Fete-Pourim- Pas de Mordehai sans Aman
Nous
allons parler du mystère de Pourim ou de la tête inconnaissable.
Il
y a un concept dans la Kabbala qui s'appelle ''Récha Déla Etyada''.
C'est un plan divin que le Zohar appelle ''la tête inconnaissable''.
Elle conserve en elle tout le plan secret de l'histoire qui est pour
nous de l'ordre du caché, du ''Esther'' ou plus exactement de
l'ordre de la non-perception et de l'insaisissable, de la
non-compréhension.
Nous allons trouvons cette notion dans l'histoire
de Pourim. Le Talmud enseigne ainsi: « un homme a l'obligation de se
saouler à Pourim jusqu'à ne plus distinguer entre ''béni soit
Mordékhaï'' et ''maudit soit Aman''», ne plus distinguer entre le
bien et le mal par le fait de confondre Aman et Mordékhaï.
La
valeur numérique de ''ברוך
מרדכי'',
''béni soit Mordékhaï'' est la même que ''ארור
המן'',
''maudit soit Amman'' qui est de 502. le but de Pourim est d'arriver
au point de non-connaissance, de non-distinction et non pas de se
saouler.
La
dégradation du peuple d'Israël a commencé par l'intronisation du
roi Ah'achvéroch lorsque les juifs ont profité de son banquet où
le roi va s'habiller des vêtements du grand prêtre et où les
ustensiles sont ceux du saint temple.
D'après
les Kabbalistes, il y a un flux divin qui illumine dans chaque fête.
Ce flux caractérise la fête, il contient un message profond de
l'ordre de la divinité. Chaque fête exprime le divin d'une manière
différente, un Partsouf différent, une configuration particulière.
Le Ari Zal enseigne que la Fête de Pourim révèle le Yessod de
Abba. Le fondement de la sagesse qui est de l'ordre de l'amour qui se
révèle tous les jours lorsque nous disons dans la prière '' béni
soit l'éternel qui aime le peuple d'Israël'' et au moment du
''Shéma''. Et même lorsque nous montons à la Torah, il y a ce
niveau de Yessod de Abba qui se révèle.
Le Ari Zal dit que toute la
journée de Pourim, il y a cette émanation.
Qu'est
cette émanation qui caractérise la fête de Pourim?
Le Talmud
demande: « où est mentionné le nom de Esther dans la Torah?
Aster
astir panaï miliphnéeme» « je cacherai mon visage de devant eux».
Donc cette dissimulation de la présence divine qui se trouve dans la
Torah, la Méguila Esther va la révéler. ''Méguila'' veut dire
''dévoiler'' et ''Esther'' veut dire ''la dissimulation'' car le mot
''אסתר''
se décompose ainsi ''א....סתר'',
D-ieu caché qui est dévoilé au moment de Pourim par la lecture de
la Méguila.
La Méguila va révéler le D-ieu de l'histoire ,
l'histoire étant dirigée par l'unique.
Pour cela, on déploie toute
la Méguila, pour dire qu'il y a une expansion de la divinité où il
faut voir aussi la fin. Mais le début aussi est important même s'il
semble insignifiant, D-ieu est derrière cet insignifiant.
Chaque
fois qu'il est mentionné le nom ''le ROI'', il s'agit du véritable
roi, D-ieu et même si le texte parle en fait du roi Ah'achvéroch
car en fait il n'y a qu'un seul roi et malgré nous, nous
accomplissons sa volonté.
Il y a dans l'histoire de Esther quelque
chose de particulier. Tout le monde accomplie la volonté de D-ieu
mais Amman lui-même l'anti-thèse du peuple juif, va faire toute
l'histoire de Pourim.
C'est lui qui amène Esther au pouvoir, c'est
lui qui amène l'idée de tuer Vachti et plus tard il va donner
l'idée aussi de couronner Mordékhaï. C'est lui qui est l'invité
d'honneur du festin d'Esther. Amman a la valeur numérique de 95,
c'est la même que ''כס
יה''
''le trône de D-ieu'' qui se traduit plutôt par ''celui qui cache
le divin'', celui qui met en doute le trône de D-ieu en enlevant
le א du
mot ''כסא''
le trône.
