son Féminin (la Shékhinah) et de les accoupler. Quand le Temple était érigé, leurs cerveaux étaient permanents et ne s'éclipsaient pas, mais à présent, les cerveaux se sont séparés […] il n'y a pas d'Union, et le but de nos prières est de leur restituer leurs cerveaux. [...] Avant que le Petit visage et son Féminin soient accouplés lors de la ʽĂmîdâh, il faut quʼils aient leurs cerveaux. C'est ainsi dans le Hȇkhȃl, Palais, de lʼAmour [dans le monde de la création] ... se constituent les eaux féminines pour susciter l'accouplement supérieur du Père et de la Mère [qui sont constamment unis] se trouvant dans le Monde de lʼÉmanation, afin quʼils engendrent les mȏḥîn pour Zĕʻîr et son Féminin, et quʼensuite ils sʼaccouplent lors de la ʽĂmîdâh. En conséquence, le but de la récitation du Šĕmaʻ concerne lʼadhérence du Père et la Mère ainsi que la descente des cerveaux vers Zĕʻîr et son Féminin. […] En bref, le secret de la récitation du Šĕmaʻ consiste à unifier le Père et la Mère et à donner les cerveaux au Zĕʻîr et à son Féminin, et ces cerveaux descendent jusquʼau Palais de lʼAmour du monde de la création ; alors la Malkhȗt peut sʼélever dans le monde de lʼÉmanation et devenir une configuration (Visage) complète. […] Lʼintention de lʼunification du Šĕmaʻ est lʼaccouplement de Aba et ʼÎmȃ auquel succède, lors de Sîm Šâlôm (fin de la récitation de la ʽĂmîdâh) lʼunion des deux Visages inférieurs". SHELA', Sîddûr Šaʻar ha- šȃmayîm, op. cit., p. 170-171.


Rav Mordékhaï Chriqui Facebook 7 janvier 2015



4 LA FONCTION UNIFICATRICE DES NATIONS PAR LE TEMPLE DE JÉRUSALEM


Dans le Midrash Rabba (1,3) : Rabbi Josué fils de Lévi dit : « Si les nations du monde avaient conscience de lʼimportance, ainsi que le nécessité - pour elles - du Temple, ils auraient entouré le Temple de murailles pour le protéger. Car en réalité la nécessité dʼun Temple est plus importante pour elles que pour Israël ; ainsi que le Roi Salomon a tenu à proclamer lors de lʼinauguration : « Je t'implore aussi pour l'étranger qui ne fait pas partie de ton peuple Israël et qui viendrait de loin pour honorer ton nom. Car ils entendront parler de Ton grand nom, de Ta main puissante et de Ton bras étendu, et ils viendront prier dans cette maison; Toi, tu l'entendras du ciel, ton auguste résidence, et tu exauceras les vœux que t'adressera l'étranger, afin que tous les peuples du monde connaissent Ton nom, qu'ils Te révèrent comme ton peuple Israël, et qu'ils sachent qu'elle est sous l'invocation de ton nom, cette maison que j'ai bâtie » (Rois I, 8, 41) ». (Voir la suite du Midrash - en hébreu - cidessous) 


Oui le Nations gagneront avec le Temple de Jérusalem, car il leur apportera lʼéquilibre, lʼharmonie, la Sagesse suprême, et la paix. Bien quʼIsraël a dʼautres moyens pour connaitre et servir Dieu, cependant la dimension de "lʼunion des êtres créés avec lʼInfini", ne peut être atteinte que si les peuples sont en paix et sous le toit du Temple de Jérusalem. Temple qui relie le Candélabre (les sciences - Édom, lʼOccident), lʼAutel (le sacrifice - la prière - lʼIslam), lʼencens (émanation - traditions hindous etc.), et, lʼArche de la Torah (le Saint des saints - lʼInfini - Israël). Lʼunification des valeurs, dispersées à travers le globe, à lʼintérieur du Temple de Jérusalem, révèlera lʼUnité de Dieu Un et absolu. 


