mercredi 7 mars 2018

Fete-Pessah-La sortie d´egypte, la reparation du monde

Pessah, La sortie d’Égypte et la réparation du monde.

Avant de parler de la réparation du monde ou de la brisure des vases, il faudrait définir ce qu'est la nature de la sortie d’Égypte, quelle est la définition de la ''sortie d’Égypte''?
La notion de ''sortie d’Égypte'' n'est pas qu'une émancipation, qu'une liberté quelle soit physique ou même spirituelle.
Il y a un aspect beaucoup plus profond qui est un niveau de révélation de l'honneur divin, révélation de l'unité divine qui s'est dévoilée au moment de la sortie d’Égypte.
Le Ramh'al explique qu'au moment de la sortie d’Égypte, le peuple d'Israël a été choisi et s'est séparé de tous les autres peuples pour s'élever au-dessus de toutes les dimensions matérielles où étaient enchaînés les hommes afin d'être apte à être couronné de couronnes de sainteté.
Essayons d'expliquer cette notion de séparation.
Israël jusqu'à la sortie d’Égypte était comme tous les autres peuples bien que Avraham, Itsh'ak et Yaacov soient les patriarches et les fondateurs de ce peuple, qu'il s'exprime en langage saint et qu'il ai conservé l'alliance de la circoncision. Cependant la notion de peuple d'Israël n'a pas encore été révélée, ce niveau de peuple élu étant un niveau lié à la sortie d’Égypte. Cette élection, ce choix va séparer le peuple d'Israël de tous les autres peuples.
Quelle est la nature même de cette séparation?
Pourquoi avoir eu besoin de séparer ce peuple?
De plus, que veut dire qu'il a été séparé de toutes les dimensions matérielles des autres peuples?
Cela veut dire que ce peuple a été séparé de la matière, des lois de la nature! C'est la véritable séparation de parmi les autres nations.
Est-ce que le fait que les mêmes actions que font les nations, nous les faisons aussi mais par la voie de la Torah, cela s'appelle être séparé?
Cela ne suffit de dire que Israël a été choisi et séparé de la voie de la nature. Ce n'est pas une simple séparation dans nos mœurs, dans notre façon de penser ou d'agir. Notre séparation est une séparation totale d'avec les niveaux de perception humaine.
Au départ, cela est une séparation physique pour arriver une séparation totale afin d'être couronné de sainteté, de lumières divines et de perceptions spirituelles extrêmes.
La sortie d’Égypte est une sortie des forces de la nature, des énergies pulsionnelles de notre corps. C'est en fait la notion principale de la sortie d’Égypte. C'est le mystère de la sortie d’Égypte.
Le Maharal fait ressembler la Matsa du pauvre à la notion de délivrance comme il est dit:'' avec célérité vous êtes sortis''. Au contraire de la Matsa riche qui est faite d'éléments superflus tels que le sucre ou le vin ou bien du pain où il est rajouté du levain. Ce rajout donne un goût différent à la pâte, il dénature en vérité le véritable goût de la Matsa. C'est cela la différence entre la Matsa et le pain, c'est cela la différence entre Israël et les autres nations.
Le peuple d'Israël n'a besoin d'aucun élément artificiel pour exister. C'est cela la notion de ''fils aîné'', ne plus dépendre de la matière et de ses lois.
Un homme qui ne se définit que par ses acquisitions, que par ses propres actions issues de ce monde ne vit pas en vérité car il est asservi à sa richesse, il est asservi à ses pulsions. Alors que le pauvre n'a rien. Il n'a que son âme, son corps. C'est lui en vérité l'homme libre.
Le pain du pauvre est la représentation de cet aspect de la séparation d'avec toute chose qui n'est pas son énergie vitale.
Ainsi, le peuple d'Israël doit recentrer ses principes de vie, ses ambitions primordiales, ne dépendre de personne ni d'éléments extérieurs à sa nature, réintégrer sa profonde intériorité, retourner au UN, à l'unité divine où tout est contenu en elle, où chaque chose peut se tenir, qu'elle existe ou qu'elle n'existe pas en acte. Que ce verre se tienne sur la table ou non, ne change en rien à sa réalité, que j'existe ou que je n'existe pas, ne change en rien à ma réalité.
Ainsi D-ieu veut que nous percevions l'existence, ne dépendant de rien d'autre que de soi-même comme D-ieu lui, Aucune perturbation ne pouvant nous affecter, c'est cela la véritable sérénité du monde futur. Et c'est cela l'éternité, se fondre dans l'unité divine, le peuple d'Israël devenant libre, libre de toute perturbation générée par les sens. Mais pour cela, il faut atteindre l'éternité car dans ce monde, l'homme est assujetti à la matière.