Le monde devient manquant de l'unité divine. Il montre
que ce monde ne fonctionne que par le hasard. Nos maîtres appelle
Amman qui est le petit-fils de Amalek, le petit-fils du hasard.
L'histoire de la Méguila n'est superficiellement qu'une suite de
hasards. Mais en vérité, ce même Amman, ce ''כס
יה''
est le Roi, ''המלך''
qui a aussi la valeur numérique de 95. En réalité, même celui qui
pense caché D-ieu, réalise la volonté de D-ieu. Et nos maîtres
vont jusqu'à dire que ce qu'a fait la bague royale au doigt de
Amman, 48 prophètes et 7 prophétesses n'ont pu le faire. Il n'y a
pas eu plus grande unité dans le peuple d'Israël qu'au temps du
décret de Amman. On n'a jamais accepté la Torah comme nous l'avons
acceptée à l'époque de Ampeut-être man. Donc le Mal travaille
pour D-ieu aussi bien que le bien.
Il
faut arriver à Pourim à une situation où on ne sait plus qu'est-ce
qui travaille le mieux pour D-ieu! Est-ce MordékhaÏ ou bien Amman?
Lorsque l'on dit qu'il faut boire jusqu'à ce que l'on ne peut plus
distinguer entre Mordékhaï et Amman, cela veut dire que nous
arrivons à un niveau de perception où le bien et le mal se
confondent car allant dans une même direction, la réparation du
monde.
Il
y a quelque chose d'extraordinaire qui se passe à Pourim qui ne
s'est jamais passé avant. Les prophètes auparavant guidaient le
peuple afin de s'opposer au mal. À Pourim, il y a une autre voie qui
s'est révélée.
Esther a pris en considération le Mal. Elle rentre
à l'intérieur de la bouche du lion qu'est Amman. Elle travaille en
cachette, elle ne veut pas faire savoir qui elle est. En cachant son
origine, elle limite la présence divine qui elle-aussi se cache dans
tous les palais, se cache à travers tous les hommes qui réalisent
sa volonté divine.
Le Ramh'al dans Daat Tévounot explique dans le chapitre sur l'arbre de
la connaissance du bien et du mal ainsi: il y a un arbre du savoir,
la voie du savoir du bien et du mal qui passe par la perception du
bien et du mal que D-ieu a proposé au premier homme et qui se trouve
dans le Gan Eden. Et il y a une autre voie qui est la voie de la
soumission, la voie de la foi, l'arbre de la vie éternelle, la voie
de la vie avec D-ieu. Il y a aussi voie de la vie sans D-ieu, la voie
de l'expérience.
L'arbre de la connaissance est la voie de
l'expérience où l'homme expérimente sa vie et où il comprend tout
ce qu'il fait. Il comprend par son contraire, il comprend le bien par
le mal, la lumière par les ténèbres. Cette voie, c'est la voie que
le premier homme a pris et toute l'humanité après lui, c'est la
voie de la dialectique, la voie de la dualité, la voie de
l'expérience. Dans cette voie de l'arbre de la connaissance, il y a
une chose et son contraire. Car la compréhension ne peut se faire
que par une limite qui est son contraire. On ne saisit et donc on ne
limite une chose que par son contraire. Pour comprendre la vie, il y
a besoin de la mort. Dans cette voie de compréhension, la mort est
inéluctable. ''le jour où tu consommeras de cet arbre, tu
mourras''. En fait, tu vivras mais dans un niveau de perception où
la mort est sa limite. On rentre alors dans l'extase du plaisir et de
l'envie car cette vie n'a un sens que par cette mort. Donc, il faut
goûter chaque moment de notre vie comme s'il était le dernier
moment de notre vie. Il faut essayer de le capturer afin de ne pas le
laisser s'échapper. Tout fonctionne donc par son contraire et même
D-ieu va fonctionner ainsi, il va œuvrer au niveau de l'histoire par
rapport à l'arbre de la connaissance. En d'autres termes, Mordékhaï
ne peut être Mordékhaï sans Amman. Sans Parho, qui est Moshé
Rabbénou?