Rav Mordékhaï Chriqui © M.C. LʼEssence de la Torah II (corrigé 2020) 


מדרש רבה במדבר פרשה א פסקה ג : א"ר יהושע בן לוי: אלו היה או"ה יודעים מה היה המקדש יפה להם קסטריות היו מקיפים אותו כדי לשומרו. שהיה יפה להם יותר משל ישראל. שכן שלמה סדר תפלה (מלכים א ח, מא) : וגם אל הנכרי אשר לא מעמך ישראל הוא וכתיב (שם) ועשית ככל אשר יקרא אליך הנכרי. אבל כשהוא בא אצל ישראל מה כתיב (דה"ב ו) ונתת לאיש ככל דרכיו אשר תדע את לבבו, אם היה ראוי לו היה נותן לו ואם לאו לא היה נותן לו. ולא תאמר בית המקדש אלא אילולי ישראל לא היה מטר יורד ולא השמש זורחת שבזכותן הקב"ה מרויח בעולמו. ולעולם הבא או"ה רואין לישראל :היאך הקב"ה עמהם והן באין להידבק להם שנא' (זכריה ח) בימים ההמה אשר יחזיקו עשרה אנשים מכל לשונות הגוים 



5 LA METHODE POUR ACCEDER A LA CONNAISSANCE DE LA DIVINITE C’EST LA PROPHETIE. 


LA KABBALE (et avec le Ramhal en particulier) - qui est le prolongement de la prophétie - utilise une autre méthode de la LOGIQUE (non pas la cartésienne ou la talmudique = Ets hadaat) mais la méthode de la MATQALA - la BALANCE (selon le sifra disnéuta); Dans l'approche scientifique, on utilise le syllogisme et l'expérience. ll y a certes aussi une intuition dans la science, mais très aléatoire. Dans la kabbale il y aurait , grâce à la prière et les yihoudim (méditations) UNE VRAIE INTUITION - c'est l'esprit sacré. 


Rav Mordékhaï Chriqui Facebook 24 avril 2012

mercredi 2 mars 2022

Recueil de Cours sur la Paracha " Pekoude" le Temple "Michkan"




PARACHA ''PEKOUDE'' : LE TEMPLE

 Dans le dernier verset de la PARACHA, il est écrit: « car la nuée de Dieu était sur le MISHKAN le jour et le feu était la nuit aux yeux de toute la maison d'Israël dans toutes leurs étapes''. 

Le livre des noms, "Chémot", qui s'occupe de la sortie d’Égypte, du don de la Torah et en conclusion de la construction du MISHKAN (temple), est à priori le cheminement qui amène la création à la perfection qui va se perdurer après par la construction du saint temple.

 Il y a un point dans cette PARACHA qui enseigne sur la révélation de son unité et aussi sur l'union de la communauté d'Israël. Ces deux aspects dépendant l'un de l'autre. 

Tout le temps où le MISHKAN était dans le désert, la nuée divine le recouvrait. Avant la construction du MISHKAN même s'il y avait déjà la Torah, il n'y avait pas une telle union dans toutes les évolutions de la vie des enfants d'Israël dans le désert. Cette union ne pouvait se faire que par la construction du MISHKAN. 

Bien qu'avant sa construction, Dieu générait toute l'âme de la création mais maintenant un autre niveau se dévoile, cette possibilité de s'unir à la vie éternelle en particulier. De l'âme du monde, maintenant Dieu se dévoile à son peuple par l'intermédiaire du MISHKAN et par cela, lui donne la possibilité de ressentir consciemment cette éternité divine. 

 Et même au moment du don de la Torah, il n'y a pas eu cette proximité divine aussi forte bien qu'il est écrit que Dieu, la Torah et Israël sont UN c'est-à-dire qu'il y a une union indélébile qui se crée au moment du don de la Torah, cette union n'est pas aussi forte car celle-ci ne se fait qu'au moment de l'étude de la Torah alors qu'avec la construction du MISHKAN, cette union, cette proximité divine se ressentait dans chacun de leurs actes.

 Chaque événement de la journée et de la nuit était grâce au MISHKAN, en union parfaite avec l'unité divine. Il y a la Torah qui est la Théorie et il y a le service qui est la pratique. 

 Par le service, se révèle en pratique l'union et par cela, Dieu se dévoile en chacun de nous. Ce lien était continu sans interruption. C'est-à-dire que cette union révélait en nous une conscience permanente de l'unité divine.

 Rabbi Shimon bar Yoh'ai enseigne que lorsqu'il y avait le MISHKAN, les enfants d'Israël n'avaient pas besoin de lumière pour s'éclairer dans leurs tentes. La lumière de la nuée de gloire les éclairait dans chacun de leurs gestes. Leurs corps étaient eux-mêmes lumière divine. Ils n'avaient plus besoin de leurs sens pour percevoir le monde.

 Les nations sont liés au soleil c'est-à-dire à cette conduite dite de la nature où le lien avec les créatures ne peut se faire qu'avec les sens. Le peuple d'Israël a un lien particulier au-delà de la perception des sens. Ce lien se dévoilait à chaque moment à l'époque du MISHKAN. Et par ce lien divin, les nations eux-mêmes recevaient leur lumière générée par le soleil et donc par la conduite dite de la nature.