Pour atteindre ce niveau de ne dépendre de rien si ce n'est de D-ieu, il faut se séparer complètement de la perception matérielle des choses et alors l'éternité apparaîtra et se révélera.
Car en vérité la véritable existence est simple sans artifice. C'est la véritable existence avant que ne s'introduise le mal dans l'homme, avant que ne s'introduise ce levain dans l'esprit de l'homme, cette perception des sens où l'homme devient maître et responsable de ses actes.
Pour cela, nos maîtres enseignent que seul D-ieu pouvait nous libérer, nous sortir de cette emprise du mal, de cette vie illusoire faite de causes et d'effets où l'homme est lui-même la cause, le dieu de sa propre vie où il est dépendant de la forme. Il lui est impossible de sortir de lui-même de cette perception illusoire et hypnotique.
Aucune création, même pas un ange qui n'a pas de forme physique, ne pouvait sortir l'homme de la perception des sens pour entrer dans le niveau du non-créé si ce n'est le non-créé lui-même, le UN qui n'a pas de second qui ne dépend d'aucune autre chose si ce n'est de lui-même. L'homme dans ce monde dépend de multiples facteurs tels que l'oxygène, la subsistance l'entourage, l'habitat....bon nombre de facteurs qui détachent l'homme de sa réalité éternelle qui prend sa source dans la volonté divine infinie et unique.
C'est la nature même de la sortie d’Égypte, la séparation de la cause proche pour se fondre dans la cause originelle, la séparation de la perception, la séparation de la conception de la vie dépendante des lois de la nature.
Et ce n'est qu'après la séparation de cette perception illusoire que l'homme pourra s 'habiller et se parer des couronnes de lumières qui sont des perceptions divines au-delà de la perception humaine.
L'homme s'il s'unit à sa source réelle qu'est l'unité divine, redevient éternel, n'ayant plus besoin de son corps pour subsister, pour percevoir la vie, pour vivre. Mais l'homme qui s'appuie sur ses vérités issues de ses perceptions, de ce monde extérieur n'a pas d'existence vraie et est voué à la perte et la disparition.
La sortie d’Égypte est la sortie de nos limites érigées par le corps et ses pulsions, l'annulation de la forme. Pourquoi n'avons nous pas réussi à sortir complètement de ces limites après le don de la Torah où nous avons atteint la cinquantième porte de la sagesse, la porte de l'unité?
Voici que cela était le but de la sortie d’Égypte!
Bien sûr qu'il y a eu le veau d'or mais cela n'était que la cause proche dans l'optique de la voie de la connaissance du bien et du mal.
Mais d'après la conduite de l'arbre de vie, de l'unité divine où la seule cause est l'unique et le but est la révélation de son unité, pourquoi sommes nous redescendu dans la dualité?
La faute à ce niveau de perception n'agit en rien sur l'unité et seul le UN agit et donc la faute à ce niveau n'est que volonté divine.
D-ieu donnant la possibilité aux enfants d'Israël de fauter de manière illusoire, leur montrant qu'ils ne sont pas encore apte à l'éternité comme le premier homme qui n'a pas choisi l'éternité de suite. Ces deux choses sont des fautes au niveau de la connaissance, du Daat. Ils sont sortis de l'éternité. L'homme a du mal avec cette éternité, il a du mal à l'appréhender.
Vivre sans limite est une notion très effrayante pour celui qui ne perçoit que par la limite, la vie par rapport à la mort et donc respirer manger boire, dormir pour ne pas mourir.
Peut-on concevoir de ne plus respirer, de ne plus manger, de ne plus boire, de ne plus dormir?
Nous ne comprenons les choses que par leur contraire qui est une limite. C'est la conduite de l'arbre de la connaissance. À la sortie d’Égypte, ce système de perception s'est arrêté. Il n'y a plus de différence entre le jour et la nuit.
L’Égypte est la plus grande des impuretés, la plus grande des limites, la dualité dans sa plus ''pure'' expression. En sortant, la mort s'est arrêtée et donc cette vie issue de la mort s'est arrêtée. Donc à la sortie d’Égypte, on devrait déjà vivre l'éternité! Comment comprendre selon la conduite de l'unité le fait d'avoir refusé cette éternité? Le Ari Zal explique que la sortie d’Égypte n'était pas ''prévue'', c'était un acte divin ponctuel, une sortie de la dualité non pas de manière définitive mais de manière ponctuelle. Il a fallu sortir les hébreux à ce moment de l’impureté de la dualité. Mais une fois qu'ils sont sortis, il a fallu les ramener dans la dualité, dans la voie de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. D'après le Ari Zal, après la nuit de la sortie d’Égypte il y a eu une séparation des Moh'in, les hébreux ont reçu cette nuit-là, une illumination extraordinaire, des Moh'in extraordinaires.