C'est cela le sens profond de ''viens vers Parho''. Même
Moshé Rabbénou a besoin de Parho pour se révéler. Pour sortir
d’Égypte, il faut un esclavage auparavant. Il faut passer par une
réalité que l'on appelle Parho, que l'on appelle le mal. Il y a une
réalité qui s'appelle l'écorce. C'est la raison pour laquelle il
faut parler de Ah'achvéroch et de Amman avant même Mordékhaï. Il
faut commencer la Méguila par le mal, par Ah'achvéroch, par Amman,
par le festin. Comme il est dit à propos du commencement de la
création, le monde était plongé dans le chaos, dans les ténèbres.
Ce n'est qu'après que la lumière est apparue. Ce n'est qu'après
que Essav soit sortie, que Yaacov a pu sortir saisissant son talon.
Il faut que Essav se révèle entièrement pour que se révèle
Yaacov. On a besoin donc du mal pour révéler le bien et donc, on a
besoin de Amman.
Après
la sortie d’Égypte, il y a eu la révélation sinaïtique et l'on
s'est séparé complètement de la perception de la dualité et donc
du mal. On était séparé de toutes les nations. Auparavant on était
dans le ventre des peuples, on était dans la capitale des nations.
Mais maintenant, nous sommes dans une dimension où seul D-ieu réside
et où le mal n'agit plus en nous. Cette dualité qui procède du
serpent et qui a confondu l'homme, a été interrompue avec la
révélation sinaïtique. Dès que D-ieu s'est révélé ''JE suis
Hachem...'', il n'y a plus donc la mort puisque la vie ne se perçoit
plus par son contraire.
Israël perçoit alors la vie réelle sans la
mort. Nous sommes revenus au niveau de la perception de l'arbre de la
vie éternelle. On ne recherche plus à comprendre, à saisir la
vérité par une chose et son contraire.
Puis on a échoué ce projet
de vivre la vie éternelle et la brisure des tables nous ramène à
la situation de deux tables et non pas d'une table unique.
Dans les
premières tables, il est écrit ''לוחת''
''louh'at'' au singulier et non pas ''לוחות''
''louh'ot'' au pluriel pour définir les tables.
Cela signifie que
les deux premières tables n'étaient qu'une seule table.
Alors qu'au
moment du deuxième don de la Torah, elles étaient devenues deux, il
y avait la droite et la gauche, les lumières et les ténèbres...
nous sommes revenus à la dualité et nous avons aussi une Torah de
la dualité, une Torah qui va réparer la dualité. Elle prend
conscience de cette dualité, elle prend en compte cette dualité.
Cette dualité est représentée par les 49 façons de rendre impur
en face des 49 façons de rendre pur. Contre les 49 degrés
d'impureté, il y a 49 degrés de pureté. Il y a des permissions et
des interdits. Nous vivons dans la confrontation pour réparer la
dualité grâce à la Torah.
Mais il y a une porte, la cinquantième
qui est la voie de la prophétie, la voie de l'unité que l'on
appelle la cinquantième porte.
Le Ramh'al dans Daat Tévounot dit
que ce que le premier homme a refusé d'accepter cette veille de
Shabbat à la fin du sixième jour, il va l'accepter à la fin du
sixième millénaire. Mais il va le recevoir par l'expérience. Il
finira l'expérience du monde et par cela il acceptera cette vérité
qu'il n'y a rien d'autre que D-ieu.
Mais pour le moment, il y a
beaucoup de lois que l'homme considère en dehors de D-ieu jusqu'à
ce qu'il comprenne la véritable cause de toutes ces lois. Il aurait
pu accepter directement ce principe qu'il n n'y a rien d'autre que
lui. Mais maintenant, l'homme va descendre dans une situation où il
va être confronté à l'expérience, une chose et son contraire. Par
exemple, on étudie un texte du Talmud, on l'analyse. C'est une
analyse logique mais en vérité il y a deux manières d'accepter une
Mitsva soit en l'acceptant telle qu'elle elle soit par l'expérience
c'est-à-dire avec une analyse, par une confrontation.
