mercredi 2 août 2017

Le 9 Av et la pierre de fondement

La reconstruction du temple et la réparation du monde               ( cours 5777)



Tant que nous ne connaîtrons pas l'Essence du Temple nous ne pourrons pas apprécier sa véritable valeur.

Comme le dit nos sages « une chose qu'un homme ne s'est pas élevé à comprendre, il ne peut la placer à son esprit» c'est-à-dire la comprendre. 
Le Ramh'al écrit dans son livre ''les temples supérieurs'' ainsi: « lorsque l'éternel a voulu créer le monde, il a tout inséré dans les dix principes premiers, les Séphirot, à partir desquelles tout procède, toutes les créatures, tous les existants comme des ramifications qui procèdent, qui sortent de l'arbre jusqu'à ce qu'il n'y a pas une chose dans ce monde qui n'ai pas sa place dans le char céleste qui est cet assemblage de principes et de forces mais il y a aussi tout le programme de l'histoire de l'humanité inscrit dans ce char. 
Ce char représente le système de direction mais aussi le principe même de la création. Le mot exact est ''Merkava'' qui veut dire ''assemblage'' et non ''chariot''.
Le Ramh'al explique que c'est la dernière des Séphirot qui s'appelle ''Chékhina'', la présence divine, la Malkhout, le dernier degré de tous les systèmes. 
Cette présence divine est à l'intérieure de toute la création, des créatures. 
Elle est omnipotente et omniscience. Et c'est en elle que tous les existants trouvent leur racine en dehors de toutes les racines qui existent dans les autres Séphirot. Elles ont une racine qui se trouve dans un des principes mais toutes ont une racine dans cette présence divine, dans la Malkhout. 
Par exemple, l'eau procède de la bonté, du H'essed mais elle a aussi sa racine dans la Malkhout qui va lui donner sa réalité dans l'existence. Ainsi le feu tire sa source de la Séphira ''Guévoura'' mais c'est la malkhout qui va lui donner sa forme finale. Dans ce principe, dans ce luminaire, se génère tout ce qui existe dans les trois mondes Bérya-Yétsira-Assya. Et lorsque l'on veut réunir et unifier toutes ces créatures à leur racine dans une seule place, apparaîtra alors une sorte de pierre qui unifie toutes les existences. 
Au sein même de la Malkhout, il y a cette notion de pierre qui réunit tous les existences. Cette pierre s'appelle ''Even Achtiya'', la ''pierre de base'', la ''pierre angulaire'' ( à voir l'article sur la source des sagesses " Pierre du fondement ou Pierre Angulaire").
 Cette pierre puise d'une source et elle a son équivalence dans ce monde, c'est la pierre sur laquelle est posée l'arche sainte dans le saint de saints. De cette pierre, a été construit le monde, c'est la fondation de tous les mondes. Cette pierre symbolise l’œil de la Malkhout. De cette pierre vont procéder des chemins et des canaux pour toutes choses qui vont entourer cette pierre. Chaque sentier représente un genre dans la création et à tous les niveaux de la création. Toutes les créatures, tous les existants puisent leur force, leur vitalité, leur subsistance, leur réalité à partir de cette pierre. Après ces voies principales, il y a d'innombrables autres canaux qui sont des ramifications de ces voies. Alors que les premiers sentiers sont limités à un certain nombre. Toutes ces voies et tous ces sentiers se rejoignent dans cette pierre et dans cet œil.
 De là-bas, l'émanateur dirige tout et scrute toutes lee créatures en même temps de cette pierre où elles sont toutes unifiées comme le verset l'enseigne « celui qui a formé tous les cœurs et qui comprend toutes leurs actions». Il y a donc un lien entre la pierre du saint des saints et l’œil qui se trouve dans la Malkhout. Il y a donc un niveau divin de réunification de tous les êtres et il y a un niveau physique qui régit le monde qui se trouve dans cette pierre angulaire du saint des saints. Dans cette pierre, il y a l'unitude de tous les vivants.