Le mal n'existait plus, les chiens n'aboyaient plus. Au moment de la plaie des premiers nés, s'est terminé le mal, la couronne s'est enlevé de la klippa. Mais dès le lendemain, les Moh'in se sont séparés de sur eux. Et ils sont revenus alors dans le monde de la dualité et du cycle de la récompense et de la punition. Le corps s'est de nouveau réveillé, les chiens ont de nouveau aboyé. Il faut de nouveau travailler pour percevoir les choses de manière vraie. Et au don de la Torah, nous avons de nouveau reçu les Moh'in.
Mais revient alors la question, pourquoi après le don de la Torah, les Moh'in sont partis et les hébreux sont de nouveau redescendus de niveau. À ce moment, il y a Torah mais il n'y a plus l'éternité! Et donc, la sortie d’Égypte n'a pas été complète!
Donc quel est le mystère de cette sortie d’Égypte?
C'est en fait le fondement de toute la foi du peuple d'Israël. ''je suis Hachem ton D-ieu qui t'a sorti de la terre d’Égypte''.
Toutes les Mitsvot sont en souvenir de la sortie d’Égypte. D-ieu s'est dévoilé en Égypte et c'est ce que nous célébrons tous les jours!
Mais ce dévoilement n'était que ponctuel et donc quel est l'intérêt dans cette sortie réellement?
Il doit y avoir un changement fondamental et durable dans cette sortie sinon pourquoi être sorti si c'est pour y revenir?
La véritable sortie d’Égypte est la sortie de la domination de la matière sur l'esprit. Se séparer de la matière, se séparer du temps. Par cette sortie, Israël vit déjà une vie d'éternité bien que les nations soient toujours englués dans la matière. Nous sommes malgré nous, séparés de la matière, nous sommes déjà dans la dimension du monde futur.
Au sujet de la Torah, le Ramh'al dans Daat Tévounot, explique que le moment du don de la Torah semble petit par rapport à la période de la construction du temple.
Dans la conduite du temps, comme dans la perception d'un homme, il y a des étapes, il y a ce que l'on appelle le niveau de la ''gestation'' et le niveau de la ''naissance'', ce sont des moments qui sont aussi dans la conduite du monde.
Le Ari Zal parle de Partsoufim, de visages de Élokim. Ce sont des moments de dévoilement.
Il y a des situations où Élokim est en gestation. C'est-à-dire qu'un fœtus dans la matrice de sa mère existe mais n'est pas visible. Ce sont les premiers deux mille ans de chaos où il semble qu'il n'y a ''ni loi ni juge''. La sortie d’Égypte est la ''naissance'', niveau de perception, de conduite divine où les forces divines se révèlent, où D-ieu se révèle, et pas uniquement la naissance du peuple d'Israël. La ''délivrance'' de D-ieu est le principe même de la sortie d’Égypte. La délivrance du peuple d'Israël n'est pas la commencement de notre identité. Cette sortie est le dévoilement de la conduite divine dans le monde.
Les deux premiers millénaires étaient le chaos et son apogée fut la servitude d’Égypte où D-ieu était complètement caché. Il ne faisait que ''d'observer''. Il cachait son jugement, il ''n'intervenait'' pas. À priori, même maintenant, il y a des niveaux d'obscurité totale mais en vérité, il y a maintenant la Torah. C'est cela la différence. En Égypte, il y a avait une cloison qu'il était impossible de percer. Même au moment de la Shoa, il y avait malgré tout la Torah qui permettait de s'unir à D-ieu.
Par la sortie d’Égypte, les deux mille de Torah commencent, c'est la naissance où l'enfant tète du sein de sa mère. La Torah est le lait que l'enfant tète du sein de sa mère. Il y a en vérité beaucoup de degrés dans la Torah. Même dans le Zohar, il est fait référence de la Torah sous différentes facettes dans la conduite de Z-A , dès fois c'est IMA et même dès fois, il est encore plus élevé, dans le degré de ATIK.
À la sortie d’Égypte, ce dévoilement, cette naissance a donné la force au peuple d'Israël de se séparer de la matière par les Mitsvot et les pensées épurées mais pas plus. Il n'y avait pas encore cette force d'agir dans la nature elle-même pour la changer, pour changer de conduite de perception.