 Il se peut qu'avec la TORAH uniquement, le peuple d'Israël ne peut arriver à devenir une seule entité réellement et définitivement car nous avons vu que malgré le don de la TORAH, le peuple avec la fabrication du veau d'or, s'est disloqué et a voulu redevenir une nation identique aux autres nations qui n'est que l'assemblage de volontés particulières où chacun des êtres qui forment la nation est lié à celle-ci que parce qu'ils ont une volonté commune parmi une myriade de volontés qu'ils développent.

 Cette révélation de la lumière divine s'épanchant par l'union totale du peuple d'Israël, ne peut se faire que par la construction du MISHKAN et bientôt du troisième temple. Le temple n'est pas seulement la perfection d'un peuple mais aussi la perfection de toute la création entière. 

Dans la création, il y a évidemment des qualités spécifiques qui unissent les créatures afin de révéler l'unité divine malgré la spécificité de chacune des créatures qui la composent. 

 Chaque créature ayant la même composition d'énergie divine en elle qu'elles soient du monde des âmes, anges ou créatures séparées. Il y a donc dans l'essence même de la création, la possibilité de revenir à l'unité divine. Mais le temple est un révélateur de cette unité divine extraordinaire.

 De la même manière que Dieu est l'âme de la création qui génère et qui fait exister celle-ci, le MISHKAN aussi en est le moteur. Celui-ci en est le plan céleste. Le chaos qui perdure dans le monde bien qu'il a été réparé par le don de la Torah, la réparation totale de ce chaos, la réparation de cette harmonie divine ne peut se faire que grâce au plan inclus dans le temple. 

Le mauvais penchant c'est-à-dire cette perception duelle de la vie ne pourra complètement et réellement être réparée que par la construction du troisième temple. Car en fait le temple dans ce monde est la révélation de la direction divine qui se trouve dans le niveau le plus haut de la création. Et c'est par l'intermédiaire du temple que Dieu devient UN avec sa création sinon, il n'est que l'âme de sa création en tant que Élokim, le puissant générateur d'énergies divines.

 Par la construction du MISHKAN, vous avez réuni le transcendant et l’immanent car en vérité le MISHKAN englobe toutes les créatures, toutes les énergies de la plus haute à la plus basse. Par sa construction, s'est révélée cette union de toutes ces forces. 

Dieu désire la construction du troisième temple plus que le peuple d'Israël lui-même car par sa construction se révélera sa véritable gloire qui est le but de toute la création.

 Rav Mordékhaï Chriqui 5776 Retranscription Rav Michael Smadja 



PARACHA ''PEKOUDE'' : LES FONDEMENTS DU TEMPLE ET L'UNIFICATION DES MONDES

 La construction du Mishkan nous apprend que le but de la création n'est pas seulement de goûter le transcendant mais aussi l'immanent, la présence de Dieu dans ce monde à tout moment.

 Sans cette vie divine ici-bas, l'homme reste alors dans une certaine théorie de la connaissance de Dieu, dans une foi platonique.

 Par le Mishkan, l'homme va transcender sa foi et l'expérimenter dans sa propre vie. C'est vivre avec Dieu et non seulement l'accepter en tant que créateur. Grâce au Temple, on vit l'expérience divine. Dans le Temple, va se faire l'union des êtres avec Dieu comme l'union d'un homme et d'une femme, d'un peuple avec Dieu. Mais il y a encore beaucoup plus que cela qui est un arrangement, une réparation de toutes les créatures pour les amener et les élever aussi à cette adhésion. 

« Au commencement, Élokim a créé les cieux et la terre». Dieu a créé le monde en créant son modèle dans les mondes supérieurs. Ce monde tel qu'il est, ressemble au modèle suprême afin que ce monde soit conforme au monde supérieur. Et toutes les facettes qui sont installées en haut, sont préparées en bas afin d'unifier le monde supérieur au monde inférieur. Car s'il n'y a pas cette ressemblance, ce parallèle entre l'univers métaphysique et l'univers physique, il ne pourrait se faire cette fusion entre les deux mondes. Pour qu'il y ai union, il faut un rapport, une relation entre ces deux mondes. Chaque chose de ce monde a une correspondance dans les mondes supérieurs. 

« au moment où Dieu a créé le monde, il a scruté la Torah comme un architecte scrutant les plans d'une construction». Dieu en fait médite sur son nom pour créer le monde. On considère la Torah comme le nom suprême. Tout ce qui est rapporté dans la Torah, sont en fait des noms divins. Toute la Torah est en fait un seul nom divin constitué de toutes les lettres attachées l'une à l'autre. 