D'après le
Zohar et les maîtres de la Kabbala, le Talmud a été donné avec
les deuxièmes tables de la loi.
Dans les premières tables, il n'y
avait que les cinq livres de la Torah et d'autres maîtres rajoutent
le livre de Yéhochoua. Toute la dialectique, toute la confrontation,
toute la dualité se trouvent dans le Talmud. À savoir la logique
humaine, c'est l'arbre de la connaissance, la voie du savoir.
Donc la
Torah s'insère aussi après le veau d'or dans cette voie de la
connaissance du bien et du mal. Chaque chose va être analysée, il
va y avoir de nouvelles lois pour affermir ce qui a été dit au Mont
Sinaï.
Amman correspond à cette voie de l'arbre de la connaissance.
Pour Esther, il est mentionné « aster ester panim'' D-ieu cache sa
face.
C'est-à-dire que Esther correspond à une dissimulation, elle
dissimule son esprit, son nom, son origine, son savoir, sa faculté
cognitive car Esther ne fait que ce que Mordékhaï lui dit de faire.
Son savoir vient de la sagesse suprême, c'est cela le Yessod de
Abba.
Le Yessod de la H'okhma, Mordékhaï correspond à la H'okhma.
Le Ari Zal dit que le principe de la H'okhma à Pourim éclate tout
et atteint la royauté, cet aspect féminin que l'on appelle Esther.
Le א,
cette unité se révèle à Pourim à travers la dissimulation.
Esther est le contraire de Amman. Esther est considéré comme
l'arbre de la vie, c'est l'annulation, c'est l’annihilation.
Le
premier homme devait uniquement annuler son cerveau, son esprit, ses
pensées issues de la dualité. Il faut accepter, se soumettre.
Par
contre l'arbre de la connaissance c'est Amman!
C'est se présenter,
s'exposer, c'est un désir, une envie, c'est exprimer son envie, son
désir. Le fruit de l'arbre de la connaissance est un désir pour les
yeux. Il ne veut pas être un objet dans l'histoire, il veut être un
sujet. C'est ce que dit le serpent au premier homme « vous
deviendrez comme D-ieu», vous n'allez pas vous soumettre toute votre
vie! En prenant votre liberté, vous allez ressentir que vous êtes
des dieux. Amman s'autoproclame dieu.
Le Talmud demande: « où est
mentionné Amman dans la Torah?
Du verset AMMIN ahets azé, est-ce de
cet arbre de la connaissance qu'il vous a interdit de manger?»
Amman
est une question sans réponse « est-ce de cet arbre?».
Amman a
construit un arbre de cinquante coudées que sa femme Zérech lui a
conseillé de faire, le côté féminin du Mal. Et sur cette arbre,
il faut pendre Mordékhaï. Il y a un niveau où le mal n'a pas accès
car tout principe du mal peut se confronter à n'importe quel
principe du bien.
D'après la Kabbala, lorsque l'on dit ''ceci en
parallèle à cela'' dans l'expérience humaine, il y a toujours un
parallèle mais il y a un élément qui échappe au mal, c'est le
Kéter, la couronne, c'est la souveraineté, c'est la direction.
Amman et aussi Ah'achvéroch parlent de la direction, d'en être le
moteur et de vouloir par cela diriger le monde. Ils veulent atteindre
le cinquantième degré, ils veulent amener la puissance terrestre
par la bague, ''טבעת''
qui est le symbole de la puissance de la nature, du ''טבע''
au niveau du divin. Celui qui domine la nature par la science ou par
la force est celui qui dirige le monde, et celui-ci est Amman. Mais
il y a un degré qui jusqu'à présent leur échappait.