Le troisième niveau de conduite où D-ieu saisi son monde avec des miracles et des prodiges était lorsque le temple était construit. Tout celui qui entrait dans le temple, percevait la présence divine, tout le monde pouvait témoigner qu'il y avait Élokim au sein d'Israël.
Le Ramh'al explique que les miracles dévoilés ne sont pas le signe d'un si grand dévoilement divin. La foi issue de ces miracles n'est pas si claire que cela en a l'air car si le miracle ne se révèle pas, la foi ne se réveille pas et l'homme trébuche devant l'épreuve. C'est ce qui est appelé un dévoilement superficiel. Il y a un plus grand niveau, une quatrième dimension du dévoilement divin, un dévoilement qui se révèle dans les profondeurs de l'âme. Ce niveau se dévoilera au moment de la venue du Mashiah' qui se dévoilera aux yeux des créatures par l'intellect et la connaissance où la foi est vraie, ne dépendant d'aucune action extérieure. Elle sera du niveau de la prophétie sans passer par les sens et les miracles qui engendre une foi toujours dans le niveau de la nature, de Élokim où il faut arrêter la conduite naturelle pour voir D-ieu.
La véritable foi est même lorsque toute divinité est complètement cachée sans possibilité de percevoir par les sens un semblant de lumière, avoir la foi en la venue du Mashiah au plus profond de l'obscurité, ressentir que D-ieu est le déclencheur et le manipulateur de tout , n'étant nous-mêmes que des marionnettes dans ses ''mains''. (et même cette sensation de marionnette est déjà une perception duelle mais qui engendre une foi d'un niveau d'esclave).
À ce niveau, l'homme a une connaissance parfaite de la réalité où il est impossible que D-ieu ne soit pas présent, une connaissance parfaite de la réalité où n'y a rien d'autre que lui. De même que nous avons la certitude que l'homme ne peut vivre sans respirer, il faut avoir cette connaissance que le monde ne peut tenir sans la volonté divine, que le monde n'est conduit que par D-ieu et qui l'amène à un but inéluctablement. Rien ne se perd, tout se transforme. C'est le niveau de foi qui se répandra au temps du Mashiah. Ce qui n'est pas le cas de la foi au niveau de la révélation de la Torah et de la construction du temple.
Ces 4 niveaux de révélation sont des niveaux différents de la conduite divine,
la gestation (la servitude),
l'allaitement (la sortie d’Égypte),
l'âge adulte 1 ( le temple),
l'âge adulte 2 (le Mashiah).
Est-ce qu'à la nuit de Pessah, la révélation divine n'était pas du niveau de l'âge adulte 2?
le Ari Zal dit explicitement que cette nuit où nous sommes sortis, tous les Moh'im se sont révélés en l'homme qui est le niveau de la délivrance finale du Mashiah d'après le Ramh'al. Et donc cette nuit, il nous a montrés un niveau de révélation prophétique où les Moh'in sont à leur paroxysme où nous percevions D-ieu sans avoir recours à des artifices.
Il n'y a rien d'autre que lui, c'est le niveau de la Matsa du pauvre qui est une Matsa sans artifice, le pain de la foi pure. C'est le seul moment où D-ieu s'est révélé à nous sans avoir besoin de passer par des éléments extérieurs. Au plus profond de nous-mêmes, nous avons ressenti sa présence et sa conduite parfaite.
Toute cette révélation est comprise dans la notion de révélation ponctuelle. Cette révélation ne devait pas se révéler à ce moment. Pourquoi alors D-ieu s'est-il révélé de cette manière à ce moment précis?
En fait car ce moment a été un moment de traverse, le passage entre les deux mille ans de chaos et les deux mille ans de Torah. Sans cette révélation, nous serions restés à jamais dans les deux mille ans de chaos, nous nous serions noyés dans le cinquantième niveau d'impureté. Se séparer de la matière ce n'est pas à ce moment qu'il fallait le faire mais juste avant la venue du Mashiah!
La véritable sortie d’Égypte ne se fera que plus tard, à la venue du Mashiah. Mais une nuit, nous avons atteint dans ce monde, le monde futur réellement où les chiens n'aboyaient plus, où nous sommes sortis de la forme et de la limite afin d'accéder aux deux mille ans de Torah.
Le principe de la sortie d’Égypte d'après le Zohar est la louange faite à D-ieu, le remercier, le reconnaître.
