mardi 26 juin 2018

Paracha- Houkat-


H'oukat 5778


''Se purifier de la mort''


Le Talmud explique qu'au moment où Avraham se ''confronte'' à Dieu à propos de la direction de la justice au moment de la destruction de Sédom, il se définit ainsi: ''je ne suis que poussière et cendre''. Par ce mérite de s'être défini ainsi, ses enfants ont reçu deux Mitsvot en rapport avec ces deux éléments naturels: la cendre de la vache rousse pour la purification de l'impureté de la mort et la poussière de la terre du temple pour éclaircir le doute qu'il y a sur la femme infidèle.


La nature de la poussière et de la cendre


Par son effacement devant Dieu, Avraham a gagné quelque chose d'exceptionnelle. Quelle est la dimension de la poussière et de la cendre? La poussière n'a jamais eu de forme et donc de passé mais elle a un futur car elle permet de donner une forme à autre chose. Alors que la cendre a en elle-même une dimension inverse, elle a un passé, elle avait une forme qui s'est détruite et donc son futur est sans forme. Avraham se définit donc ainsi: il n'a ni passé comme la poussière et ni futur comme la cendre.


La pureté selon le Ramh'al


Le Ramh'al explique dans la voie des justes ce qu'est la pureté: elle ne se situe pas au niveau de la propreté physique ou même au niveau des eaux lustrales du Mikvé où l'homme retourne à sa source dans l'origine première mais d'abord et avant tout la pureté de la pensée. Lorsque l'homme œuvre dans son travail journalier, dans son service divin, son action doit être complètement désintéressée, sans attendre aucun futur, aucune récompense. Il n'attend pas le paradis ou le jardin d'éden, toutes ses actions, toutes ses prières ne sont que pour révéler la gloire de Dieu dans ce monde, pour réparer sa façon de percevoir les choses de ce monde où l'ego est annulé devant la puissance divine. Son unique volonté est que l'unité de Dieu se répande et se révèle dans ce monde. Il fait alors partie d'une entité qui le dépasse. C'est ce que nous pouvons définir comme la mort, la mort de la perception individuelle et personnelle. La mort marque les limites de notre réalité physique.


Le cycle de la vie et de la mort


Avraham vient nous enseigner comment sortir de cette spirale infernale du cycle de la vie et de la mort. « je suis poussière et cendre». Ce n'est que par la volonté divine que nous avons une forme dans ce monde car dans son essence, l'homme est de l'ordre de l'informe. Et ce n'est que lorsque l'homme commence à s'intéresser à lui, à être attiré par le désir qu'il va alors s'habiller d'une forme physique qui n'est pas la forme réelle issue de la volonté divine. Cette réalité divine est ce programme de la réparation du monde et de la révélation de l'unité divine. L'homme dans ce programme n'est qu'un simple maillon parmi tant d'autres maillons d'une chaîne, n'est qu'un élément du programme divin au même titre que toutes les autres créatures où les limites n'existent pas et où donc la mort ne peut se révéler.


La purification de la mort est la purification des limites


C'est cela en fait la purification de la mort, c'est une purification de la limite où celle-ci n'est qu'un révélateur de la création afin d'avoir la possibilité de se replonger dans l'unité et de rejoindre le non-créé, le monde de l'infini. Pour arriver à cette état de grâce divine, il faut cesser de penser au passé et au futur, qu'il y a un début et une fin à nos actions « je ne suis que poussière (sans passé) et cendre (sans futur)». S'il y a une fin c'est qu'il y a un début et donc ce cycle d'enchaînements de causes et d'effets, de la gradation des événements et donc du temps qui arrive inexorablement à sa fin.


Le passé et le futur étant ces limites


La forme psychique qui nous définit n'est basée que sur un passé qui n'existe pas car elle ne provient que de la terre qui n'a pas de passé. Cette forme (qui se matérialise par un ego) nous accompagne tout au long de notre vie, elle se construit par l'éducation et les vicissitudes de la vie. Il faut arriver à annuler cette attraction de cette illusion de l'ego qui est la véritable humilité et qui n'est qu'au niveau de la pensée uniquement. Le Ramh'al rejette l'idée de cette humilité extérieure et superficielle qui se traduit par un comportement faussement humble, par des vêtements sales qui ne traduisent en fait que des pensées d'orgueils. Cet aspect extérieur ne traduit qu'un orgueil démesuré et à ce niveau, l'humilité sert de socle à l'orgueil.


La création: source d'impureté


Cet effacement de la personnalité va plus loin qu'une simple annulation, cette personnalité doit devenir comme cette cendre de la vache rousse: sans aucune forme future, sans aucune limite issue de la cette forme appelée ''créature''. La créature elle-même est automatiquement impure. Dès que la femme met au monde, elle reçoit sur elle une impureté. C'est la séparation, la déconnexion d'avec l'unité qui engendre cette impureté.


Le mot ''cendre'' se dit ''épher'', '' אפר '' qui se décompose en ''א. פר''. Les lettres ''פר'' représentent les 280 rigueurs qui révèlent la création et qui représentent les 5 lettres finales de l'alphabet hébraïque. Ces lettres en fait expriment toutes les limites de la création. Ces mêmes limites doivent être abolies en les reconnectant à l'unité divine représentée par le ''א'' du mot ''אפר''. La mort étant la limite la plus haute et la plus subtile de la création.


Le Zohar explique que la vache correspond au côté gauche du char céleste et dans ce monde, à la transformation de la terre. Le taureau a la fonction de labourer la terre donc de changer la terre et de lui donner une forme.


Le côté gauche représente la destruction mais à partir du moment qu'on le réintègre au côté droit, les limites issues de cette gauche vont s'unir alors à l'origine qui les a créées.


Ce côté gauche est primordial car sans lui la création ne peut se séparer de l'unité divine pour y revenir en toute conscience. Mais il y a un défaut à ce côté gauche: la forme qui va se révéler de lui et où la limite prend vie d'une vie illusoire où l'homme pense être aussi un dieu en se confrontant aux forces divines et en les dominant. Par cela, il renforce les limites jusqu'à les amener à la destruction totale. Notre travail est de rester intègre devant cette situation et c'est cela la pureté de l'esprit: ne pas donner une réalité à cette existence des limites.


 


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