La Michna qui décrit le temple, s'appelle ''MIDOT'' le traité des mesures. Cela parle des mesures du temple. Le Zohar nous explique qu'il y a en vérité deux commencements à la création ''bé'' (deux) ''réchit'' (commencements), l'un révélé et l'un dissimulé qui lui est le commencement du commencement. Le début révélé s'appelle la ''H'okhma'', le plan révélé « tout par ta H'okhma, tu as fait». La H'okhma étant l'architecte et contient aussi les lois de cette création. Mais il y a un autre plan caché de cette création qui est du niveau de Kéter, de la couronne et qui est lié à l'infini et non à la création mais du fait qu'il est lié à la H'okhma, il a une relation avec la création car du Kéter procède la H'okhma. C'est le deuxième commencement, le deuxième Réchit. Lorsque le verset dit que Dieu a octroyé la sagesse au roi Salomon, cela veut dire qu'il avait une connaissance globale de toute l'existence, de tous les êtres de toutes les créatures de tous les mondes qu'ils soient inférieurs ou supérieurs. Cette connaissance, le roi Salomon l'a synthétisée dans le temple qui représente cette structure primordiale de toute l'existence et qui contient les mesures des actions du créateur. Ces mesures sont les Séphirot et donc les forces, les principes premiers et les lois métaphysiques de la création. Ses forces sont appelées ''mesures'' car il a pris une mesure de l'infini et l'a révélée. Ces mesures sont des expressions limitées d'une grande action. C'est la matérialisation de la gradation évolutive. Chaque force représente une partie, une mesure de l'action infinie car le monde n'est pas voué à la perdition, mais il est voué à l'éternité, à rejoindre l'infini. Il est certain qu'il restera de ce monde ce qui s'appelle ''L'essentiel'' de la création que le Ramh'al appelle ''la réunion des exilés'',la réunion des hommes parfaits, des hommes qui sont à la recherche de la perfection. Ces personnes qui vont rejoindre l'infini pour l'instant vivent dans les mesures de l'infini qui s'appellent alors le temps qui est la matérialisation de cette gradation du temps. C'est cela le sens du Tsimtsoum d'après le Ramh'al, le retrait de l'infinitude qu'il y a dans l'action, agissant selon la créature et non selon le créateur. Ces mesures sont en fait les sentiers et les canaux qui sortent de cet œil qu'est la Malkhout, en direction de la pierre qui se trouve dans le saint des saints et d'où procèdent les premières mesures qui sont en rapport avec les existants.
Chaque mesure citée dans la Torah, à propos du temple, correspond à un nom divin. Chaque mesure étant une expression de l'action divine par rapport à un genre de créature. Toutes ces mesures qui composent la ''MERKAVA'', le chariot céleste, l'assemblage de toutes ces forces, est en fait le plan de la création, la structure primordiale, la structure des lumières. Au début, une lumière contenait les autres lumières et après elles se sont disposées l'une en face de l'autre pour faire apparaître la forme de l'homme. L'homme étant cette représentation de la volonté divine créatrice.
 Il y a les deux cerveaux qui correspondent à H'okhma et Bina, le cervelet correspond au Daat, il y a aussi le Kéter, la couronne qui est le crâne. Les deux bras correspondent aux principes de la bonté et de la rigueur, le plexus étant le tiphéret, le nombril le Yessod, les deux jambes étant Nétsah' et Hod. En d'autres termes, l'homme est un microcosme tout autant que l'univers est un macrocosme qui sont reliés à cette structure première qu'est ''l'homme primordial'', la structure des Séphirot. C'est cette pierre de base, le socle qui réunit toutes ces innombrables associations de forces, c'est la Malkhout et la Merkava qui unit tout. Tout est tissé de manière exceptionnelle pour relier tout ce qui existe et tout puise de la même source. « Et c'est toi (véatta) qui donne la subsistance à tous» le Zohar explique que cela fait référence à la Malkhout (véatta) de aleph à Tav, c'est la présence divine qui est contenue dans les 22 lettres de l'alphabet et des cinq lettres finales qui sont en fait, l'ensemble de la parole.