Le Zohar
lorsqu'il parle de ''l'autre côté'', du principe du mal, il le
nomme ''un royaume sans couronne''. En fait Amman veut prendre la
place de Ah'achvéroch. Lorsque le ROI (D-ieu) n'arrivait pas à
dormir, il a fait convoqué Amman et lui a demandé: « que faire à
celui qui est l'aimé du ROI?» Amman pensant qu'il parlait de lui,
lui a demandé alors de lui donner sa couronne. À la fin, c'est
Mordékhaï qui va prendre la couronne du ROI.
Le
peuple juif dérangeait Amman. Il a présenté ce peuple à
Ah'achvéroch ainsi: « il y a un peuple ''Yechno Am ''» il y a un
peuple dont le D-ieu dort 'Yochen''' cela veut dire que ce peuple est
en exil et il a perdu la protection de son D-ieu qui ne se réveille
qu'en terre d'Israël. Amman était un grand théologien, il avait
une idée sur la cosmogonie du monde, il avait une idée sur la
théogonie, sur la création du monde. Il avait une idée aussi sur
la place du mal dans le monde. Amman correspondait à ce principe qui
nous amène à l'incertitude où tout est remis en question. Car
lorsqu'une chose est établie, il y a forcément son contraire.
Le
Ramh'al dit que le contraire de D-ieu qui est le Mal, n'est rien
d'autre que D-ieu lui-même. En d'autres termes, D-ieu est tout et
est UN.
La notion de l'unité chez le Ramh'al, donne la souveraineté
à D-ieu dans toute la direction et dans toute l'histoire.
Cependant
le Mal est la pierre d'achoppement qui remet en cause l'unité de la
divinité où plutôt la justice divine. Le mal ne remet pas en cause
le divin mais la conduite de la justice. '' Pourquoi le juste
souffrirait-il?
Pourquoi le mécréant serait-il heureux?
Donc s'il y
a un D-ieu de justice, il ne devrait pas avoir de Mal, il ne devrait
pas y avoir le Mécréant ou bien le juste qui souffre!
Le Roi Shlomo
a dit: « le juste et le mécréant disparaîtront en un moment, par
hasard». Ce hasard c'est Amman. Il n'existe pas de certitude, une
fois c'est le bien, une fois c'est le mal. Il n'y a donc pas une voie
déterminée. On est dans l'indéterminisme.
Le
Ramh'al explique que celui qui veut guérir une plaie complètement,
il faut qu''il aille jusqu'à la racine du mal. Ainsi celui qui veut
se défaire du Mal, doit rechercher sa cause profonde. On parle ici
du Mal ontologique. Car sans cause, il n'y a pas d'effet. Quelle est
la racine et la cause du Mal?
C'est pour révéler l'unité car c'est
par la transformation de ce mal en bien, que son unité se dévoile.
En d'autres termes, il faut que Amman accomplisse la volonté de
D-ieu même lorsqu'il pense que c'est le contraire de sa volonté car
en vérité c'est sa volonté et par ce Mal, D-ieu va se révéler.
Il faut donc cette inversion, ce 14 Addar qui devait être un jour de
destruction devienne une fête.
Qui révèle cette fête?
C'est
Amman, c'est le Mal qui va la révéler car c'est lui qui va amener
Esther au pouvoir, c'est lui qui va amener Mordékhaï au pouvoir.
Cette bague que va recevoir Mordékhaï qu'il prend de la main de
Amman, il va l'utiliser pour inverser le Mal et le rendre Bien.
Moshé
Rabbénou a travailler dans une autre voie, il s'opposait au Mal ou
plutôt s'éloignait du Mal.
Esther va faire quelque chose qui est
apparemment le contraire de tout raisonnement logique. Esther s'est
rapprochée de Amman en l'invitant à son festin. Elle voulait le
séduire pour rendre jaloux Ah'achvéroch et par son don de soi, elle
va réussir à faire tuer Amman. ''Que viennent le ROI et Amman
aujourd'hui'' ''יבא
המלך והמן היום'', explique que dans ce verset, il y a le mystère de toute
l'existence et de la réalité du monde.