Quel est le besoin cette nuit de lui faire des louanges plus que les autres moments de notre vie?
Cette nuit, nous avons atteint ce niveau où nous ne dépendons de personne si ce n'est que de lui. Aujourd'hui, nous dépendons d'innombrables choses et de ce fait, nous ne pouvons atteindre cette vérité même un instant qu'il n'y a rien d'autre que lui, que nous ne dépendons que de sa parole. Il nous est impossible de nous libérer de toute influence extérieure. En vérité à la résurrection des morts et uniquement à la résurrection des morts, nous pourrons ressentir et dire '' il nous a fait et non nous''. Mais maintenant, nos parents nous ont fait, la nature nous a fait. Nous sommes une association d'agrégats.
Dans le monde futur, tout est fini, il n'y a plus que sa gloire, nous recevrons directement la perception divine sans passer par un système de causes et de conséquences issue de la perception intellectuelle. Et ceci ne se fera qu'à la résurrection des morts.
Mais au moment de la sortie d’Égypte, le peuple d'Israël a perçu cette unité divine ce ''je suis Achem ton D-ieu qui t'a fait sortir d’Égypte''. Cette nuit, D-ieu a révélé la révélation divine de la fin des temps.
Et chaque année, cette même nuit revient sur elle-même avec le même degré de dévoilement et par cela, nous préparons la délivrance finale. En se remémorant le passé de cette révélation, nous réveillons en nous ce désir de se fondre en D-ieu et par cela nous préparons la délivrance future.
De même à Rosh Hachana, nous rappelons le Shoffar de Rosh Hachana et par cela, nous réveillons en nous, nous réparons en nous le Shofar du jour de la délivrance finale. Chaque année, il y a un aspect d'éclaircissement, de tri qui se révèle au moment de la nuit de Pessah qui est en fait une partie de la réparation finale.
La Torah que nous avons reçus n'est ''que'' l'aspect révélé dans les deuxièmes tables. Mais si nous avions accepté les premières tables, alors nous aurions vécu l'éternité déjà dans ce monde.
Mais cette Torah est repartie, ses lumières sont retournées dans l'infini qui vont de nouveaux se révéler au temps du Mashiah, la Torah de l'éternité. Le bien, le mal, ce qui est autorisé ou ce qui est interdit, tout sera annulé devant l'unité de cette Torah. Cette perception se révélera de nouveau au moment de la délivrance finale. Cette Torah, Rabbi Shimon bar Yoh'aï l'a révélée par le Zohar ainsi que la Ari, le baal chem tov, le gaon de Vilna et le Ramh'al. C'est le mystère de la Idra qui est la révélation de la profonde intériorité de la Torah du Sinaï. Tous ces justes étant devenus les lumières mêmes de cette Torah de même que Moshé était la lumière elle-même de la Torah. Rabbi shimon était dans les hauteurs de la montagne avec Moshé et lui non plus n'a pas fait le veau d'or, pour cela, il a eu le mérite d'être l'interface de cette Torah. En une nuit, toutes ces révélations se sont déversées sur le peuple d'Israël mais elles n'ont pas continué à s'épancher. La sortie d’Égypte s'est interrompue. Pour cela, il faut un nouveau sauveur, ce même Moshé. Moshé sauvé des eaux est comme l'esprit de Élokim planant (c'est aussi le souffle du Mashiah) sur les eaux tumultueuses dit le Zohar. Il n'a pas été englouti par les eaux tumultueuses. Ces eaux sont l'essence même de la nature. C'est l'arche de Noah, c'est le berceau de Moshé. D'un côté, il y a les eaux tumultueuses, c'est le chaos et de l'autre côté, l'espoir du monde, l'esprit de Élokim qui est Moshé, qui est le sauveur final.
Toutes les détériorations qu'il y a eu, sont comprises dans le mystère de la brisure. Nous pouvons raccourcir ce cycle de détériorations dans le temps mais le décret de ces détériorations doit s'appliquer obligatoirement. Il y a un tri qui se fait inéluctablement. Il y a des justes qui ne mettent que des secondes pour réparer, d'autres des heures, d'autres des jours, des mois, des années, des vies. Mais les détériorations doivent apparaître car ils se tiennent pour trier et amener inéluctablement à l'unité, à révéler l'unité divine.
Le premier homme devait sortir le monde de la possibilité de la destruction et l'amener à l'éternité et c'est ce niveau d'éternité qu'Israël a vécu au moment de la sortie d’Égypte. Israël est sortie de la définition, de la limite de la brisure. La brisure est la création du temps d'après le Ramh'al. La brisure étant la perception d'une chose par son contraire, d'une chose et son contraire.