« le monde se tient alors sur trois axes qui sont la H'okhma (sagesse), Bina (le discernement) et Daat (le savoir)» ce sont les trois premiers principes de la création. Il n'est pas mentionné le ''Kéter'' dans le Zohar et il est remplacé par un autre principe qui s'appelle ''Daat''. Il s'agit des trois principes de l'univers et par ces mêmes principes, le Temple a été construit. Dans la création, il est écrit ''travail'' ''l’œuvre divine'' comme dans la construction du Mishkan.

 La H'okhma ne peut être saisie de manière automatique, c'est comme une sorte d'axiome que l'on reçoit sans comprendre. C'est comme une graine qui contient tout ce qui doit sortir mais n'est pas percevable dans sa constitution (ajout une même graine qui selon la terre ou elle a été plantée donnera une vigne avec un gout différent).

 Ce n'est que par la rencontre avec un autre principe que l'on appelle ''Bina'', discernement, que va se révéler et être perçue cette sagesse car la sagesse en elle-même est cachée. La véritable raison de toute chose nous échappe en vérité. Il n'y a rien de rationnel dans les Mitsvot car leur source provient d'un endroit insaisissable. Par la Bina, il y a une fragmentation de la sagesse, de la graine, (c'est le rôle de la terre) il y a alors une révélation. 

  Tout fonctionne de cette manière, de l'union de la H'okhma avec la Bina, entre la sagesse et le discernement, entre le principe masculin et le principe féminin. Cette union engendre le Daat, le savoir (c'est le fruit). C'est par le savoir aussi que l'abîme du monde se crée dit le prophète. Le savoir engendre notre comportement, c'est en fait l'expérience. Ces trois principes vont être les fondations mêmes du Temple et de l'univers. 

Dans le verset de la genèse, le mot ''béréchit'', ''au commencement'' correspond à la H'okhma, au père. Le mot ''Bara'', ''a créé'' correspond à la Bina, à la mère. '' les cieux'' correspondent au Daat et au petit visage, c'est aussi l'expansion vers la matière. Et c'est la terre qui est le produit de ces trois principes. 

« Voici les comptes du Mishkan» le Zohar explique que cela fait référence à la H'okhma. C'est le sens caché de sa construction qui est de l'ordre de la sagesse. «Voici le plan caché du Mishkan» c'est cette même sagesse qui s'est exprimée au moment de la création du monde. Le verset continue avec les mots « la tente de témoignage» ''cette tente d'assignation qui témoigne et donc qui révèle'' représente la Bina, le discernement. « Qui fut dressée selon l'ordre de Moshé» c'est la révélation physique du Mishkan par le Daat. 

 L’œuvre du temple est donc en parallèle avec l’œuvre de la création. Il y a donc un lien entre les mondes métaphysiques et le monde physique qui se révèle par cette structure des trois principes de H'okhma, Bina et Daat. Tout cela est enregistré dans cette construction du Mishkan. Il y a donc trois plans: un plan suprême, le divin, un plan physique, l'univers dans toutes ses facettes et nous avons le Temple qui a en lui une trace de tout ce qui existe en haut et en bas.

 Le Temple étant une clé de jonction et d'unification entre le haut et le bas. Cette jonction a elle-aussi cette même correspondance afin d'unifier ces deux plans supérieur et inférieur. Chaque plan correspond à sa réalité, il existe donc dans le Temple, une forme de tout l'univers qui est lui-même une forme de tout le plan suprême. Le Temple possède donc en lui une forme de cette structure extraordinaire du plan divin. Ces mêmes mesures avec lesquelles Dieu a fait le monde, il les a utilisées pour faire le Temple. Il est donc une représentation de tous les mondes suprêmes et de tous les mondes inférieurs. Le Temple a une fonction qui lui est particulière qui est cette clé de voûte qui va permettre d'unifier ces deux plans de la création. 

Le Zohar enseigne que Moshé a été très étonné de l'ordre de construire le Mishkan car il se disait: « comment le maître du monde qui contient tout peut-il demander qu'on lui construise une maison matérielle?» le Temple est le témoignage de la présence divine sur terre. Mais d'un autre côté, dès que l'on parle d'enfermer le divin dans la matière, cela est proche de l'idolâtrie. Et c'est cela l'étonnement de Moshé. Certains sages expliquent que le Temple est venu après le veau d'or où on a montré notre incapacité à vivre l'expérience divine sans objet, rien qu'avec l'esprit. Le Temple devient alors comme Moshé, l'intermédiaire sans frôler l'idolâtrie. 