Les initiales de ce verset
forent le nom du tétragramme ''י.ה.ו.ה''
ce nom définie que D-ieu est toute l'existence dans le passé, dans
le présent et dans le futur: ''j'étais, je suis et je serais''.
C'est toute la réalité de l'histoire et Amman a sa place aussi dans
l'histoire.
Amman est avec D-ieu pour nous dire que toute l'histoire
est l'accomplissement de la volonté de D-ieu. Dans ce programme
universel, le Mal a une place, il est au service de D-ieu et il
travaille autant si ce n'est pas plus que le Bien. Amman travaille
autant que Mordékhaï.
Et c'est dans la tête qui est imperceptible
et qui s'appelle la Radla que se trouve le plan inconnaissable où il
n'y a pas de différence entre Mordékhaï et Amman.
C'est ce que le
Talmud dit: « il faut tellement se saouler jusqu'à ne plus
différencier entre ''béni soit Mordékhaï'' et ''maudit soi
Amman'' jusqu'à arriver à cette cinquantième porte, jusqu'à cette
tête qui donne une place à chacun dans la réalité de la
réparation universelle mais un est mécréant et l'autre est juste
et ces deux côtés se révèlent ensemble. Mordékhaï ne peut
exister sans Amman dans le plan divin. On a besoin du serpent pour
révéler le premier homme.
Beaucoup
de gens pensent que D-ieu dirige le monde par la justice mais en
vérité ce n'est pas sa direction essentielle. Le but de la
création, la direction essentielle est la conduite vers l'unité. Le
but essentiel n'est pas de faire la justice, ce n'est pas de donner
dans ce monde le bonheur aux justes et le malheur aux mécréants car
nous voyons le contraire dans ce monde. En fait D-ieu veut réparer
le monde, il veut l'amener à la perfection, il veut le préparer à
recevoir l'unité, il veut le préparer à la révélation de
l'unité.
Et pour cela, D-ieu répartie la réparation du monde aux
âmes. Il y a une distribution des fonctions, chacun a une place dans
le monde, même Amman a sa place.
En vérité, le Mal n'est ressenti
que lorsqu'il est déconnecté de ce programme universel. Et
lorsqu'il revient dans le programme, ce mal alors se transforme en
bien mais si l'homme se sépare du programme alors ce Mal est perçu
comme une destruction.
Rabbi Akiba dit que en vérité tout est bien
et même au moment de sa mort, il souriait! Ses élèves étaient
dérangés par ce sourire et même Moshé Rabbénou était dérangé!
« C'est cela la Torah? C'est cela son salaire?» car Moshé Rabbénou
est le maître de la justice qui veut révéler le D-ieu de la
justice. D-ieu demande à Moshé de se taire car « ainsi il est
monté dans ma pensée suprême».
Le Ari Zal explique ce verset
ainsi: « lui, Rabbi Akiba est monté dans mon esprit» il est monté
dans cette ''tête'' que l'on appelle la ''tête inconnaissable''.
Dans la ''tête inconnaissable'' où tout est bien où plutôt où
tout est pour la réparation. Ce que voit Moshé Rabbénou, c'est le
nœud des ''Téphilin'' de D-ieu, disent nos maîtres. Il voit la
dualité, le bien dans la dualité, ce bien qui est défini par le
Mal, dont sa limite est le Mal. Moshé est là pour réparer l'arbre
de la connaissance. Il veut donner une réponse au serpent. Moshé
doit saisir le serpent pour le convertir à la voie du divin.
Cependant il a peur du serpent, il a peur de Parho, il s'éloigne
alors du mal.
Esther,
elle, invite le serpent car il faut être rusé comme lui. Il faut
aller à la tête du serpent, il faut aller à la racine du Mal, à
la cause de la dualité. Si l'on veut réparer le monde par la voie
de la Justice, on ne pourra jamais réparer le Mal. Il faut aller
dans la dimension du contraire et percevoir que ce contraire n'est
rien d'autre que lui.