La construction et la destruction, c'est toute la notion du temps. Le temps étant l'annulation de l'action précédente. Le temps est l'association d'une multitudes de moments qui vivent et qui meurent, construction-destruction. Lorsque l'on est collé à D-ieu, lorsque nous annulons notre personnalité, nos ambitions personnelles et développons un amour illimité pour l'unité divine, alors le temps se désagrège, s’évapore et l'éternité apparaît alors. C'était la situation à la sortie d’Égypte. Là où il y a le temps, il y a la perception du bien et du mal. Mais lorsque l'on s'élève de cette perception d'une chose et de son contraire, alors on s'élève au-dessus du niveau de la brisure des vases.
Le premier homme aurait dû arriver au niveau d'avant la brisure des vases. Mais non seulement qu'il ne nous a pas amener à cette situation de réparation des vases mais il nous a amené dans un niveau encore plus bas que celui de la brisure des vases qui s'appelle, la ''diminution de la lune'' qui est venue par la détérioration de la brisure.
Selon le Ramh'al, cette notion de brisure des vases est ainsi: les vases sont toute l'existence des trois mondes ''Bérya-Yétsira-Assya'', tout ce qui va exister en tant que créatures: êtres humains-anges-âmes.
Tous sont inclus dans la notion de Kéli, de vase. Cette réalité qu'est le Kéli avant la création était avalée dans la notion qui s'appelle le Or, la lumière, c'est le niveau de gestation. À ce niveau de la réalité, il n'y a pas de Mal. Le mal n'apparaît qu'au moment de la naissance comme le verset l'enseigne: ''à la porte, la faute se couche''. Le mal apparaît lorsque l'existence se sépare de l'infini, se sépare de la lumière. Mais il y a un besoin de la séparer de l'infini car il faut faire apparaître la forme, la matière, les créatures, les êtres séparés.
Dès qu'il y a création, il y a le Mal. Mais ce Mal n'est pas le mal qui matérialise les détériorations que l'on connaît, c'est le Mal ontologique. Les détériorations n'apparaissent que lorsque la séparation s'étend et s'étend. Le Mal ontologique est là pour que la création prenne conscience de sa réalité par cette séparation mais le but de cela est de revenir de suite à l'unité par le premier Shabbat d'après les six jours de la création. Le Mal est une option pour créer la dualité, la séparation d'avec l'infini. Ainsi cela devait être mais le Kéli, par cette perception d'indépendance, a voulu dominer et n'a pas voulu revenir à l'unité. À ce moment, le Kéli a une énergie propre comme une sorte de batterie où se trouvent des étincelles d'énergie de vie et il veut alors régner et ne pas être asservi.
Ce sont les rois que la Torah évoque:'' les rois qui ont régné sur Édom avant que ne règnent les rois d'Israël''(les 7 rois primordiaux, 7 sephirot ou chakras). C'est le monde du chaos, c'est l'exil.
D'après le Ari Zal, c'est l'existence avant la création, c'est la pensée de la création. Lorsque cette pensée sort en acte, elle devient indépendante et la lumière ne rentre que dans une partie du Kéli, dans cette partie où se trouve le mal, où se trouve cette volonté d'indépendance, de conscience où MOI et D-ieu ne peuvent ''cohabiter'' dans le même niveau de conscience. C'est la notion de l’idolâtrie , ''vous serez des dieux''. D-ieu nous a séparés pour prendre conscience de sa présence qui est en nous et dans toute la création mais cette conscience elle-même s'est révoltée et est devenue un dieu.
Cette lumière lorsqu'elle est entrée, le Kéli est alors dans une situation de perfection qui annule cette conscience de soi naturelle qui se révèle dans la matière. Car même dans l'arbre, il y a cette conscience de soi qui n'a pas voulu devenir lui-même un fruit, même la lune ne voulait pas que le soleil soit avec elle dans la domination. Toute l'existence veut dominer à l'exception du peuple d'Israël. Le peuple d'Israël dans son essence est la réparation de ce monde , le tikoun olam, il est la réparation qui accepte la divinité mais en vérité, tous les peuples doivent accepter sa divinité, toutes les créatures doivent l'accepter.
Il faut que la lumière entre dans tout le Kéli afin d''asservir toute la matière. Et comment cela peut-il se faire?