 Cette Malkhout est la clé de voûte, en même temps elle réunit toutes les Séphirot et aussi tous les êtres inférieurs. Dans le mot ''אני'', ''Moi'', il y a le mot ''אין'' ''néant'' et la Malkhout s'appelle aussi ''אני'' ''Moi'' qui est aussi une part du אין de l'infini, de l'insaisissable. En fait ce qui est impossible de percevoir (la volonté divine) va être possible de percevoir à partir de ce אני de la Malkhout. Sans cette Malkhout, toutes les Séphirot restent au niveau du אין, de l'imperceptible. Cette Malkhout, cette pierre, cette clé de voûte va rendre perceptible ces Séphirot. Cette sphère n'a rien de spécifique mais elle contient tout, toutes les lois divines et même les lois physiques. En fait sa place est dans un monde divin qui s'appelle le monde de la Atsilout, le monde de l'émanation. Il y a une projection directe de cette Malkhout, de ce dernier degré de cette émanation divine directement jusqu'au centre de l'univers. Ce centre s'appelle le ''saint des saints'' qui est plus exactement la pierre de base où repose l'arche sainte ( point cosmique entre le haut et le bas ) . Cette pierre puise du monde insaisissable pour le rendre saisissable. Dieu scrute cette pierre afin de scruter tous les existants à Rosh Hachana car elle est la vitrine de toute l'existence. De la Séphira de la Malkhout, vont émaner le monde des anges et le monde des âmes et tous les mondes supérieurs, de même dans les mondes physiques et matériels, il y a une pierre d'où procèdent toutes les lois de l'univers. Ces lois de l'univers correspondent en vérité à ces mesures du temple. L'arche était posée sur cette pierre et contenait la Torah. Au dessus du couvercle de cette arche, il y avait deux chérubins qui correspondent un qui exprime la Torah et l'autre la direction divine du monde. Il y a la Torah qui exprime une certaine réalité et il y a la dynamique de la Torah qui exprime la pensée divine. Ces deux chérubins se partagent le même socle qui s'appelle ''l'arche sainte''. De cette pierre sont sorties les mesures du temple.
Comment ce temple a pu alors être détruit? Si le plan du temple est un plan qui représente cette structure primordiale, où se trouve la place du mal qui a pu détruire le temple? 
Nous avons vu qu'il y a deux commencements c'est-à-dire deux plans de conduite. Le premier plan est le plan visible de la H'okhma mais il y a un commencement à ce commencement qui n'est pas révélé. Dans le commencement révélé, il y a une place au mal. Mais tant que ce mal trouve sa place, il sert à quelque chose, il ajuste les choses, il amène chacun à sa place en vérité. Mais dès qu'il y a un désordre lorsque les choses ne sont plus à leur place, le mal prend une position de force, de destruction. Cette force est l'ensemble des forces du chaos, du désordre des hommes. Le mal est en fait le produit de tous. Ce n'est pas une créature mais un ensemble de tous les degrés qui ne sont pas à leur place. C'est la Malkhout qui existe dans chaque principe. La Malkhout est une place vide qui doit servir de socle. Lorsque le socle n'unifie pas, les différents éléments qui la composent sont en désordre. Dans chaque élément qui existe dans ce monde, il y a le principe du mal. Ce principe a un double rôle, le rôle d'unificateur et le rôle de destructeur. Cette antinomie est le secret de la Malkhout. La Malkhout est une rigueur, une puissance destructrice. Le Zohar dit:
« malheur au monde où la Malkhout règne toute seule» où la Malkhout n'est que justice. Car en fait à cette justice ''צדק'' il faut relier le ''ה'' pour faire le mot ''צדקה'' la bonté. Il ne faut pas voir uniquement les degrés séparés mais les voir réunis. Le bien n'est parfait uniquement lorsque l'on est capable de réunir tous les éléments qui sont ensemble. S'ils ne sont pas réunis, on ne peut voir le bien dans toute action. Lorsqu'ils ne sont pas réunis, alors apparaît le mal. Il y a un lieu qui réunit le tout et pas seulement dans les mondes supérieurs mais aussi dans le monde inférieur, ce lieu est l’œil du monde, la pierre de base qui est la jonction des mondes supérieurs et des mondes inférieurs. Dans le monde inférieur, il faut construire autour de cette pierre, le même plan qui existe en haut. Le Roi Salomon n'a pas construit le temple sur le même plan divin ou plutôt il l'a construit sur le second plan qui laisse place à la gouvernance du mal c'est-à-dire au désordre. Au niveau de la H'okhma, il y a déjà place au mal. On peut appeler le mal aussi, la punition d'une faute. Il y a en fait un mal que l'on appelle le mal anthologique, dans son origine qui n'est qu'une séparation qu'une distinction comme la séparation de l'homme et de la femme dans le récit de la genèse. C'est cela le véritable mal. Ce mal est nécessaire, cette séparation est nécessaire pour faire le face à face car à leur création, ils étaient dos à dos. De même le bébé en sortant de la matrice, développe déjà l'idée ou le principe même du mal « à la porte, la faute se tapie». L'autonomie est déjà une forme de séparation et donc de mal. Il faut réparer cette autonomie non pas par l’annihilation du Moi mais par l'union du Moi avec la Malkhout. 

