mardi 16 janvier 2018

Tikoun Olam - La réparation du Monde 1

 

Tikoun Olam 

Le Roi Salomon dit dans Kohélet:'' Dieu a fait l'homme juste et droit et eux les hommes ont recours à toutes sortes ruses''. Nous voyons que lorsque le roi Salomon parle de la droiture de l'homme, il emploie le singulier 

'' D-ieu a fait" l'homme juste"'' alors que lorsqu'il parle des faux calculs, il emploie le pluriel 'eux les hommes".

Le roi Salomon parle évidemment du premier homme mais aussi de toute l'humanité comme si le fondement même de l'humanité se base sur la droiture par rapport au créateur, au niveau vertical. Mais le problème est que l'homme ne cherche pas cette verticalité mais plutôt l'horizontalité déconnecté de cette verticalité et de la recherche du divin.

Mais en fait la vie comme l'existence est un processus qui est conçu par Dieu et même cette perception de la non-droiture, de ce monde de ruses, de ce monde de la perception des sens, nous pouvons dire que c'est une voie qui est perçue par Dieu. Mais elle est perçue pour que l'homme se perfectionne dans la gradation, qui l'élève jusqu'au principe universelle qui est la ''Yéh'ida'', l'âme humaine. ''Yéh'ida'' veut dire ''unitude'' et cette âme en vérité appartient au Roi Messie. Mais le premier homme était dans ce projet d'atteindre la ''Yéh'ida''. Et nous tous, d'après le Ari Zal dans son livre sur les réincarnations, écrit que nous sommes dans cette voie et qu'il est possible pour chacun de nous, même s'il n'atteint pas réellement la Yéh'ida, d'avoir cette idée universelle où l'âme universelle est omniprésente et de converger vers la voie de cette Yéh'ida, de cette âme qui est ''l'unitude'' de toute l'existence c'est-a-dire la connaissance de tout ce qui existe, l'omniscience. 

Cette connaissance peut être perçue de deux manières, par deux voies. La voie de l'arbre de vie ''Ets H'aïm'' ou la voie de l'arbre de la connaissance, Ets Daat, la voie qui est construite par la perception des sens.

Celui qui ne comprend pas l'esprit du créateur, l'esprit de la création et son but, devra subir toutes les vicissitudes de la vie, toutes les difficultés de la vie, acquérir de l'expérience dans toute sa vie et même au travers de nombreuses réincarnations pour arriver à cette connaissance de l'unité divine. Et pour cela, il va falloir qu'il oppose les extrêmes, comprendre une chose par son contraire. Il apprendra des conséquences de ces décisions comme nos sages enseignent:'' l'homme ne se tient que dans la chose qui l'a fait trébucher''. Il va apprendre à partir de là où il a trébuché, à savoir ses décisions qui l'ont amené à la dérive et qui vont l'amener à une connaissance mais par comparaison. C'est cela l'arbre de la connaissance du bien et du mal. C'est la connaissance par la dualité. C'est la voie que toute l'humanité a choisie, y compris la voie du peuple juif. Il est vrai que par le chagrin, on comprend le bonheur, par l'angoisse, on comprend la paix, par la faim, on connaît la satiété. Une chose ne pouvant se percevoir que par son contraire. Même notre patriarche Avraham pour comprendre la rédemption, a eu besoin aussi de l'exil. Il part en Égypte pour comprendre Israël. C'est la voie de la dualité dans laquelle nous sommes tous soumis. Et encore une fois, il faut dire que c'est un processus qui est conçu par Dieu. Cette voie aussi mène à cette ''centralité'' du monde, cette cause primordiale du monde, à cet esprit du créateur et que sans cet esprit du créateur, l'homme va de réincarnation en réincarnation jusqu'à la fin. Ceci dit, après de nombreuses vies, après avoir comparé des multitudes de polarités, l'humanité arrivera au centre. Cette humanité arrivera à la connaissance du véritable créateur. Et à la fin, chaque créature, même la plus basse aura conscience de son créateur, toute la création prendra conscience de l'âme du monde, de la présence divine qui est l'âme de toute la création, de la gloire de Dieu qui est l'unité du monde. Car la présence divine est appelée la ''mère de tous les vivants''. Bien sûr qu'il y a des niveaux de proximité et d'éloignement. Dès que l'homme prend conscience de l'unité du monde, il comprend tout, il respecte alors la création en tant que telle. Il comprend aussi même les situations les plus difficiles et les plus complexes. Il comprend que ces situations ne sont pas là pour punir et récompenser mais pour réparer le monde.