Par le fait que le mal détruise le monde, alors apparaîtra la vérité qu'il n'y a pas de réalité au mal par la domination mais uniquement par l'acceptation de cette foi que tout n'est que volonté divine. Le premier homme pouvait par son esprit réparer en un seul moment le monde. Il pouvait se séparer du mal c'est-à-dire du pouvoir d'attraction de la Nature en un seul instant car cette impression de domination n'est qu'une simple attirance vers ce pouvoir de réfléchir par soi-même mais c'est un mensonge absolu car la Nature ne fait absolument rien. Ce n'est qu'un habit. La réflexion n'est qu'un apparat qui fait croire à l'homme qu'il domine par son raisonnement. En enlevant cet habit de la connaissance superficielle et intellectuelle, apparaît alors de suite, la perception qu'il n'y a rien d'autre que lui. Mais le premier homme ne voulait pas recevoir cette perception directe de l'unité divine et il a été séduit par cette perception intellectuelle agréable aux sens. Ce qu'il devait recevoir par la foi, il préférait le recevoir par les miracles et les épreuves.
Au lieu de vivre la réalité par la connaissance, par une réception divine directe sans avoir besoin de passer par les épreuves, nous vivons une vie faite d'épreuves qui est un chemin qui prend six mille ans. Les âmes du peuple d'Israël sont une partie du premier homme qui n'a pas fauté dit le Ramh'al au nom du Zohar, où la matière n'a aucun désir de vouloir dominer et de devenir un dieu. Chez Israël, il ne peut y avoir une telle existence.
Tout le but de notre descente en Égypte, n'était pas pour nous à priori mais pour la réparation du monde. Mais puisque cette descente nous a affectés, alors cette sortie a été bénéfique aussi pour nous. Cette lumière que D-ieu n'a pas voulu faire descendre à cause du Mal qui domine, il l'a faite s'épancher dans les mondes inférieurs par le peuple d'Israël. Car Israël est la continuation, l'épanchement de la lumière divine. Pour cela, le peuple d'Israël a besoin de descendre dans l'endroit du Kéli, de la matière afin d'asservir à D-ieu toute l'existence et tout le Mal qu'elle génère. Mais du fait que nous avons été obligés de sortir d’Égypte, les nations ont pu nous dominer dit le Ramh'al. Par notre fuite, ils ont pu nous attraper. Ils sont rattachés à nous par de multiples chemins.
Si nous arrivons à atteindre des degrés de spiritualité qu'ils ne peuvent atteindre, ils ne pourront nous dominer. Car tout le temps qu'ils peuvent nous atteindre, il y aura cette dualité qui nous submergera. Mais il y a un niveau où il n'y a pas cette dualité, où les nations ne peuvent rien contre Israël, un niveau où seul l'unité divine se perçoit. Ce niveau est le niveau des Taguim, du Kéter, de la couronne au-dessus de H'okhma et Bina où se trouve le mystère de l'unité parfaite où est perçue cette vérité qui est ''il n'y a rien d'autre que lui''.
À ce niveau de perception, les nations n'ont aucune possibilité d'y arriver.
L'obscurité est en fait cette conduite dirigée par les lois de la Nature, c'est ces connaissances fausses qui obscurcissent les yeux de l'esprit.
C'est ce raisonnement qui nous submerge qui est fait de causes et d'effets qui est détaché de toute source divine où le seul dieu est notre raisonnement. Alors les nations sur ce terrain nous dominent, nous asservissent.
Il faut remonter vers une perception divine du niveau d'avant la brisure des vases où la matière est soumise à la lumière divine et non à une perception où la matière agit par sa propre énergie ''c'est ma puissance et la force de ma main qui fait cette guerre''. Il devient un dieu jusqu'à ce qu'il meurt jusqu'à ce que l'énergie de sa batterie s'épuise. Mais si nous sortons de cette réalité illusoire qui nous fait croire que nous sommes soumis à cette nature, alors la mort s'évapore. C'est cela la véritable sortie d’Égypte, la sortie de cette obscurité, de cette connaissance illusoire où cette énergie indépendante de la matière est notre réalité non soumise à l'énergie divine. C'est le niveau du Mashiah'. Mais entre temps, il faut survivre et pour cela, D-ieu nous a donnés les deuxièmes tables d'après la faute du veau d'or jusqu'à ce que viennent Rabbi Shimon bar Yoh'aï, le Ari Zal, le Ramh'al…
D-ieu a caché sa réalité par la perception des sens et ce n'est que par la foi, que l'on peut arriver à percevoir de nouveau sa gloire et non par la connaissance cognitive. À la nuit de la sortie d’Égypte, Israël a atteint ce niveau de perception parfaite de la foi.