En vérité le temple du roi Salomon est parfait, il est exceptionnel. Il se résume dans le sceau de Salomon, un sceau qui unifie le tout, qui répare le tout, qui relie tous les paramètres du monde.
 Ce mal qui était dans ce temple a fini par intégré le roi Salomon qui est devenu lui-même un démon. L'intégration du mal ne peut se faire dans cette structure de la Merkava qui est de l'ordre de la H'okhma qui est dans ce commencement révélé. L'intégration du mal est dans le commencement caché. Si le roi Salomon avait amené le peuple et les nations (ce que l'on appelle les ''filles de Jérusalem'') à ce niveau de l'entendement qui est encore une autre étape qui est le commencement du commencement, un commencement où il n'y a pas de continuité mais qui est relié à l'infini. Ce commencement est cette jonction qui n'est pas la Malkhout de la H'okhma du deuxième commencement, mais la Malkhout du premier commencement, appelée la Malkhout du Eïn Sof, de l'infini. C'est la partie de l'infini qui se rattache à cette volonté de créer. C'est ce que le Ramh'al appelle ''là où la volonté tend''. Il n'y a pas véritablement de commencement car à partir du moment où nous disons qu'il y a un commencement, où la volonté tend vers quelque chose, c'est déjà une séparation et donc ce commencement se détache alors. 

Avant cette déviation de la pensée vers l'autre, est là en vérité le véritable point de jonction. C'est cela cette pierre qui nous rattache à cet infini. Le roi Salomon a raté cette possibilité de se rattacher à l'infini à cause de ses femmes qui l'ont gardé en vérité dans la matrice inférieur. Il fallait remonter dans cette matrice supérieure pour découvrir le ''avant'' du commencement. Ce commencement du commencement qui est de l'ordre du Kéter est une autre disposition du temple qui n'est pas très loin en vérité de la structure que nous avons aujourd'hui.


Le Ramh'al est le seul maître qui a expliqué les détails de ces mesures de ce plan primordial caché.
C'est le plan du troisième temple, c'est la structure du troisième temple qui est le niveau suprême de l'union avec l'infini où il n'y a pas de place au mal destructeur. Le mal étant réparé car le mal destructeur est seulement un mal qui n'est pas réparé.
C'est le temple qui nous permet de puiser l'esprit saint même le temple de Salomon qui n'a pas encore atteint la perfection et la complétude, pouvait amener l'homme à puiser de cet esprit prophétique et divin car le principe unificateur se trouve dans cet endroit du saint des saints.
Pour le Ramh'al ce qui descendra du ciel ne sont pas des pierres ou des bois mais des lumières qui correspondent à ces mesures qui correspondent elles à chaque emplacement du temple. Ces lumières vont matérialiser chaque élément du temple. Et Israël construira autour de cette projection des mesures la réalité du troisième temple.

Rav Mordékhaï Chriqui
Traduit par Michael Smadja
( ) la source des sagesses 

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