mardi 22 août 2017

Roch Hachana- Le Roi du jugement

Roch Hachana- Le Roi du jugement ou de la separation.


À priori, il y a une contradiction dans cette définition de Dieu car un roi n'est pas un juge!
Le roi pardonne plutôt qu'il ne sanctionne et donc, il n'est pas correct de le nommer ''juge''!

Ce jour de Rosh Hachana, la force de sa royauté se révèle surtout dans le fait que rien ne peut l'empêcher de faire ce qu'il veut faire. Mais d'un autre côté, ce jour est le jour du jugement. Comment arriver à englober ces deux notions à priori contraire?

La royauté définissant son pouvoir illimité au-dessus même des lois et de l'autre le jugement qui est la définition même de la limite.

En vérité, dans la Torah, il n'est mentionné ni la royauté ni le jugement à propos de ce jour. Dans la Torah, il n'est mentionné que le ''jour du son du Chofar'' ou le ''jour du souvenir''. Peut-être peut-on dire que le Chofar est le symbole de la royauté et le souvenir, le symbole du jugement. De même le Chofar peut être le symbole de la peur réveillée par le jugement.
Dans la Mishna, il est écrit ''le jour de Rosh Hachana, tous les habitants de ce monde passent devant le juge comme les animaux d'un troupeau''. Ce jugement se fait sur nous comme tous les dixièmes bêtes sont marquées.

À priori c'est cela le jugement de Rosh Hachana, marquer les événements, faire une trace par le jugement, ordonner le jugement.

Devant Dieu, tout est dressé, le passé, le présent et le futur. Ce jour, il remet en place tous les événements. Le jugement étant en vérité une mise en ordre des événements. Est-ce que ce souvenir est là pour réellement amener le jugement?
Le Zohar explique:''le jour de Rosh Hachana, le jugement s'assoit''.

À Rosh Hachana, le jugement n'agit pas, il est là en potentiel et non en acte. Même si nous disons que ce jour est le jour du jugement, ce n'est pas un jugement qui va se matérialiser.

C'est à Kippour que le décret va se matérialiser. Mais à Rosh Hachana, quelle est l'utilité du jugement?

Le jugement de Rosh Hachana n'étant que dans la limite du ''potentiel''. Quel est le besoin d'ordonner les événements s'ils ne sont qu'en potentiel?

Nous pouvons nous interroger d'une autre manière: quelle est la nature, l'essence du jugement de Rosh Hachana?

Il est interdit le jour de Rosh Hachana de mentionner nos fautes, de réveiller le jugement. Il est interdit de se repentir ce jour car c'est un ''YOM TOV''.
Il y a en vérité un ordonnancement du jugement mais sans l'action du jugement. Chaque année, ce type de jugement se renouvelle qui juge même les morts. Il faut comprendre quel est le besoin de juger chaque année les morts!

En vérité le jugement n'est pas un acte tranché qui déclenche une sentence soit bonne soit mauvaise.Dans la porte 79, le Ramh'al parle d'une autre sorte de jugement, il parle du jugement dernier, du jugement du ''grand jour'' Le ''jour du grand jugement'' qui fait référence au jour de la résurrection des morts où tout le monde est jugé s'il va revivre ou non. Le jugement pour Dieu est d'ordonner devant lui tous les actes depuis le début de la création jusqu'à sa fin. Et selon cet ordonnancement de tous ces actes, il sera connu la perfection de l'unité de Dieu. Et selon cette perfection, l'éternité va alors apparaître, une éternité sans fin et sans but. Chaque action a un but, la révélation de l'unité divine qu'il soit bon ou mauvais. Et cette révélation va se faire par la force de l'enchaînement de toutes ces actions, de tous ces événements qui se révèlent être une trame dans la conduite divine dont le but est la révélation de son unité. Dieu étant le maître de toutes les actions de ce monde depuis sa création jusqu'à la révélation finale. Rien n'est laissé au hasard, rien n'est accidentel, tout est calculé. Il est vrai qu'il y a le libre-arbitre pour définir qui est mécréant et qui est juste. Mais le mécréant en fait n'est que celui qui a l'illusion d'agir contre la volonté divine et même un acte bon s'il est fait dans cette optique d'autonomie, il n'est pas jugé bien car il est toujours perçu de manière duelle où la présence divine est absente. Mais en réalité, l'acte en lui-même procède de cette unité. Et c'est cela, sa royauté, la révélation de son unité dans l'ordonnancement de tous les actes. Ces actes seront la révélation de son unité qu'ils soient accomplis de manière juste ou de manière duelle et même en ressentant que l'homme se révolte et agit contre la volonté divine.

Le septième millénaire est dans le mystère du septième mois, le mois de Tichri. C'est le mois de la Malkhout. C'est la fin d'un cycle qui a duré un an de même que le septième millénaire est la fin d'un cycle de six millénaires de dualité. En réalité, le jugement de fin de cycle est un ordonnancement de tous les actes qui s'enchaînent l'un dans l'autre. C'est une prise de conscience dans la manière d'agir. Si l'acte était en union avec Dieu où Dieu est non seulement le créateur mais aussi l'acteur ou bien non, c'est MOI qui agit et même en son nom, étant le déclencheur et l'acteur où JE suis au même niveau que Dieu et donc au-dessus de lui car ayant force de décision.