Tous les prophètes vont être de cet ordre où il va y avoir une altération de la parole divine mais Moshé n'est pas de cet ordre, il retransmet directement la parole divine sans interprétation et donc sans altération et dégradation. Chaque prophète transmet ce qu'il reçoit par rapport à un temps, par rapport à un événement, il n'est pas dans l'éternité. Moshé va transmettre la voie de l'éternité qui va s'habiller dans la temporalité. 

 C'est Moshé qui va dresser le Temple et c'est lui seul qui comprend sa signification exacte. Dieu a montré par sa construction toutes les créatures de ce monde et tous les événements qui ont une forme suprême et une correspondance dans les mondes supérieurs. Dieu lui a montré aussi le passage de la forme subtile à la forme matérielle. C'est ce passage qui s'appelle ''ex-nihilo'' qui est cette extraction de l'existence à partir du néant, le néant en tant qu'insaisissable et infini. Il y a donc un passage de la forme subtile à la forme épaisse de la matière. Moshé a vu exactement ce que Dieu veut et ce passage, cette clé de voûte est le Temple. C'est tout le mystère des Palais, des Hékhalot.

 Ce sont ces palais qui transforment la lumière subtile et qui les orientent vers les formes terrestres et universelles. Mais elles ne prennent forment que lorsqu'elles passent à travers un Mishkan qui est la résidence de la présence divine. Et c'est par ce passage de la présence divine dans ce Temple et dans ces palais, que vont se matérialiser les lumières divines en formes telles que nous les pensons, telles que nous les imaginons, telles que nous les réalisons. 

« vois les formes qui sont vues en toi» c'est ainsi qu'explique le Zohar la perception de la construction du Mishkan.

 Le Temple en fait est ces sept palais qui se réunissent dans un seul palais qu'est le Temple et que le Zohar appelle ''miroir'' qui permet de voir au-delà de la perception sensorielle. C'est un niveau de perception de l'ordre du supra-mental. 

 Nous percevons alors par ce miroir, l'origine de toutes les formes, de tous les accidents, de tous les événements. Nous ne parlons que de cette sphère, de ce miroir qui n'est pas transparent et qui permet alors de transformer par la faculté imaginative les lumières en formes et de visualiser quelque chose de concret. Le Temple n'est pas un lieu de culte comme la synagogue mais l'endroit où se révèlent les unions du haut et du bas. Alors notre vie a un sens car elle est reliée à quelque chose qui est dans la pensée même de Dieu et qui est éternelle. 

Rav Mordékhaï Chriqui 5778 Retranscription Rav Michael Smadja 



PARACHA PEKOUDE : LE MYSTERE DU TEMPLE DE JERUSALEM 

Le Temple de Jérusalem, représente l'idéal le plus élevé auquel le monde peut aspirer : faire régner directement, et quotidiennement, la souveraineté de Dieu et son Unité dans le monde.

 Dans son livre fabuleux Michkéné élyone, sur le 3ème Temple de Jérusalem, le Ramhal nous explique la structure métaphysique du Temple de Jérusalem. Ce Temple représente aussi bien la structure du monde, que la structure de l'homme.

 En somme le Temple est le microcosme de l'univers au même titre que l'homme. Il contient en Lui tous les éléments de la nature, et et les ramène à leur essence – la sainteté. Il y a en quelque sorte "transfert" de la sainteté du Temple vers la nature, celui-ci dispensant la sainteté concentrée à l'extrême en son sein vers le monde entier. Nous apprenons cela de la structure même du Temple, et de sa similitude avec le corps humain. En effet, le Temple est à l'image de l'homme, nous dit le Ramhal dans son livre consacré au Temple, "Michkéné Elyone" (Le Temple Supérieur), avec le cerveau, le cou, le buste et les membres. Et comme l'homme est le microcosme du monde, le Temple est donc représentatif du monde entier. Et puisqu'Il est le point de jonction entre le monde supérieur et notre monde, c'est par Lui que va se déverser dans le monde la réalité de l'Influence Divine. 

 Ainsi, le Kodech Hakodachim, le Saint des Saints dans le Temple, contenant l'Arche Sainte, est assimilé au cerveau humain, les deux Tables – qui s'y trouvent dans l'Arche - correspondant au deux hémisphères cérébraux. Puis vient la Ménora, le Candélabre qui représente les yeux. Ensuite apparaît la Kétoret, le travail de l'Encens, qui correspond à l'organe de l'odorat ; puis la Table des Pains de Proposition, qui représente la bouche. En sortant du Hékhal pour entrer dans la Cour, nous passons par une porte étroite qui correspond au cou. Puis Ezrat Israël, la grande salle, où se trouve l'Autel des sacrifices: celuici représente le système digestif, qui consomme les aliments – ici les sacrifices-. Puis vient la Ezrat Nachim, qui correspond au principe géniteur. En parallèle du "corps" ainsi décrit du Temple, nous trouvons les différentes chambres qui l'encadrent, et qui sont les membres supérieurs et inférieurs. 