C'est la grande innovation du Ramhal. Le monde n'est conduit que pour arriver à sa perfection et ceci passe par sa réparation. Cette perfection, c'est l'infini, le monde futur qui est l'expérimentation de l'infini. C'est le but de toute créature, amener le monde à l'infini. Et même les créatures qui ne peuvent arriver à la perception de l'infini, sont là pour amener les autres créatures à goûter à la quintessence de l'infini qui est la perfection du monde où le monde ne dépend plus de ses vicissitudes qui l'amènent à sa perdition ou plutôt à sa fin. Ceci dit, tous les hommes peuvent prendre cette voie de l'élévation. Si au niveau individuel, l'homme peut s'éloigner de l'élévation, en restant dans l'ego où il se dispute avec les circonstances du temps, il faut savoir que l'ensemble de l'humanité avance vers cette élévation. Certaines personnes sont plus avancées car plus conscientes et peuvent amener le monde à la perfection. Mais à la fin tous accéderont à cette voie de l'infini par la réparation que l'éternel lui-même fait pour que le monde arrive à sa perfection. Cette perfection est en fait la permanence de la conscience de l'unité comme dit le Roi David:'' la présence divine ne me quitte pas, même si je descend dans le tréfonds des abîmes''. Cette conscience de l'unité permet à l'homme non pas seulement de redresser son chemin, mais de réparer le monde, la conscience permanente de l'unité divine amène l'humanité elle-même à avancer dans la conscience où cette unité se révèle. Chaque personne rajoute une dynamique à cette révélation.

Pour arriver à cela, il n'y a qu'un seul chemin mais à double voies. Car en fait l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance d'après le Zohar, la voie de l'éternité et la voie de la dualité, de l'expérience des vicissitudes du temps, sont rattachées et unifiées dans leurs racines, car on parle de deux voies qui sont en fait un seul chemin, celui par lequel va être appréhendé, va être accepté la réalité de toute chose et qui va arriver à ressentir du respect pour tous tous les êtres qui nous entourent. Mais ce chemin pour arriver à comprendre que chaque chose a sa place, peut être pavé de souffrances ou de paix et d'harmonie. Soit on accepte cette réalité où le corps va s'effacer et la sérénité va apparaître ou on ne l'accepte pas et le chemin va être pavé de souffrances. Cela va dépendre si nous rentrons dans la voie de la dualité, c'est-à-dire avoir besoin du contraire pour pouvoir percevoir la vie, j'ai besoin des ténèbres pour comprendre la lumière.....j'ai besoin du chagrin pour comprendre le bonheur. C'est la klippa dans le langage des maîtres, l'écorce qui précède le fruit, la nuit qui précède le jour. C'est la voie de la souffrance où notre vie dans cette voie de la dualité, est un fardeau car puisque nous ne comprenons pas l'esprit du créateur, ni notre rôle ni le rôle des autres et dans le meilleur des cas, on doit se contenter de ce que l'on a. c'est la voie de l'éthique et de la morale. Il faut apprendre à nous contenter de ce que l'on a et bien sûr à respecter les autres. Mais dans cette voie, nous ne comprenons rien car en fait ce fardeau obscurcit notre vision, et donc notre connaissance de la centralité de l'âme du monde. le désir alourdit la direction divine pour la matérialiser afin qu'elle soit percevable.