Mordékhaï
a rassemblé tous les juifs et ils ont jeûné le jour même de
Pessah', le jour même de la délivrance, le jour de la rédemption.
Ce jour-là, Mordékhaï a transgressé le commandement positif de
manger la Matsa, le 15 Nissan.
Cette libération, nous la
transformons en deuil afin que D-ieu la transforme en libération et
en rédemption. Ce jour de deuil est devenu un jour d'allégresse
disent nos maîtres. Mais il fallait commencer par le contraire. Il
fallait que Esther entre dans la gueule du lion. À ce moment, il va
se passer quelque chose d'extraordinaire,
Pessah qui est le jour de la délivrance divine devient le deuil
d'Israël qui va devenir lui-même la rédemption totale du peuple
d'Israël. Car par cette perception du contraire qui va être le
moteur de la rédemption, on ressent au plus profond de nous qu'il
n'y a rien d'autre que lui. Et c'est seulement la cinquantième porte
qui permet cette union des contraires, qui permet la transformation
du Mal en Bien. Il faut revenir à l'origine et l'origine du Mal
c'est le Bien car il n'y a pas de Mal sans le Bien. Le Mal ne se
révèle qu'en tant qu'absence du Bien. Mais cette réalité qui
s'appelle ''Mal'', si nous l'amenons à la cinquantième porte,
Amman, il faut le pendre à la potence de 50 coudées, alors,
celui-ci devient pareil à Mordékhaï. Pour cela la valeur numérique
de ''ברוך
מרדכי''
est la même que ''ארור
המן''.
Il faut arriver à confondre Mordékaï et Aman jusqu'à ne plus les
reconnaître. Il y a une cinquantième porte qui s'ouvre à Pourim où
tout devient UN. Il y a alors cette unité qui se révèle grâce à
l'union des contraires. La couronne qui devait revenir à Amman va
maintenant sur la tête de Mordékhaï. Il y a une transformation du
Mal en Bien. Cette transformation ne se trouve que dans cette tête
inconnaissable.
«
et le juste et le mécréant tu les tues en même temps» dit le roi
Shlomo, il n'y a pas de différence, c'est le hasard. C'est ce que
dit Amman. Mais c'est ce que nous ressentons aussi au fond de nous.
Le plan divin qui est au niveau de la tête inconnaissable, la Radla,
est imperméable. Il a déjà distribué les fonctions.
Pourquoi
Rabbi Ellazar doit souffrir de faim?
Car il a reçu une fonction, il
a une tâche à accomplir afin de réparer ce monde par la famine. Et
même lorsque Rabbi Ellazar demande à manger à D-ieu, sa fonction
ne peut être changée si ce n'est qu'il faudrait recréer le monde
car tout est fixé dans cette tête inconnaissable depuis le début
de la création. Et donc selon la distribution, il existe le juste
qui souffre et le mécréant qui est heureux. Mais selon la voie de
la justice, cela n'est pas concevable. Comment un mécréant peut-il
expérimenter le bonheur? Et donc où est D-ieu? Pourquoi ces enfants
doivent-ils mourir?
Dans la voie de la justice, nous voyons que c'est
la force du Mal qui domine. Chacun ressent alors la possibilité de
prendre le pouvoir et de tuer pour faire la justice comme Amman ou
même Hitler. Apparemment, D-ieu crée cette incertitude puisqu'il a
basé tout le plan de la direction divine non pas sur la justice
comme on veut le comprendre mais sur cette tête inconnaissable où
l'on ne comprend pas. Cette voie de l'incompréhension donne une
place à la foi, mettre notre confiance en D-ieu, faire confiance à
la réparation du monde. À ce niveau, il ne s'agit pas de Daat, de
connaissance cognitive car cela ne peut être perçu par la
connaissance cognitive. À Pourim, il faut arriver à cette situation
'' jusqu'à ne plus connaître'', jusqu'à ne plus rien comprendre,
arrêter de comprendre de cette compréhension cognitive issue des
contraires. À Pessah' on jeûne!!!! cela n'est pas compréhensible
et pourtant c'est par cette incompréhension que la délivrance, que
la rédemption est venue.