On peut continuer l'analogie entre le Temple et le corps humain, non seulement au niveau de sa structure, de son "anatomie", mais aussi par rapport à sa fonction. En effet, le corps humain se nourrit d’aliments pour pouvoir se maintenir et ainsi permettre un équilibre parfait entre le somatique et le psychique; l'estomac digère les aliments ensuite le foie distille et filtre, pour ensuite rejeter ce qu'il ya à rejeter et pendre ce qu'il y a à prendre. Ainsi l'Autel correspondant à cet appareil digestif filtre les maladies et prolonge la vie de l'humanité. La Table des Pains de Proposition symbolise (et sera aussi le canal) de l'abondance alimentaire dans le monde ; l'encens apportera la paix, et la sérénité ; le Candélabre de lumières dispensera l'intelligence et la sagesse à tous les peuples.

 Nous pouvons donc comparer le Temple à une sorte d'immense "salle des machines" qui dirige le monde dans son ensemble. Lorsque la Kétoret (l'encens) est préparé comme il se doit elle annule la colère des peuples et les guerres, elle établit la paix; si une guerre éclate dans le monde, c'est parce qu'il existe une lacune dans la Kétoret. Ou bien s'il y a une famine dans le monde, c'est parce que les Pains de proposition n'ont pas été préparés ou présentés comme il faut. Enfin l'Autel joue un rôle prépondérant, celui de la sélection entre le bien et le mal. Tout comme le système digestif absorbe ce qui est bon pour le corps et rejette le reste, ainsi l'Autel, en consommant les sacrifices, notamment le sang et les graisses, joue ce rôle de sélection pour le monde entier, sélectionnant ce qui est nécessaire pour chaque peuple et éliminant le superflu et le mal. Ainsi le Cohen Gadol – Grand prêtre, tel un ingénieur s'occupant du bon fonctionnement de ses machines pour assurer le déroulement normal des différentes activités de son usine, doit veiller à la parfaite exécution dans tous les moindres détails du travail quotidien effectué au Temple. Il en va de la bonne marche du monde entier. 

Comme le dit le Midrach, "si les peuples savaient combien le Temple leur prodigue leur bienêtre, ils le construiraient en or" (Bamidbar Rabba 1, 3. Voir à ce sujet le commentaire du Maharal dans Netzah Israel chapitre 5)[1]. Espérons que le message universel inscrit dans le Temple se révèlera aux peuples, et qu'ainsi Israël et les nations œuvreront de pair pour faire advenir le Bien à toutes les créatures de la terre. 

Rav Mordékhai Chriqui 



PARACHA CHEMOT- PEKOUDE - NOMS ET NOMBRES - L'UNION DE L'ESPACE-TEMPS ET ETRE 

Le Sefer HaYetsira nous enseigne dans sa première Michna que Dieu a créé l'univers avec la dimension de Sfor, qui signifie le nombre, mais aussi l'écriture (séfer) et la parole ou le conte (sipour). Ces trois dimensions, articulées autour de la racine Sfor, sont donc les fondements de la création du monde. Le texte ajoute que Dieu a fait acte de création avec les dix nombres premiers et les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu, qui constituent les trente-deux voies de sagesse. Il y aurait donc dans la notion même de nombre une clé pour comprendre la création du monde. La racine SFOR nous renvoie évidemment à la notion des dix séfirot, dont on sait qu'elles sont le fondement du monde et qu'elles le font fonctionner. Ces séfirot révèlent chacune un aspect du dévoilement divin dans le monde, limité en soi, mais illimité dans leur conjonction. En effet, la séfira de hessed (amour), par exemple, provient de l'amour de D.ieu pour ses créatures, mais un monde fondé uniquement sur la dimension d'amour serait incomplet et déséquilibré dans son fonctionnement. C'est pour cela que la séfira hessed (comme toutes les autres séfirot) ne peuvent se comprendre et s'articuler dans leur influence sur le monde qu'avec toutes les autres séfirot, comme par exemple celle de rigueur. Ainsi, la séfira provient de la notion de nombre, c'est-à-dire de limite, qui est essentielle à la compréhension de la notion de création: le monde n'est rien d'autre que le passage de la lumière infinie de D.ieu à la contraction de la Présence Divine qui se révèle, se limite, pour laisser place à autre chose que l'Infini Divin. Mais cette limite a besoin aussi d'une trace de la Présence de D.ieu qui se manifeste par la parole (sipour) et l'écrit (séfer) pour gérer le monde dans son infinitude de possibles.