La seconde voie est le même chemin mais j'ai une double option, une option ou je ne suis qu'un objet dans l'histoire ou une autre option, ou je deviens un acteur. C'est la conscience de l'unité qui stipule que cette part de la vie qui ne m'appartient pas car il n'y a qu'un seul être qui vit, est Dieu. Notre vie est une part de cette vie qu'il veut bien nous octroyer. Nous avons une vie mais elle ne nous appartient pas. Que faire de cette vie? Par cette vie nous prenons conscience de l'origine, de l'unité primordiale. Soit être un sujet actif dans la réparation du monde ou soit être un fardeau. Et même dans cette situation de fardeau, l'homme sert pour la réparation du monde mais ce n'est qu'au niveau inconscient. La même vie pour l'un est un fardeau et il attend à un moment donné de se décharger, et pour l'autre, la vie n'est pas un fardeau mais une fonction d'agir et d'être dans une dynamique dans la réparation du monde en faisant connaître cette unité primordiale. À ce moment, l'homme a une conscience qui va réparer le monde et l'amener lui et le monde à l'éternité. Il vit une vie divine alors car il a alors une fonction divine qui est de réparer son monde et de l'amener à l'éternité et aussi permettre à ce monde de se déconnecter de sa perdition et de lui donner un espoir en montrant qui est le véritable moteur du monde, la Chékhina, cette présence qui est l'âme du monde. Lorsque l'unité viendra dans la conscience de toute l'humanité, alors le monde changera. Sans cette prise de conscience de l'unité divine, il est impossible au monde de faire partie de cette histoire divine. L'histoire du monde n'est pas l'histoire des hommes car le but de l'histoire n'est que la révélation de l'unité. L'histoire des hommes n'est là que pour révéler cette unité. Mais sans la prise de conscience, cette unité va nous échapper. Mais si nous comprenons que nous avons le privilège de faire partie du programme, comme le verset dit:'' vous êtes mes témoins'' car Dieu a choisi un peuple pour ce témoignage de l'unité. Mais ce peuple n'est pas là pour garder jalousement cette unité, son rôle principal est de faire connaître justement cette unité en tant qu'infini. Que signifie l'infini? La perfection du monde qui est l'éternité. Le monde est appelé à devenir éternel. La vie qui nous est donnée présentement, si on la perd uniquement dans les vicissitudes du temps, dans les disputes de la dualité c'est-a-dire de comprendre le bonheur par le chagrin, dans ce cas là, on rate quelque chose, cette possibilité de prendre conscience de cette unité ici-bas. Mais à partir du moment où l'homme s'habitue à voir Dieu partout, à ressentir cette présence permanente, alors il va avoir une connaissance dynamique qui suscite elle-même la présence divine et qui va faire émerger ses flux à travers nous-mêmes et ensuite à travers les autres qui sont autour de nous. Il ne s'agit pas d'une connaissance stérile ni d'une philosophie ni d'accepter le fait que Dieu existe. Cette voie est dynamique car elle change aussi bien notre conscience que notre conception même du monde et notre rapport avec les autres. 

Dieu , l'univers et l'homme sont unis par un même principe: l'éternité. L'existence à priori est voué à la perdition. Alors comment le monde, l'existence peuvent-ils atteindre cette éternité? 

Cette intemporalité est liée à un principe inconscient, il n'y a que chez Dieu que le principe de l'unité est conscient car il vit l'éternité. Mais nous, nous avons la possibilité d'appréhender cette éternité. La création et l'humanité recherchent inconsciemment cette éternité. Les gens qui ont pris conscience de la cause première ne sont plus dans l'inconscience de l'éternité car ils sont dans cette recherche. Mais elle peut être passive ou dynamique. Cette conscience permanente de l'unité peut nous amener à vivre déjà dans ce monde ce que les maîtres appellent '' les gens du monde futur'' tout en étant toujours dans ce monde en vivant déjà cette présence dans nos actions.

Pourquoi cette prise de conscience ne se propage t-elle pas sur les nations? C'est la différence entre Israël et les nations, entre la perception de Dieu en tant que ''Elokim'' Dieu de la nature que les nations perçoivent et l'existence divine que l'on appelle ''Avaya''. Et dans le ''Shéma Israël'', on doit unifier ces deux valeurs ou plutôt ces deux aspects. Dieu en tant qu'être premier et sa manifestation existentielle qui s'appelle ''Elokim''. Notre travail est de relier ces deux éléments qui sont les deux aspects de sa révélation, Israël et les nations. Le rôle d'Israël est d'arriver à cette union avec les nations, à cette connaissance, à cette révélation de l'unité. Et cette perception différente entre Israël et les nations n'est là que pour réparer la faute du premier homme qui a choisi le chemin de la dualité. Nous avons besoin de la faim pour avoir la satiété et de l'esclavage pour avoir l'espoir de la rédemption et de la délivrance.

C'est nous qui vivons l'esclavage et l'exil afin de comprendre les nations et saisir aussi la place des nations. La révélation d'Israël passe par la position des nations par rapport à Israël. Toute l'humanité est partenaire dans la même réparation. Et sinon, on agrandit le fossé entre l'existence de Dieu et sa manifestation qui s'appelle la ''création du monde''.

 

24 Mars 2015 


 

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