Est-ce que l'homme agit dans cette voie de l'unité ou bien dans cette voie duelle de la récompense et de la punition. Est-ce que son acte a été pour révéler l'unité divine ou pour son intérêt personnel. C'est sur cela qu'est le jugement de Rosh Hachana. L'homme moyen ou plutôt l'homme agissant des fois de manière intéressée des fois de manière désintéressée.

Dans quelle voie se trouve l'homme tout au long de cette année? Dans la voie de l'unité ou bien dans la voie de la dualité, dans la perception de l'arbre de vie ou bien dans la perception de l'arbre de la connaissance? C'est ce qui est englobé dans la définition de la Mitsva lichma, dénuée d'intérêt personnel ou bien de la Mitsva ché lo lichma, avec un intérêt personnel. Car même dans les Mitsvot qui sont les commandements divins donc à priori dirigés vers Dieu, il y a place à la dualité et à la dissimulation de l'unité divine. Nos maîtres vont jusqu'à dire qu'une faute accomplie par inadvertance, ne sachant pas que cela était une faute pour l'honneur de Dieu, Lichma est plus grande qu'une Mitsva pour son intérêt, Ché lo lichma.
Comment à la fin des temps, Dieu va fixer qui a droit à l'éternité c'est-à-dire vivre avec cette perception continuelle que Dieu est NOUS? C'est justement comment toutes ces actions qui étaient dans le chemin de la révélation divine, ont été accomplies.


Nous pouvons comprendre maintenant ce que dit le Ramh'al sur les mots ''souviens toi de nous pour la vie'' ou bien ''les livres des vivants et des morts sont ouverts ce jour-là''. Que représentent ces ''livres des vivants et des morts''?

Ce sont les livres des justes et des mécréants. Un homme peut vivre toute l'année et toute sa vie tout en étant écrit sur le livre des morts. C'est-à-dire que cet homme ne prend pas conscience de sa fonction dans la direction divine. Il pense vivre selon sa propre volonté déconnecté de la présence divine bien qu'il puisse agir pour la gloire divine car tant qu'il ressentira une autonomie dans ses gestes, il aura la preuve qu'il n'est pas dans la direction divine de manière consciente.

Nous devons prendre conscience que Dieu est en nous à chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions. Nous pouvons accomplir nombre de Mitsvot mais les accomplir de manière habituelle en étant toujours connecté à la conscience pulsionnelle du corps.

Nous devons ressentir que nous ne sommes que l'engendrement de Dieu et non une entité autonome séparée de lui.

Ces livres qui sont ouverts ce jour précis vont fixer la vie spirituelle de l'homme.

Est-ce que l'homme sera proche ou non de la présence divine ou non dans sa vie?

Est-ce que la vie de l'homme sera une vie de Kédoucha ou non.

Le juste est celui qui fait épancher sa vitalité de la Kédoucha, du sacré lui-même. C'est cela la vie, cette énergie divine qui coule au plus profond de la conscience humaine et qui la renforce de plus en plus. La mort dans cette perception est une mort spirituelle où Dieu n'est pas présent dans la conscience humaine, où le corps est de plus en plus épais c'est-à-dire ayant cette sensation que rien ne peut se faire sans cette volonté pulsionnelle du corps. Le corps dominant la conscience en lui faisant croire qu'il est lui-même sa propre conscience.
C'est une vie de mort. Ce n'est pas une vie qui tire sa vitalité de l'énergie supérieure mais d'une sorte de batterie qui fait vivre le corps sans lien avec la source divine et génératrice. Et c'est ce qui est inclus dans le principe du prélèvement de la dixième bête qui est réservée pour Dieu, c'est la vie dans la Kédoucha. Et même si cette bête a un défaut, elle est sacrée de même notre vie même si elle est parsemée de fautes, si elle est tournée vers le sacré, cela est considéré comme la vie et non comme la mort. Dieu a un but à la création du monde: la révélation de son unicité.

Le jour de Rosh Hachana, Dieu regarde où en est sa création dans cette réparation et que doit-il faire tout au long de cette année. Rosh Hachana d'après le Zohar et le Ramh'al n'est pas un jour de jugement mais le jour de la construction de la Chékhina, de la Noukva une nouvelle fois en la purifiant de tous les défauts des actions de ce bas-monde afin d'épancher sa vitalité bénéfique dans toute la création.

Les fautes bouchant si l'on peut s'exprimer ainsi ces canaux qui permettent l'épanchement de l'énergie divine. Ce jour, la Malkhout se purifie de toutes ses actions. Il y a une nouvelle construction qui se met en place, une purification des mondes. Se purifient tous les Partsoufim des mondes supérieurs et alors se renouvelle la construction de la Malkhout de cette année. Rosh Hachana, les MOH'IN, les grands cerveaux se renouvellent pour s'épancher de nouveaux vers la Noukva. C'est ce que nous définissions auparavant comme étant la Kédoucha.