 Si la création s'est faite par le nombre, la sanctification de l'espace par la construction du temple se fait aussi par le compte d'Israël. Quant au temps , il correspond au sipour , conte, l'histoire , sa sanctification se fait par le shabbat, l'arrêt du temps , la menouha. L'homme correspond au livre , zé sefer ha-Adam, voici le Livre de l'homme. Sa sanctification se fait par l'adhésion avec l'Éternel. 

C'est pour cela aussi que la dernière paracha du livre de Chemot - les Noms de Dieu s'ouvre sur les comptes des enfants d'Israël (Pekoudé). Ces comptes ne sont pas dressés par Moïse dans le seul but de montrer au peuple son honnêteté. Ils viennent aussi, à un niveau plus profond, nous expliquer que le monde fonctionne grâce à des nombres, révélateurs en partie de la sagesse infinie de D.ieu. En conjonction avec les lettres, grâce au conte, ils sont la clé de voûte de la formation du monde et de l'histoire. 

Rav Mordékhai Chriqui 



PARACHA PEKOUDE - À PROPOS DU SHALOM

 Dans son Discours sur la Délivrance le Ramhal a effectivement parlé du « Shalom » comme étape essentielle à la révélation de l'Unité. Cependant le Shalom dont parle notre maître, c'est le Yessod, le principe divin du fondement qui s'unit à la Présence divine - la Shékhina. En d'autres termes seul Dieu peut faire la paix entre nous, entre les hommes, entre les nations. La condition pour établir cette paix passe par la sainteté de l'union avec Dieu. 

Je propose une lecture des § 64 et 65 du Discours de la Délivrance (Maamar ha-Guéoula, Éd. Ramhal) 64. 

Le côté de la sainteté face à celui de lʼimpureté 

[…] Au commencement, lʼÉmanateur a créé le côté de la sainteté mis à part du côté de lʼimpureté, et toutes les plus grandes aux plus petites choses du monde dépendent de ce principe. Le prophète Amos (9, 13) dit : « Voici des jours venir, dit Hachem, où le laboureur rencontrera le moissonneur, le fouleur de raisin avec le répandeur des semences ». Lorsque la Shékhinah exerce son influence avec toutes ses capacités réparatrices, elle puise dʼun flux qui prend place en premier lieu et aucune autre illumination ne rentre en ligne de compte, tant elle est magnifique. Ce flux [yessod] est nommé Shalom. Quand ce luminaire se renforce, toutes les plus petites aux plus considérables créatures se lient à lui et lorsqu'il agit sur elles, elles connaissent une grande sérénité. Il est issu des plus profonds arcanes du yessod, et lorsque tiféret sʼest unie à malkhout au commencement, pour créer le monde, alors ce luminaire s'est considérablement intensifié. Pourquoi ? Parce que le yessod supérieur, aussi appelé Shalom, d'où provient sa lumière, coïncide au yessod inférieur et s'est lié à lui. Lorsque Shalom supérieur et Shalom inférieur coïncident, Isaïe (57, 19) dit : « Celui qui crée par le fruit des lèvres : Shalom, Shalom, pour l'éloigné comme pour le proche », car à ce moment l'abondance (shéfaʼ) est parfaite, la sérénité sʼépanche sur tout.

 Mais la qlipa (l'écorce) déteste ce Shalom, comme il est écrit dans les Téhilim (120, 6) : « Trop longtemps mon âme a vécu dans le voisinage de ceux qui haïssent le Shalom », là-même où se trouve ce Shalom du côté de la sainteté, la guerre contre celle-ci du côté de l'impureté s'intensifie. Au sujet de cette bivalence des contraires, Qohélet (3, 8) écrit : « Temps de guerre et temps de Shalom », car lilith, la force obscure, désigne le «°temps de guerre» et la Shékhinah sainte le «°temps du Shalom°». 

Lorsque les degrés de sainteté se renforcent et intensifient leur domination, tous les éléments sont gagnés par la joie et un grand amour, puis l'union intervient du fait qu'ils se sont rattachés à leur commune racine. C'est le contraire pour l'impureté, tous sont séparés les uns des autres en raison de l'implacable din qui les domine, on ne trouve entre eux ni amour ni  fraternité ni union. Lorsqu'ils s'efforcent d'agir, il n'en résulte que conflits et discordes, comme les Téhilim (92, 10) l'écrivent : «Les artisans du mal se disloqueront ».