Rabbénou Yérouh'am leïbovitch
Le Talmud demande:'' d'où apprend-on qu'il faut rechercher le H'amets le soir du 14 Nissan à la lumière d'une bougie? Car il est écrit:'' la bougie de D-ieu qui est l'âme de l'homme, recherche dans toutes les cavités du ventre''. À priori, nous comprenons de cet enseignement qu'il y a un lien, un rapport entre la recherche du H'amets et l'introspection des cavités du ventre!
Nous devons donc faire une introspection sur nous-mêmes comme si nous faisions une recherche du H'amets.
Nous voyons qu'il est écrit:'' nous ne pouvons faire la recherche du H'amets à la lumière du jour mais uniquement à la lumière d'une bougie car la lumière de la bougie est belle pour la recherche''. Uniquement à la nuit au moment où l'obscurité recouvre la terre et que ses pourtours deviennent obscurité et brume, uniquement à ce moment précis, c'est le temps de la recherche du H'amets. Et uniquement à la lumière d'une lampe qui dirige son rayon de lumière sur une surface restreinte et qui concentre toute sa lumière sur une endroit défini et limité et alors tout est visible plus qu'à la lumière du jour.
De même la façon de rechercher est étonnante! L'homme allant de pièce en pièce, de coin en coin, inspectant les trous et les fentes des murs recherchant la moindre petite miette de pain, allant même jusqu'à inspecter les puits et les celliers afin de détruire tout levain de sa propriété! Combien est extraordinaire l'accomplissement de cette Mitsva!
'' la bougie de D-ieu est l'âme de l'homme': l'âme sainte de l'homme n'est considérée que comme une bougie dans son corps. De cette constatation, l'homme doit ressentir combien l'obscurité est grande dans ses entrailles! Car même la lumière de l'âme n'est considérée que comme une ''bougie''! Tout le but de l'âme étant d'inspecter les cavités de son ventre, pour cela elle a été fixée en tant que lampe car la lumière de la lampe est belle belle pour la recherche du H'amets.
Nous constatons que notre travail dans ce corps est de faire dominer notre âme sur les pulsions animales que développe le corps. Comment arriver à éveiller cette âme divine, à faire que cette âme illumine les entrailles de notre corps?
En dirigeant notre conscience vers le divin par une attention accrue dans notre corps et par cela, endormir complètement celui-ci jusqu'à ce qu'aucune pulsion-réflexe ne se réveille. Et par cela, la conscience va pouvoir se diriger vers le 'supra-mental' qui est la connaissance supérieure c'est-à-dire l'éveil de l'âme divine.
Et que recherche l'homme par son introspection mentale? Uniquement le levain qu'il y a dans la pâte. Nos sages appellent le ''mauvais penchant'' le ''levain qui se trouve dans la pâte''
en vérité, par la recherche du H'amets, l'homme arrive à des niveaux spirituels extraordinaires.
De même lorsque nous réfléchissons sur les lois de la cuisson des Matsot, il faut être d'une extrême vigilance pour que la Matsa ne devienne pas H'amets. C'est ce que le ramh'al explique à propos de l'attention qui amène à la célérité.
Qu'est-ce que l'attention?
Se préserver et faire attention à ce que ne se trouve aucune impureté ni aucun souvenir de la faute. S'enfuir de la faute comme on s'enfuit du feu. Vérifier et palper ses actes, ses pensées, voir ce qu'il y a de bien et de mal, ce qu'il faut améliorer et ce qu'il faut éliminer afin de prendre conscience de notre état psychologique et spirituel, où se tapi le mauvais penchant, où les pulsions du corps se révèlent et dans quel domaine, elles dominent l'esprit.
De même au sujet de l'empressement, il faut faire très attention de ne pas laisser entrer le mauvais penchant dans l'accomplissement des Mitsvot:'' une mitsva qui vient dans ta main, ne la laisse pas gonfler''. Il faut faire attention à ne pas faire entrer la paresse dans l'action car il n'y a pas plus grand danger que la paresse, le désintéressement dans l'action.
L'esprit séparé du corps. Penser tout en agissant. C'est cela 'mettre le temps' dans la matière. Enlever son attention de l'action.
C'est tout le principe enfoui dans la fabrication des matsot, le principe de la conscience dans tout acte de la vie comme il est dit ''vous garderez les matsot'' ''ne lisez pas les matsot mais les mitsvot''. La mitsva doit être accomplie avec la même conscience que la fabrication des matsot.

Rav Mordékhaï Chriqui 5776
Retranscription Rav Michael Smadja Publie par la Source des sagesses
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