Le livre des vivants étant le principe des MOH'IN, le principe de la Kédoucha qui se déverse sur la personne. C'est cela en vérité la révélation de la Malkhout. Et sans la Kédoucha, sans les MOH'IN, le roi ne peut se révéler. Ainsi l'homme qui va s'attacher à la Kédoucha va se transformer lui-même en Kédoucha. C'est cela le jour de Rosh Hachana, le moyen de se relier à la Kédoucha malgré tout notre passé comme la dixième bête du troupeau qui devient sacrée d'elle-même. C'est cela le souvenir, la possibilité à l'homme par l'intermédiaire des MOH'IN, de se relier à la vie éternelle. Et par le son du Chofar, les MOH'IN vont pouvoir s'introduire dans la Noukva. Le son du chofar est considéré comme le souffle divin qui donne vie à l'homme, le souffle des MOH'IN qui s'épanche dans la Noukva.
Chaque année, toutes les actions passées reviennent devant la conduite divine afin de voir comment elles s'incrustent à ce moment dans la conduite vers la révélation de l'unité de la fin des temps.



Rosh Hachana- Jugement ou Séparation


En comprenant la nature de ce qu'est le jugement, nous comprendrons la nature de la Royauté. En vérité, tout cela naît de la Néssira, de la séparation. Le jugement n'est pas du niveau de la punition et de la récompense mais du niveau de la Royauté. Le but du jugement et de cette séparation est la Royauté de Dieu sur la création. Le véritable jugement se fera au septième millénaire à la fin des temps de la conduite du milieu de même, Rosh Hachana se fait le septième mois de l'année. Ce chiffre sept est le chiffre de la Malkhout, de la Royauté. De même le septième jour de la semaine, le Shabbat représente aussi la Malkhout.


Le Ramh'al explique que le jour du grand jugement, tous les événements de la création sont ordonnés devant Dieu. Alors se révélera la perfection de son unité dans toute sa création et apparaîtra une nouvelle conduite, la conduite de l'éternité. Ce jour, Dieu va fixer la conduite de l'éternité pour tout un chacun. Cette conduite sera fixée en détaillant tous les événements de la création. Le but du jugement est la révélation de la Royauté de Dieu. Le but de cet ordre des événements est de trier le bien du mal comme le compte des neuf premières bêtes pour choisir la dixième qui est Kodesh. Ce compte, cet ordonnancement du jugement n'est là que pour épurer nos actes de toute impureté et ne garder que le sacré de l'acte. Le jugement de Rosh Hachana est d'éclaircir qui va pouvoir entrer dans le sacré et celui qui ne va pas pouvoir y entrer. Ressentir l'unité divine dans tous nos actes ou ne pas ressentir cette unité et au contraire s'enfoncer de plus en plus dans cette perception autonome et duelle des événements. C'est cela que l'on fait régner ce jour ''le Roi saint'' car la sainteté est l'adhésion parfaite avec Dieu. Et cela passe par l'annulation de ma perception duelle et anthropocentrique. C'est ce que le Midrash nous enseigne ''les livres des vivants et des morts sont ouverts devant Dieu''. La véritable vie n'est que l'adhésion à Dieu où l'épanchement de l'énergie divine se fait de manière directe et la mort étant cet écran qui empêche l'énergie divine de s'épancher, n'utilisant alors que la ''batterie'' que sont les 288 étincelles qui font exister le corps de manière autonome.


Comment arriver à mériter l'éternité à Rosh Hachana? En recentrant notre perception de la vie, d'une perception anthropocentrique en une perception théocentrique.

Le jugement n'est pas la récompense et la punition mais la construction nouvelle de la Noukva qui est la racine de tous les mondes inférieurs.

Rosh Hachana est la construction de la Malkhout qui est l'essence même des créatures. Comment se relient les créatures avec Dieu? Il y a un écran qui s'appelle ''SOF'' mais la Malkhout est la source de tous les mondes inférieurs. Il y a un lien entre elle et les créatures et chaque année se renouvelle ce lien. C'est ce que nos sages appellent des ''canaux''. Est-ce que ces canaux vont se déboucher ou non? Est-ce que ce lien entre la Malkhout et les créatures va se renforcer ou non?

Rosh Hachana est le début de la Malkhout. Et chaque année, l'homme a la possibilité de renforcer ce lien et ne plus passer par les épreuves pour épurer cet écran qui empêche l'énergie de la Malkhout de s'épancher. Chaque année, il y a un renouvellement de la perception des événements de notre vie. Chaque année, s'éclaircit un peu plus le mal du bien. Et le départ de tout est de sanctifier et renforcer ce lien avec Dieu. Faire de plus en plus une place à Dieu dans nos actions.

Rav Mordékhaï Chriqui

Retranscription Rav Michael Smadaj
Publie par la Source des sagesses

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