 C'est ainsi qu'il est écrit : « Temps pour guerre et temps pour Shalom », au même temps où règne le Shalom au sein de la sainteté, l'impureté est plongée dans la guerre. Ces choses sont extrêmement profondes. C'est également à ce propos que le Talmud Pessahʼim (49b) dit°: « L'ignorant frappe et s'unit ». Telle est la situation à la racine. 

 La force qui anime la qlipa : la haine du Shalom et de lʼUnité 

La qlipa hait le Shalom et lorsqu'elle reçoit quelque force du fait des mauvaises actions des êtres en-bas, elle obscurcit le rayonnement du Shalom, tel que le prophète Zacharie (8, 10) dit : «Pour les allants et venants il n'était point de Shalom ». Par contre, lorsque la sainteté se maintient fermement alors Shalom se renforce, et grâce à lui toutes les créatures connaissent la sérénité et le calme, car toutes reçoivent par son intermédiaire, très paisiblement, à ce sujet Vayiqra (26, 6) dit : « Je ferai régner le Shalom dans ce pays, vous serez en repos et personne ne vous effrayera ». Le Shalom dʼen-Haut maintient celui dʼen bas pour lʼeffectuer et le dévoiler avec force et grande intensité, mais lorsque la qlipa obscurcit, le Shalom est occulté, quand elle sʼaffaiblit : « Je ferai régner le Shalom dans ce pays », étant donné quʼil se révèle grâce à cette force suprême qui sʼunit à lui. Depuis lors : « vous serez en repos et personne ne vous effrayera », et le principe de paix : « vous serez en repos oushekhavtem » est le même que celui de : « il se coucha vayishkav en ce lieu» (Beréchit 28, 11). 

Vayiqra (26, 6) dit : « Je ferai disparaître du pays les animaux nuisibles°» car lʼincirconcis et lʼimpur ne pénètrent plus dans le lieu qui véhicule le Saint et « le glaive ne traversera point votre territoire ». Nos Sages du Talmud (Taʼanit 22b) disent : «°Pas même un glaive de Shalom ». Cʼest ce Shalom quʼhaïssent les méchants et les impurs, comme les Téhilim (120, 6) le déclarent : « Trop longtemps mon âme a vécu dans le voisinage de ceux qui haïssent Shalom ». Lorsque le Roi, Béni est-Il, décide de libérer Son peuple, Il le fait de la même façon quʼIl les a libérés à chaque fois. Il tire alors un glaive vengeur de ce Shalom, glaive au sujet duquel les Téhilim (149, 6) écrivent : « Un glaive à deux tranchants dans leur main », cʼest ce Shalom qui protège Israël, et ce glaive est nommé°: « glaive du Shalom ». Lorsque lʼimpureté tente de se renforcer, ce glaive est brandi contre elle, il se tient fermement et la décime. Cependant, étant donné que la racine de ce glaive est le Shalom, la Torah (Devarim 20, 10) dit : « Quand tu marcheras sur une ville pour l'attaquer, tu l'inviteras d'abord au Shalom », sʼils acceptent de se soumettre au Shalom, ils pourront vaquer à quelque place, mais s'ils refusent et se rebellent : « Tu feras périr tous ses habitants mâles par le tranchant de l'épée » (Devarim 20, 13), c'est la définition du glaive dégainé du Shalom. 

Lorsque le monde sera bien réparé, ces « animaux nuisibles » disparaissent et Isaïe (25, 8) dit : « À jamais Il anéantira la mort », cette épée ne sera plus du tout nécessaire, car tout est accalmie et apaisement°: « Et sa résidence sera entourée de gloire » (Isaïe 11, 10).

 La réparation plénière et entière de la Création dépend du retranchement des qlipot car ce sont elles qui obscurcissent le rayonnement du Shalom sur lequel repose la sérénité du monde. Lorsqu'elles disparaissent, le monde demeure uniquement dans la paix et le calme. Il sʼagit là du bienfait le plus précieux parmi toutes les consolations auxquelles nous aspirons : la réparation du monde dans son absolu de perfection, sans aucune terreur.

 Rav Mordékhaï Chriqui


 SOMMAIRE 

PARACHA ''PEKOUDE'' : LE TEMPLE

PARACHA ''PEKOUDE'' : LES FONDEMENTS DU TEMPLE ET L'UNIFICATION DES MONDES

LE MYSTERE DU TEMPLE DE JERUSALEM

CHEMOT- PEKOUDE - NOMS ET NOMBRES - L'UNION DE L'ESPACE-TEMPS ET ETRE 

À PROPOS DU SHALOM