Mordékhaï qui met les habits d'un roi et
Amman les habits du grand prêtre, l'un qui prend la place de
l'autre, c'est cela la dimension de Pourim. Amman ''המן''
a la même valeur numérique de 95 que ''המלך''
le roi. Il exprime le ROI, c'est-à-dire D-ieu mais il n'en est pas
conscient comme le serpent qui est inconscient de sa tâche dans le
monde.
Amman est celui qui tient les rênes du cheval de Mordékhaï,
celui qui sert le juste. Le serpent a amené la voie de la ruse et de
la dualité. Nos maîtres s'expriment sur le serpent et sur tous les
mécréants ''dommage pour ce serviteur'' car en vérité, si l'homme
soumet la faculté cognitive (qui raisonne dans la dualité et selon
la dualité) à la foi, alors ce serpent peut être ton serviteur. Il
peut te servir dans ton élévation, dans cette vision de ''il n'y a
rien d'autre que lui'' où même son contraire est lui. C'est pour
cela que le nom de D-ieu n'est pas mentionné dans la Meguila
Seul
le nom de Amman est mentionné « Que le roi avec Amman vienne
aujourd'hui» ''י.ה.ו.ה''
il n'y a qu'une seule réalité que D-ieu veut montrer. Non seulement
que le Mal est soumis à D-ieu mais qu'il n'est que volonté divine.
Mais si l'homme sépare cette volonté de ce plan divin, alors dans
ce cas-là, le Mal devient mauvais et il est synonyme de destruction.
C'est pour cela que nos maîtres disent ''dommage pour ce
serviteur''. Le Mal doit être au service du Bien. Le Mal est
l'envie, le plaisir comme il est dit à propos du fruit de l'arbre de
la connaissance ''c'est un plaisir pour les yeux'' qui signifie que
toute cette approche intellectuelle est un plaisir, un désir de se
rattacher. Comprendre est une sorte d'unification avec la chose
désirée. En fait ce désir existe et se trouve dans le serpent.
C'est un plaisir qui se révèle lorsque l'homme veut se
singulariser. Amman veut devenir un être unique alors que Esther est
le contraire, elle se dissimule, elle se cache, elle ne dévoile rien
de sa personnalité. Ce qui veut se distinguer dans l'homme est ce
désir issu du serpent. Par cette personnification, par ce culte de
l'ego, le Mal issue de la dualité prend forme en tant que
souffrance. Le serpent comme le Mal nous donne une certaine
autonomie, une distinction. Mais dans l'arbre de vie, cette
distinction n'est qu'une confusion. Le premier homme devait s'annuler
et se confondre avec D-ieu et donc se soumettre. Alors que dans
l'arbre de la connaissance, l'homme raisonne, domine, existe et ne se
soumet à D'ieu que par le raisonnement en repoussant le Mal qui
existe déjà en tant que mal. Et ainsi, il ne s'annule pas, au
contraire, il se singularise.
Au
moment de l’acceptation de la Torah par amour à Pourim, la dualité
a disparue. Elle est devenue une totalité où nous n'avons aucune
part particulière dedans. À Pourim se révèle le principe de
l'amour dit le Ari Zal, le Yessod de Abba. C'est le principe de
l'union qui se révèle. À aucune autre fête se révèle cette
émanation car pour avoir cette révélation, il faut une totalité,
il faut intégrer le Mal. Car si nous ne nous annulons pas
complètement car cela nous fait peur, alors nous ne sommes pas
entiers, nous ne sommes pas complets. « Que le Roi vienne avec
Amman» dans ce cas, il n'y a plus rien d'autre que D-ieu. Mais il y
a une partie de nous qui ne veut pas intégrer le tout, il y a un
raisonnement, une envie qui m'empêche de me fondre au tout. À
Pourim, le peuple d'Israël a atteint de la manière la plus totale
l'unité de « il n'y a rien d'autre que lui».
Rav Mordékhaï Chriqui (5776)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
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